Les médias ont presque unanimement salué la Ville d’Arcachon qui vient d’« offrir » à ses habitants un accès « gratuit » à ChatGPT, cet « agent conversationnel » fondé sur l’intelligence artificielle. Une première en France qui vise à réduire la « fracture numérique » au sein d’une commune qui compte 60 % de personnes âgées de plus de 60 ans (Franceinfo, 26 octobre 2024).
Les panneaux de la Ville claironnent comme le site officiel : « La Ville vous offre l’intelligence artificielle ». Profitant de l’aubaine, plus de 1.000 Arcachonnais ont déjà réclamé un code d’accès gratuit qui leur permet d’éviter de devoir débourser 22 à 24 euros d’abonnement mensuel.
Malheureusement, « il n’y a pas de repas gratuit dans la vie », car il faut bien que la « gratuité » soit payée par quelqu’un. La Ville a officiellement estimé le coût de l’opération à 10.000 € par an, mais tous les frais ont-ils été comptabilisés ? Nous nous permettons d’en douter.
Quoi qu’il en soit, on se rappellera, pour paraphraser l’économiste Frédéric Bastiat, que l’État n’est pas manchot : quand il vous donne de la main droite, c’est qu’il vous a déjà pris de la main gauche et qu’il vous a pris plus du fait de ses frais de fonctionnement… En l’espèce, la « gratuité » de ChatGPT, c’est ce qu’on voit ; le fait qu’elle se trouve payée par le contribuable, c’est ce qu’on ne voit pas.
L’opération de la Ville d’Arcachon servira-t-elle à quelque chose, au-delà du coup de communication ? Là encore, il est permis ‘en douter. La « gratuité » sera-t-elle institutionnalisée ou fera-t-elle long feu ? Les habitants, surtout les plus âgés, se serviront-ils de ChatGPT s’ils n’ont pas de culture numérique et s’ils ne se servent pas des outils de recherche en ligne ? Sans compter le fait que les données produites par ChatGPT posent des problèmes de fiabilité et de confidentialité des données.
Mais il y a beaucoup plus grave : cette affaire démontre que l’État-nounou, qui déresponsabilise les individus, n’est pas le monopole de l’État central et qu’il se rencontre aussi puissamment au niveau local, même en temps de crise budgétaire.
6 commentaires
Lors d’une consultation du CESE j’avais proposé que l’on interdise aux pouvoirs publiques l’expression « c’est gratuit » et qu’on la remplace par « c’est payé par le contribuable ». J’ai été contacté par une agence payée par le CESE pour commenter ma proposition qui avait été retenue car soutenue par une majorité. En est sortit un document très « professionnel » noyant consciencieusement l’idée simple dans un galimatias de sois disant commentaires et réflexions.
… et voila le résultat !
La ville d’Arcachon aurait du afficher: « Les contribuables vous offrent… ». Est ce si compliqué?
Toutes conversations avec aides vocale ect.. sont surveillées par des milliers personnes en Europe!Vous est pistés!
certes…. mais ..alors on ne peut pas dénoncer QUE cela..sauf à dire..un vol de plus est inacceptable..mais les autres ça va..
est ce que ça rend un service dit public pour TOUS les habitants..
on va vous dire oui car ils y ont toujours « potentiellement » accès…
ce service est il « utile » ..incontestable?
Quand c’est gratuit, c’est vous le produit…
Etonnement : j’utilise ChatGPT sans abonnement ni aucun frais, il suffit de s’inscrire et de limiter ses demandes à 3 par jour, ce qui me semble suffisant pour un particulier. Ceux qui vont réellement en profiter me semblent plutôt être des professionnels de l’informatique qui ont plus de besoins et pour qui ce sera un effet d’aubaine. Encore un exemple de la gestion désastreuse de l’argent des contribuables, quel que soit le niveau administratif. Un coup de pub de la mairie aus frais de ses propres administrés.
Quelle curieuse idée ! Il faut laisser à chacun la liberté d’utiliser en payant ce moyen de renseignement, car ce n’est rien d’autre. Pourquoi vouloir le favoriser à tout prix, si je puis dire, comme si brusquement c’était devenu le must, le truc à la mode en tête de gondole?