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Non, Monsieur Piketty, l’imposition des « riches » n’est pas un « débat politique », c’est un « débat juridique » !

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L’état piteux de nos finances publiques n’intéresse généralement pas du tout les économistes néo-marxistes. Les raisons invoquées tiennent au fait que le problème n’est pas grave ou pas si grave, qu’en tout état de cause il suffira d’effacer la dette et qu’en dernier ressort il suffira de ponctionner les « riches » (sans que l’on sache ce que recouvre ce vocable).

Le concours Lépine de la plus grande spoliation

Le débat lancinant sur nos finances actuelles présente aux yeux des économistes d’extrême gauche une immense vertu : relancer la machine fiscale. En effet, disent-ils, les « riches » ne payent pas assez d’impôts, la progressivité n’est pas assez affirmée, l’évasion et la fraude fiscales (toujours confondues alors que, rappelons-le, l’évasion est par principe légale) ne sont pas assez combattues et ce, alors même que les « inégalités » explosent, que la « justice fiscale » est aux abonnés absents, que les services publics se délitent, que « l’égalité des chances » régresse.

Le concours Lépine des économistes à la gauche de la gauche pour spolier les « riches » est lancé. Le toujours modéré Alternatives économiques (« Budget 2025 : l’austérité pour tous plutôt que les hausses d’impôts pour les riches », 11 octobre 2024) cite Gabriel Zucman, l’un des signataires principaux de la tribune des économistes en faveur du Nouveau Front Populaire parue avant les dernières élections législatives (ce qui classe son homme). « On pourrait par exemple dire que les contribuables avec plus de 50 ou de 100 millions de patrimoine devraient payer en impôt sur le revenu l’équivalent d’au moins 2 % de leur fortune. Cet impôt rapporterait 15 à 25 milliards » d’euros chaque année.

Toutefois, Gabriel Zucman se trouve concurrencé par l’inévitable Thomas Piketty. Dans sa dernière chronique au Monde (12 octobre 2024), le néo-communiste expose qu’il « suffirait d’une taxe exceptionnelle de 10 % (sur l’enrichissement depuis 2010) sur les 500 plus grandes fortunes de France pour rapporter 100 milliards d’euros, c’est-à-dire autant que la totalité des coupes budgétaires envisagées par le gouvernement pour les trois prochaines années ». Facile ! Encore mieux, « Une taxe exceptionnelle de 20 %, qui resterait très modérée, rapporterait 200 milliards et permettrait autant de dépenses supplémentaires ».

Tout est tellement simple avec les gauchistes… Nous écarterons les considérations utilitaristes (les « riches » fuiront, ils frauderont plus, l’économie française sera atone de manière accrue…), aussi intéressantes soient-elles, pour privilégier comme de coutume des raisons de principe.

L’imposition des « riches », un débat politique, vraiment ?

C’est le titre de la chronique qui retient tout particulièrement l’attention : « L’imposition des milliardaires est un débat politique et non juridique », prétend Thomas Piketty. En effet, pour les hommes de gauche prononcée, tout est politique, mais ils ont tort. L’imposition des « riches » est un débat juridique, c’est un débat en termes de droits de l’homme, car l’imposition de tous, riches ou pauvres, porte sur la question de la nature de l’impôt.

Nous ne le répèterons jamais assez : par principe, l’argent gagné par un individu lui appartient, comme son patrimoine ; il n’appartient pas à l’État et à ses séides. L’impôt se définit classiquement comme le coût du service rendu par la puissance publique. Malheureusement, cette conception a fait place depuis le tournant des XIXe-XXe siècles à une autre conception, celle selon laquelle l’impôt a pour but premier de lutter contre les « inégalités » et de faire régner la « justice sociale ».

Des propositions arbitraires

Les Français envieux et versés dans l’égalitarisme se réjouiront de la taxation des plus riches. Que leur importe que les plus aisés payent une part importante d’impôt sur les revenus ou qu’ils soient soumis à des prélèvements élevés sur leur patrimoine, ils ne se sentent pas concernés ! Les voisins paieront !

Mais ce dont ces inconscients ne se rendent pas compte, c’est qu’il s’agit d’arbitraire et que rien ne dit qu’un jour ils ne soient pas touchés par des règles fiscales plus sévères. Gabriel Zucman parle d’une taxe de 2 % de la fortune des contribuables dont le patrimoine est supérieur à 50 ou 100 millions (ce qui va déjà du simple au double : un point de détail !). Mais pourquoi seulement 2 % et pas 3 ou 10 ? Pourquoi un patrimoine de 50 millions et pas 25 ou 5, ou 1 million ou même 500.000 euros ? Thomas Piketty parle d’une « taxe exceptionnelle » de 10 ou 20 % (là encore du simple au double !) sur l’enrichissement depuis 2010 des 500 plus grandes fortunes françaises. Mais pourquoi (si ce n’est pour des motifs de scientificité prétendue) prendre en considération l’année 2010 et pas 2015 ou 2005 ? Pourquoi 10 ou 20 % et pas 15 ou 25 % (nous laisserons de côté, comme Thomas Piketty, les aspects constitutionnels sauf que lui ne semble pas s’en rendre compte) ? Pourquoi les 500 plus riches et pas les 1.000 ou les 10.000, ou les 100.000 ou même les 2.000.000 ? Il n’y a aucune limite, ce qui est le propre de l’arbitraire.

Les propositions de Thomas Piketty ne sont pas autre chose qu’une spoliation déguisée. Autrement dit, c’est du vol. Et ce qu’un individu n’a pas le droit de faire, l’État n’en a pas plus le droit.

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