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De Jean-Luc Mélenchon à Jean-Luc Mélangeons : la « créolisation » antilibérale de la France

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Jean-Luc Mélenchon a ajouté une nouvelle pierre à l’édifice de ce qu’il appelle la « nouvelle France », dont nous avions parlé début août. Il opposait alors cette expression à la « France raciste » du Rassemblement national et au mythique « grand remplacement » cher à Eric Zemmour. La « nouvelle France » était décrite comme la France « métissée », « mélangée », « créolisée » pour reprendre l’expression du poète de gauche Edouard Glissant. En pratique, elle se composait de trois catégories : les « populations racisées », féminines et jeunes.

Le 23 août, il déclarait : « La nouvelle France est créole ». C’est cette idée qu’il développe dans une tribune à portée philosophique dans Le Nouvel Obs (« Jean-Luc Mélenchon sur la « créolisation » : « La France traditionnelle est une France diminuée » », 3 octobre 2024).

L’objectif du fondateur de La France Insoumise est explicitement de « dépasser l’opposition entre universalisme abstrait et différentialisme figé ». La « créolisation, explique-t-il, est un fait social humain spontané ». Que nos lecteurs ne croient pas pour autant que le Lider Maximo se soit converti à l’ordre spontané cher aux libéraux autrichiens ! Tant la « créolisation » que la « nouvelle France » sont décrits comme des phénomènes culturels anti-individualistes, donc collectifs, tout à la fois volontaires (construits) et involontaires, dans tous les cas incontournables.

Nous supposerons que nos lecteurs seront édifiés de savoir que Jean-Luc Mélenchon ridiculise les « élucubrations de Bruno Retailleau sur les improbables racines judéo-chrétiennes de l’identité française ». Nous supposerons également que l’expression « improbables racines judéo-chrétiennes » passera comme une lettre à la poste auprès de nos médias et que nul n’y verra une quelconque provocation, encore moins des mots à visée antisémite. Aurait-il fallu que le nouveau ministre de l’Intérieur se penchât sur les « racines arabo-musulmanes » de notre pays ? Quoi qu’il en soit, nous nous doutons bien de la réaction du microcosme parisien si un membre du Rassemblement national avait lancé que la France n’avait pas de racines judéo-chrétiennes…

Nous insisterons particulièrement sur le lien entre la « créolisation » de la France, le processus institutionnel souhaité par LFI et l’antilibéralisme.

Tout le monde sait que le fondateur des Insoumis aspire à une VIe République par le truchement d’une assemblée constituante pour mettre en place un régime de type bolivarien. L’article du Nouvel Obs permet encore de mieux comprendre le danger mortel recelé par les vues institutionnelles de Jean-Luc Mélenchon. « La rédaction d’une nouvelle Constitution, précise-t-il, est un exercice d’autodéfinition du peuple de la nouvelle France ». Ce serait donc la Constitution qui ferait éclater au grand jour ce qu’est véritablement le peuple de France (et non pas le peuple français…), à savoir la France « de l’urbanité accomplie, des femmes égales aux hommes et des droits individuels nouveaux ». Traduisons : la République mélenchonienne sera celle des personnes issues de l’immigration, des femmes et des jeunes, donc de ceux qui auront préalablement porté au pouvoir le guide suprême.

La « nouvelle France » créolisée s’affirme explicitement antilibérale à deux reprises : contrairement à ce que pensait Margaret Thatcher, la société existe indépendamment des individus, lesquels sont des « êtres socio-culturellement interdépendants ». Nous retrouvons ici la critique tout aussi classique que controuvée selon laquelle les individus seraient pour les libéraux des monades isolées. Par ailleurs, la « créolisation » et la « nouvelle France » seraient des processus culturels, à l’encontre du « matérialisme rudimentaire propre au catéchisme libéral ». Une critique là encore traditionnelle, mais rejetée par les libéraux qui n’ont guère eu à cogiter pour constater combien le marxisme était lié au matérialisme et qui précédemment (pensons au grand discours de Tocqueville contre le « droit au travail » en 1848) éreintaient le socialisme en raison de son matérialisme éhonté.

En substance, la « créolisation » chère à Jean-Luc Mélenchon est un élément de son puzzle antilibéral et a minima autoritaire. Nul ne pourra dire qu’il n’était pas avisé.

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