La Cour des comptes a fait paraître le 29 juillet dernier un rapport dans lequel elle épingle l’Élysée pour ses dépenses record de 2023 : « Au terme de l’exercice 2023, les produits retracés dans le compte de résultat se sont établis à 117,2 M€ et les charges à 125,5 M€ (contre respectivement 110 M€ et 109,8 M€ en 2022). Le résultat comptable est donc déficitaire de 8,3 M€ alors qu’il était excédentaire en 2022 (0,3 M€). » Les charges de 2023 représentent une hausse de 14% par rapport à 2022. Et encore ce chiffre semble être quelque peu sous-évalué puisqu’il y aurait selon l’ancien député et spécialiste des finances publiques René Dosière une dizaine de millions d’euros qui relèvent actuellement des budgets ministériels et qui devraient bien plutôt entrer dans le budget présidentiel. (Une réaffectation budgétaire qui n’aurait certes pas d’incidence sur le montant global de la dépense publique.)
Comment expliquer une telle augmentation des dépenses de l’Élysée ? Déjà par le nombre important de déplacements du président : à titre d’exemple, la délégation a eu recours pour la visite d’État en Chine en avril 2023 à deux Airbus A330 (l’avion présidentiel le plus coûteux) et 50 voitures. La Cour évoque ensuite les réceptions de chefs d’État et de personnalités qui ont eu lieu au palais présidentiel : 171 en 2023 (contre 146 en 2019). On se souvient notamment des fastueux dîners organisés lorsque furent reçus le Premier ministre indien Narendra Modi et le roi d’Angleterre Charles III, qui ont coûté respectivement 412 000 et 474 000 euros.
« Au fond, a déclaré René Dosière au magazine Le Point, Emmanuel Macron a tendance à se comporter comme Nicolas Sarkozy, dont on avait critiqué en son temps les dépenses ostentatoires ». « Le budget de l’Élysée, poursuit-il, doit être exemplaire et ce rapport montre qu’il ne l’est pas ». On se rappelle qu’Emmanuel Macron avait demandé aux Français en 2022, compte tenu des temps difficiles, des « efforts » et « sacrifices ». Peut-être pourrait-il déjà lui-même donner l’exemple en veillant à ce que les dépenses de l’Élysée soient ramenées à un niveau plus acceptable pour le contribuable. Ce qui pourrait et devrait même être le prélude d’un abaissement substantiel des dépenses publiques dont notre pays a le plus grand besoin, à travers la réalisation d’économies dans le budget de l’État, de la Sécurité sociale et des collectivités territoriales.