La France a basculé lundi dans la confusion et l’instabilité, au vu des résultats au second tour des législatives qui donnent un Parlement éclaté entre trois blocs antagonistes, RN, Nouveau Front populaire (socialistes, écolos, communistes et LFI) et Ensemble (coalition macroniste, dont il convient de noter qu’elle s’est désisté à 21 reprises au profit de LFI, à rebours du discours de l’Elysée qui prétendait mettre sur le même plan l’extrême gauche et l’extrême droite) tous éloignés de la majorité avec 140 à 190 députés sur 577. La gauche a toutefois assuré qu’elle proposera « dans la semaine » un nom pour Matignon, où Gabriel Attal, qui a présenté sa démission, a été maintenu « pour le moment » par le président de la République pour « assurer la stabilité du pays », notamment en raison des JO.
Aucun camp n’étant en mesure de gouverner seul, les scénarios semblent être au nombre de trois, dont aucun n’est très convaincant : l’Elysée pourrait désigner un Premier ministre capable de rassembler une coalition forte de 289 députés tout en excluant LFI, ce qui passe forcément, selon l’arithmétique de l’heure, par une alliance entre les socialistes (65 députés), les écologistes (33), le camp macroniste (168) et LR (68). Un attelage plus qu’hétéroclite et aux positions antagonistes sur l’immigration, l’Etat providence, la fiscalité, l’agriculture, l’industrie, Gaza. Il faudrait aussi que socialistes et écologistes trahissent leur partenaire LFI, ce qui n’a pas l’air d’être à l’ordre du jour.
Deuxième solution, un gouvernement clairement minoritaire, sans doute à gauche et au centre, misant sur l’abstention d’une partie de son opposition pour faire passer ses projets… sauf qu’il serait sous la menace de motions de censure à répétition. En effet, les députés hésitent généralement à censurer un gouvernement seulement par peur de la dissolution de l’Assemblée nationale qui s’ensuivrait pour régler cette impasse institutionnelle. Or, toute dissolution est impossible durant un an selon l’article 12 de la Constitution. Se profilent donc des chutes de gouvernement en cascade, comme sous la Quatrième République, sauf si RN, LR et LFI rechignent à censurer ensemble, ce qui semble peu probable.
Troisième possibilité, un gouvernement de « technocrates » sans affiliation partisane, mais qui aurait le double et grave inconvénient de donner encore plus de pouvoir à la haute administration, dans un pays où cette dernière détient déjà la plupart des leviers de pouvoirs, et de voir des non élus faire de la politique, puisque toute décision d’un gouvernement renvoie à des conceptions politiques. Certains font valoir qu’une coalition entre la gauche et la droite ne devrait pas être si difficile que ça à monter puisque c’est ce qui se pratique dans de nombreux pays d’Europe du Nord et de l’Est. C’est oublier les antagonismes bien plus profonds en France, avec une extrême gauche, qui refuse frontalement l’économie de marché, bien plus puissante et dotée de score électoraux bien plus élevés qu’ailleurs, et une droite nationaliste aussi plus puissante qu’ailleurs. De même, une coalition centriste avec les écologistes en France semble moins concevable que, par exemple, en Allemagne, tant EELV affiche un anti capitalisme forcené.
2 commentaires
Peut-être que la première solution permettrait de faire la démonstration par l’absurde du programme LFI et amènerait les Français (et en particulier les jeunes générations) à comprendre la réalité d’une économie ouverte à la compétition internationale.
Mr Macron souhaitait (parait il) clarifier la situation politique la France.
Il l’ a plutôt mise à l’ombre pour un certain temps. Encore un temps de recul qui a déjà trop duré.
Changeons de personnel, mettons des dirigeants habitués à générer des résultats. Sauf à penser que la politique ne donne plus confiance.