La France consacre 3,4 points de PIB de plus que la moyenne des pays européens aux dépenses de retraites et de vieillesse. Les cotisations sont très élevées en France, près de 28% du salaire brut (contre18,4% en moyenne dans l’OCDE), pour des prestations qui représentent moins de 75% du dernier salaire en moyenne (ce qu’on appelle le taux de remplacement).
Pourtant, malgré des cotisations très supérieures, selon l’OCDE[1] le taux de remplacement des pensions est en France proche de la moyenne OCDE. Les pays qui ont anticipé les difficultés du système de répartition et qui ont adopté en partie plus ou moins significative un système de capitalisation demandent aux salariés des cotisations moindres et leur offrent des pensions supérieures, par exemple aux Pays-Bas où le taux de remplacement est de 96,9% ou au Danemark où il est de 123%. Les pays qui pratiquent la capitalisation sont d’autant plus dynamiques que l’argent collecté à ce titre par les fonds de pension sert en partie à financer leur économie.
Le passage de la répartition à la capitalisation n’est pas facile, mais il est possible progressivement. En effet, les retraites par capitalisation permettraient un rendement très supérieur. Selon une étude de l’Institut de l’Epargne Immobilière et Foncière, IEIF, édition 2024 « 40 ans de performances comparées », le taux de rendement annualisé sur les quarante dernières années a été de 12,4% pour les actions, de 9% pour les sociétés foncières et de 8% pour les OPCI avec une inflation moyenne de 2%.
En retenant, par prudence, un taux de rendement annuel limité à 8% sur 80 % seulement des fonds capitalisés et 2% sur les 20% restants, le taux de rendement moyen serait, dans la durée, de 6,8%. Après inflation de 2% et des frais de gestion de 1,6% par an, un rendement net, après inflation, de 3,2 % devrait pourvoir être obtenu. Ce taux paraît prudent eu égard au rendement technique obtenu par la caisse de retraites par capitalisation des fonctionnaires, la RAFP, qui était de 3,74% et qui a augmenté à 3,81% en 2023.
Imaginons donc un salarié commençant à travailler à 21 ans avec un salaire de 2 500€/mois qui va augmenter linéairement jusqu’à 4 000€/mois lorsqu’il aura 65 ans et qu’il prendra sa retraite. S’il place 20% chaque année de son salaire sur un compte retraite capitalisé à 3,2% par an en moyenne, il disposera à 65 ans d’un capital (en euros constants) de 686 400€. Ce capital placé à 3,2% pendant la durée moyenne de sa retraite, soit 22 ans, produirait une annuité constante de 45 840 € soit une mensualité de 3 820€, donc une pension mensuelle possible pour le retraité susvisé de 3 820€ correspondant à 95,5% de son dernier salaire après avoir cotisé 20% sur ses salaires au lieu des 28% qui sont prélevés en France sur les salaires bruts au titre d’une retraite par répartition qui ne délivre qu’une retraite égale au plus à 75% du dernier salaire.
16 commentaires
Qui est triste c est que les agriculteurs touche une retraite de misère en ayant cotisé ET travailler dure physique ET autres la plupart arriver à la retraite tellement user ne profitent pas car pas les moyens ou meurt perso travailler pdt 15 ans 100€ mon époux de 16 ans à 46 ans agriculteurs touche une retraite agricole de 356€ par mois esque celà est raisonnable NON car Une retraite complete est entre 700 € a 800€ dans le monde agricole
Au Canada aussi la retraite se fait par capitalisation et on est sûr à sa retraite de toucher un montant au moins équivalent à son salaire
Je suis entièrement d’accord avec ce que vous dites, mais voilà comment je vois les choses:
Si on envisage la répartition sous son véritable fondement, qui est malheureusement dévoyé, on peut la considérer comme une forme de capitalisation. C’est même le plus humain et naturel des systèmes de retraite par « capitalisation »!
En effet, n’est ce pas capitaliser que d’élever des enfants qui prendront soin de vous lorsque vous en aurez besoin ? Ce système est dévoyé, évidemment par la gauche, mais accepté par la droite la plus bête du monde. Il en resultent les problèmes actuels dus au fait que ceux qui n’ont pas capitalisé, c’est à dire pas élevé d’enfants, en profitent aussi!
Imagineriez vous un système par capitalisation qui bénéficierait même à ceux qui n’ont pas capitalisé?…bien sur que non.
Alors la solution s’impose d’elle même : réserver la répartition (que l’on pourrait rebaptiser capitalisation familiale) à ceux qui ont élevé des enfants, 1 enfant = 1/2 retraite, 2 enfants ou plus une retraite complète. Pour ceux qui n’ont pas elevé d’enfants il y a la capitalisation. L’harmonisation de ces deux systèmes n’est pas très compliquée mais prendrait trop de temps pour être développée. C’est de toutes façons beaucoup plus simple que le système actuel avec son déséquilibre et ses multiples régimes…
Autre avantage: l’incitation demographique et un système naturellement équilibré !
Certains diront « C’est trop simple, si c’était possible on l’aurait déjà fait « … air connu!
A savoir: élever un enfant coûte en moyenne 250000€… le voila le « capital »!
Une idée fort intéressante, en effet…
Mais qui pourrait avoir quelques travers étant donné le régime d’immigration qui est le nôtre. À combiner d’urgence avec une solide refonte du système d’octroi de la nationalité française, selon moi. Et la préférence nationale, cela va de soi.
On avait le meilleur système avant que les escrocs de la politique n’y mette la main dessus pour payer en même temps les fonctionnaires sans cotiser et aujourd’hui tous ce qui peut venir d’ailleurs. Aller vers la capitalisation comme seule retraite tout en conservant le régime obligatoire actuel pour payer la retraite de glandus du monde entier et pour finir elle sea meilleure que celle par capitalisation qui risque de nous passer sous le nez en cas de faillite provoquée ou pas et sans nul doute que les organismes collecteurs viendront avant tout d’ailleurs comme les USA par exemple qui profiterons de notre fric pour eux pendant que nous on pourra attendre des jours meilleurs.
Je pense que l’eau coulera longtemps encore sous nos ponts avant qu’un soupçon de capitalisation ne soit instillé dans nos retraites de base. L’état providence restera dans le déni, préférant continuer à alimenter sur le tonneau des Danaïdes sur notre dos plutôt que renoncer à une once de pouvoir sur le bon “populo”
L’eau coulera encore longtemps sous nos ponts avant qu’un soupçon de capitalisation ne soit instillé dans nos systèmes par répartition aujourd’hui archaïques. L’état providence préférera continuer à remplir le tonneau des Danaïdes sur notre dos, plutôt que renoncer à une once de pouvoir de contrôle et voir ainsi le bon “populo” s’émanciper et gagner en liberté sans lui !
Vous oubliez sans doute les impôts qui grèveront très certainement cette pension!
Vous avez tout à fait raison Mr Delsol. Mais allez faire comprendre ça à nos technocrates et politiques qui ne jurent que par l’action de l’État et qui, pour la plupart, n’ont aucune idée de ce qu’est une entreprise. Ils n’ont aucun sens pratique, ils ne connaissent que leur idéologie, souvent idiote. Comment les convaincre? That is the question.
Ma foi, cela fait quelque temps que je songe que ce serait une bonne idée que notre État capitalise les pensions de retraite avant de redistribuer les intérêts. Notre pays aurait en effet bien besoin d’un fonds souverain pour investir dans des secteurs stratégiques, comme l’énergie (efficiente, pas « renouvelable », bien sûr) ou la défense, par exemple. Tout en continuant d’assurer une retraite minimale à tout le monde même en cas de pépin, ce qui reste le risque majeur de la capitalisation.
Bien noté le dépassement de 3,4 points de PIB de versement des retraites en France
Au sein de ce dépassement, pour combien comptent les contributions supplémentaires
de l’Etat venant assurer le niveau de prestation actuelle des retraites du public ?
Merci, maître J.P. Delsol de cette précision
Je ne suis pas contre la retraite par capitalisation, je suis contre une approche financière pour traiter un problème démographique.
Cela vaut également pour la retraite par répartition : quand certains disent qu’il faut taxer les riches pour financer les retraites, ils tombent dans le même travers.
Je reconnais beaucoup de qualités à la retraite par capitalisation, et notamment sa gestion individuelle voire responsable. Mais ses qualités ne transforment pas les données de base, qui sont démographiques
Reprenons une image que j’utilise régulièrement : les retraités ont besoin de boulangers et d’infirmières. J’ajoute « et de réparateurs d’ascenseurs », lorsqu’ils ne peuvent plus prendre l’escalier pour monter 5, 10 ou 15 étages. Et ces actifs doivent être pris le stock de ceux qui concourent aux besoins courants de la population, des enseignants aux ouvriers du bâtiment.
Ce n’est pas un taux d’intérêt ou une valeur d’action pour la retraite par capitalisation, ou, pour d’autres systèmes de retraite, la taxation des riches, ou encore la découverte de pétrole qui va créer ces actifs.
Pour que ces actifs apportent leur contribution physique aux retraités, il faut soit faire appel massivement à l’immigration, soit travailler davantage chaque semaine et chaque année. Et si on ne veut pas toucher aux week-ends ou vacances, alors il faut partir en retraite plus tard.
Et alors la capitalisation marchera
Les taux d’intérêt qui la rendent tentante aujourd’hui sont du passé ou du présent. Les pour qu’ils perdurent dans de l’avenir, il faut que de problèmes démographiques soient résolus.
Ne pas faire un mélange entre les différents types de retraites :
– par répartition comme la retraite sécu qui n’est qu’une pyramide de Ponzi qui devra tôt ou tard s’écrouler avec une baisse des entrées cotisantes et une augmentation des sorties (les retraités). Cette caisse plombe tous les ans les comptes de la sécu.
– la retraite complémentaire des salariés (AGIRC-ARRCO) qui est une retraite par capitalisation, sans subventions, qui se porte bien (excédentaire malgré les mêmes conditions de cotisation/versement que la précédente)
– les caisses de retraites des fonctionnaires et régimes spéciaux qui, quand elles sont à l’équilibre, ne le doivent qu’à des compléments de recettes extérieures (taxes, impôts, subventions…) :
L’EDF-GDF les retraites sont financées en grande partie par la CTA que tout le monde paye au niveau de son abonnement. Je ne vois pas pourquoi je suis obligé de payer la retraite de ces personnes.
La SNCF : 4 milliards d’euros sont reversés par l’état pour rééquilibrer cette caisse de retraite. Je ne suis pas d’accord de payer une partie de la retraite des chemineaux, je ne prends jamais le train.
Toutes les caisses de retraite des régimes spéciaux touchent de l’argent publique pour avoir un semblant équilibre. S’ils veulent un régime spécial, qu’ils se le financent eux-mêmes, mais sans subventions de l’état.
Quand j’étais en activité de salarié, mon salaire brut était amputé de 24% pour obtenir mon salaire net. Ma femme, assimilée fonctionnaire, seulement 10 %. Quand on fait le cumul sur une vie, ça représente un très gros écart de cotisation. Par contre, au départ en retraite, seules les 25 meilleures années complètes comptent pour la retraite sécu, ce qui veut dire que la dernière année avec la prime de départ ne compte pas pour le calcul si l’on ne part pas le 31/12, alors que c’est la plus grosse année de cotisation et les cotisations vielles de plus de 20 ans sont prises en compte sans revalorisation de l’inflation. Par contre pour les fonctionnaires, la retraite est calculée sur les 6 derniers mois avec souvent une promotion 6 mois avant le départ. Une telle différence est un scandale !
Quand au taux de remplacement, je suis à peine à 50% alors que ma femme est à près de 70% parce que la plupart des primes ne sont pas prises en compte pour la retraite, mais elle ne cotisait pas non plus sur ces primes. Il serait temps d’homogénéiser tous ces régimes différents.
Ayant accompli une partie de ma carrière à l’Etranger, principalement en Allemagne, j’ai souscrit un contrat d’assurance auprès du GAN, en vue de bénéficier d’une retraite complémentaire. Désolée mais je ne partage pas votre enthousiasme car, le montant de la pension étant la conséquence des fluctuations boursières, il est, lui aussi … fluctuant !
A propos de la « capitalisation pour enfants » Celles et ceux qui n’ont pas d’enfants, payent impôts et cotisations « PLEIN POT » pour financer des écoles et une politique familiale dont ils ne bénéficient pas… sans compter les droits de successions littéralement confiscatoires pour les héritiers qui ne sont pas en ligne directe ! Il faut arrêter avec cet argument.
Il manque dans l’analyse l’historique du régime et l’impact du déficit et de la dette.
l’historique du régime c’est bien que la France avait un système de retraite par capitalisation avant que Pétain ne mette la main dessus pour le nationaliser ensuite si l’on prend en compte la dette, le rendement affiché est probablement inférieur de moitié ce qui veut dire que la capitalisation verse à peu près un tiers de la répartition ce qui en gros ressort dans les différentes études effectuées sur le sujet mais elle a un avantage fantastique pour les politiciens elle permet de tenir en laisse la population et de lui faire des cadeaux électoraux !!
En appliquant progressivement la retraite par capitalisation aux nouveaux entrants dans le marché du travail à partir de 2025 par exemple et en clôturant à cette date le système par répartition, l’Etat gérant directement le système. Les nouvelles cotisations seraient capitalisées et gérées par une structure privée qui placerait ces réserves au mieux en longue durée, on obtient des résultats très supérieurs à ceux que vous mentionnés, tout en conservant l’essentiel des paramètres de la répartition sauf la durée légale de retraite.