Nouvelle-Calédonie
Le président de la République a instauré mercredi, à l’issue d’un Conseil de défense exceptionnel, l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie où les représentants de l’Etat ont constaté une situation « quasi insurrectionnelle ». Mercredi matin, un gendarme a été tué par un tir à la tête, de même que deux civils tués et des centaines ont été blessées après deux jours d’émeutes, assorties de nombreux incendies et pillages commis par des jeunes, notamment indépendantistes. L’aéroport de Nouméa est fermé depuis lundi jusqu’à nouvel ordre.
Ces violences ont été déclenchées lundi à la perspective du vote par le Parlement, à Paris, d’une réforme constitutionnelle accordant, selon le vote de mardi soir par 351 voix contre 153, le droit de vote aux élections locales dans l’archipel aux résidents depuis plus de dix ans. Ce qui fait craindre aux indépendantistes Kanaks, de manière pas totalement infondée, la « dilution » de leur représentation. Les kanaks représentent 42 % de la population selon le dernier recensement, en 2019.
Les accords de Nouméa de 1998, qui prévoyaient des transferts de compétence irréversibles de Paris (dans la ligne des accords de Matignon ayant mis fin en 1988 à six ans de troubles sévères), limitaient les listes électorales pour les élections régionales aux personnes inscrites sur les listes lors du référendum d’autodétermination de 1998 et à leurs descendants. De fait, les résidents arrivés après 1998 ne pouvaient pas voter avant la réforme constitutionnelle approuvée mardi. Cela représente près d’un électeur sur cinq. Des opérations de déstabilisation de la Chine ne sont pas, non plus forcément à exclure, puisque l’archipel détient 20 à 30% des ressources mondiales de nickel indispensables aux batteries électriques, notamment automobiles.
C’est la quatrième fois en quarante ans que l’état d’urgence, qui donne à la police des moyens exceptionnels, est déclarée sur un territoire français, avec, déjà, des troubles en Nouvelle-Calédonie, en 1985, les émeutes de 2005 déclenchée à Clichy sous Bois et les suites des attentats du Bataclan en novembre 2015. La réforme constitutionnelle devra encore réunir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès à Versailles.
Zone euro
La Commission européenne a confirmé mercredi ses perspectives de croissance économique de la zone euro, fort de vingt pays de l’Union, pour 2024, à 0,8 %, tout en revoyant très légèrement à la baisse, à 1,4 % ses attentes pour 2025. Parallèlement, le PIB de la zone euro a augmenté de 0,3% au cours du premier trimestre 2024, selon l’estimation publiée mercredi par Eurostat, une expansion constatée dans tous les États du bloc et qui marque la fin de la période de stagnation ayant débuté au dernier trimestre 2022.
A noter toutefois que la croissance économique de la zone euro demeure la plus faible de toutes les grandes régions de la planète, et ce depuis des années, sans doute en raison du poids des régulations, notamment sur le plan environnemental, et des impôts, qui figurent pour certains pays parmi les plus élevés du monde en proportion du revenu national, d’un vieillissement de la population et d’une insuffisante intégration des grandes innovations technologiques, notamment dans le numérique. La croissance des Etats-Unis, dopée en outre par l’accès aux hydrocarbures de schiste, devrait ainsi dépasser 2,6 % en 2024, trois fois plus élevée que celle de la zone euro. La croissance de la Chine, pourtant plombée par des tracas immobiliers, devrait dépasser 5 % selon le FMI, derrière les 6 % de l’Inde. L’Afrique va bénéficier d’une croissance de 3,4 % et l’Asie du sud-est de 3 %.
Ukraine
Le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, s’est félicité d’une avance de son armée « sur tous les fronts », mercredi, après que la Russie a revendiqué la conquête de deux nouveaux villages, Glibokié et de Loukiantsi, dans la région de Kharkiv, dans le nord-est. Elle y a déclenché une offensive surprise le 10 mai qui a pris de court des forces ukrainiennes affaiblies par le manque d’armes, de munitions et d’hommes après vingt-six mois de guerre et des mois de couacs chez les Occidentaux s’agissant de l’aide à apporter à leur allié. Cette offensive semblait avoir pour objectif d’obliger Kyiv à mobiliser dans cette région des unités au détriment d’autres zones du front plus à l’est, notamment vers la ville stratégique de Tchassiv Iar, mais est aussi parvenue à conquérir près de 200 km2 dimanche et mardi. Les combats se déroulent à une trentaine de kilomètres de Kharkiv, la capitale de la région et deuxième plus grande ville d’Ukraine, forte de 1,5 millions d’habitants, régulièrement bombardée.
L’Ukraine a reconnu opérer des replis défensifs, dans une certaine confusion selon Telegram. Parallèlement, Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine en visite surprise à Kyiv, a déclaré qu’il appartenait aux seuls Ukrainiens de décider s’ils frappent le territoire russe, semblant ne plus exclure l’emploi de munitions et armes américaines, jusqu’ici un tabou occidental.