Total Énergies est cotée sur trois Bourses : Paris, Londres et New-York. Aujourd’hui, c’est Paris qui est la cotation principale du groupe. Le PDG de Total Énergies, Patrick Pouyanné, a déclaré il y a quelques jours qu’il envisageait de faire de la place de New-York celle de la cotation principale de son groupe.
Pourquoi ? Deux raisons principales sont avancées. La première est que le groupe est constamment montré du doigt de ce côté-ci de l’Atlantique. Il est vrai que les polémiques se multiplient : un jour, c’est la rémunération de Patrick Pouyanné qui est remise en cause ; un autre, ce sont les « superprofits » du groupe qui sont vilipendés et que l’on cherche à taxer ; un autre encore, c’est la gestion de l’entreprise qui est critiquée. Et, bien entendu, il ne se passe pas une semaine sans que l’entreprise soit mise au pilori comme grande « pollueuse ». On l’a même empêchée de sponsoriser les Jeux olympiques de Paris, Anne Hidalgo estimant que Total Énergies aurait sali ses Jeux.
La seconde raison qui pousse Total Énergies à faire de Wall Street son port d’attache principal est que les investisseurs américains sont en passe de devenir majoritaires à son capital. Les actionnaires américains en détiennent 40 % . Ils représentent même 48 % des investisseurs institutionnels. Il y a 10 ans, les actionnaires européens étaient majoritaires. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que la réglementation les contraint à se détourner de Total Énergies.
Oui, les investisseurs institutionnels (les célèbres « zinzins ») sont obligés de délaisser les valeurs « polluantes » au profit des valeurs « vertes ». Accord de Paris de 2015, Pacte vert de l’Union européenne, règlement SFDR de 2019, directive CSRD de 2022, etc., tout est fait pour contraindre l’économie à se « verdir ». Par exemple, BNP Paribas s’est engagée à réduire de 10 % son exposition à l’exploration et la production de pétrole et de gaz d’ici 2025. Quant à la Société générale, elle a annoncé vouloir réduire de 50 % son « exposition au secteur de la production de pétrole et de gaz » d’ici 2025 et de 80 % à l’horizon 2030. On pourrait en citer d’autres…
Pourtant Total Énergies a besoin d’argent pour continuer à investir dans les énergies fossiles – nos besoins en pétrole et en gaz ne vont pas disparaître demain – et investir aussi dans les énergies renouvelables. Cela devient difficile en Europe. C’est plus facile outre-Atlantique.
On en veut pour preuve que la capitalisation boursière des deux principaux pétroliers américains, Exxon Mobil et Chevron, atteint 6,5 fois leur excédent brut d’exploitation (Ebitda), alors que celle de Total est de 3,5 !
En installant sa cotation à Wall Street, le groupe français espère attirer plus d’investisseurs. Ce serait une bonne nouvelle pour l’entreprise, pour ses collaborateurs et pour ses actionnaires – y compris salariés.
2 commentaires
Ce que ne fera pas Total et qui pourrait bénéficier à la France, ses concurrents étrangers le feront.
Les imbéciles instruits ont encore frappé!
Rien de plus rassurant que Total veille aux intérêts de l’entreprise et de ses actionnaires , Total ne maintient elle pas aussi ses investissements/prospection en Russie .?