Le ton est plein d’humour et de légèreté. En filigrane Paris apparaît comme le creuset de la brillance arriviste ou comme la « capitale des maladies d’amour-propre ». Deux exceptions de qualité : Paul et Erika, qui joueront le jeu de la franchise. Mais jusqu’à quand? Car Erika est l’ attachée de presse, sans grande envergure, de l’ambitieuse Charlène, « ravissante idiote »qui croit pouvoir remporter les prochaines présidentielles. Paul , critique littéraire à l’hebdomadaire national « la Gauloise », n’est pas le genre à faire des concessions contraires à ses convictions d’honnête homme mais fait preuve de cette liberté de penser qui isole. Sa reconnaissance à la rédactrice en chef de la revue a des limites. Un rendez-vous professionnel à l’Elysée ne le motive pas. A contrario l’innocence d’Erika le séduit. Ce qui ne l’empêche pas de coopérer pour éliminer Charlène de la sphère politique, non seulement par amitié pour son ami député du Jura mais aussi pour le bien public. Les phrases sont brèves au rythme des actions rocambolesques qui se multiplient pour faire tomber la malheureuse candidate.
Le style, à la fois sarcastique et réaliste, est plaisant. Le lecteur rit de voir une telle franchise spontanée non seulement dans le domaine professionnel mais sur la scène politique et dans les salons parisiens, seule façon de laisser place à la joie de vivre et d’aimer. Fin polémiste dont le charme personnel n’est pas exclu , Marin de Viry offre ce qu’il est convenu d’appeler « l’esprit français » face au vide de la pensée contemporaine qui lui a déjà inspiré plusieurs ouvrages. En un mot, il tient la promesse de ses protagonistes: il ne fera jamais ses « adieux à l’intelligence ». B. C.