Qui est cette jeune élève Séréna d’Alexandrie qui arrive en cours d’année, aussi sûre d’elle-même que renfermée, qui plagie des textes littéraires, et qui disparaîtra sans crier gare ? Qui est cette Thérèse qui lui ressemble tant, avec la même désinvolture, qui s’inscrit dans un atelier d’écriture dix ans plus tard ? Séréna et Thérèse sont-elles une seule et même personne ? Tel est le dilemme de cette professeure qui après s’être trop attachée à ses élèves adolescents préfère diriger un atelier d’écriture pour chics bourgeoises ou prisonniers oisifs, avant de se lancer dans la traduction de sainte Thérèse d’Avila. L’obsession de Thérèse s’acharnerait-elle encore sur elle des décennies plus tard ? Alors elle voyage, écrit des romans, fait des allers-retours aux Antilles où là encore le hasard la met devant une enfant toute rousse et malheureuse, Tessia, bien semblable à son ancienne élève. En fait l’identité Séréna-Thérèse n’est qu’un prétexte pour Michèle Gazier. Ce qui importe c’est l’écriture, même plagiée, la communion du traducteur avec un auteur étranger, c’est l’échange épistolaire, c’est la plume prolixe qui peut libérer, seule antidote au blocage muet, au silence borné, à la révolte intérieure.
C’est précisément l’élégance du style de Michèle Gazier qui accroche l’attention, emporte le lecteur dans les livres de Lawrence Durrel, de Colette ou Thérèse d’Avila, qui galope sur les plages antillaises ou erre dans la solitude d’une professeure consciencieuse. De cette double perspective naît un hommage à la littérature, qui, en tentant de recoller une âme brisée, révèle l’interdépendance humaine.
http://panoramadelectures.over-blog.com/