Inspiré indéniablement par ses trajets entre Varades et Angers où Julien Gracq enseignait, ce petit recueil de poésie en prose ne fut jamais publié, sans doute fut-il oublié. Cependant il résume à lui seul la pensée de l’auteur qui se disait « foncièrement allergique au réalisme ». En effet si sa lente avancée vers « La Maison » est toute descriptive, elle n’est autre que la transposition de ses sentiments intimes. Il est seul lors d’un soir d’automne de l’après-guerre, sombre et pluvieux, même la maison apparaît délabrée, une table dressée a été subitement abandonnée.
Et pourtant en regardant de plus près la réalité devient rêve. L’énumération des découvertes successives, le temps suspendu par une curiosité mêlée de crainte, présagent une surprise, une lumière, et peut-être d’avantage … L’œuvre de Julien Gracq est l’interaction entre réalité et imaginaire, entre possible et impossible, entre classicisme et surréalisme. Un beau cadeau où se trouvent deux brouillons manuscrits du poète.