A la demande d’Emmanuel Macron, Nicolas Dufourcq a été nommé en janvier 2013 directeur général, puis président, de la Banque publique d’investissement (BPI), qui venait d’être créée. Cet établissement, fusion de plusieurs sociétés publiques de financement, donne aux banques sa garantie pour des crédits aux entreprises et prend des participations minoritaires dans de nombreuses entreprises.
Inspecteur des Finances, diplômé d’HEC, Nicolas Dufourcq a été directeur adjoint du cabinet du ministre socialiste René Teulade et rédacteur d’études pour la fondation de centre gauche Saint-Simon. Il est resté huit ans à France Telecom, où notamment il a présidé la filiale Wanadoo, et neuf ans à Cap-Gemini, dont il était fin 2012 le directeur financier. Il est administrateur d’Orange et président du conseil de surveillance de ST Microelectronics. Il connaît bien le fonctionnement des grandes entreprises françaises.
Son constat sur la désindustrialisation de la France est clair : « Entre 1995 et 2015 le pays s’est vidé de près de la moitié de ses usines et du tiers de son emploi industriel ». La balance commerciale, excédentaire en 2000, est devenue déficitaire (4% du PIB en 2022), la production de voitures est passée de 4 à 1,5 millions, etc. La désindustrialisation illustre le déclin économique de la France, notamment face à l’Allemagne.
Les causes de cette désindustrialisation restent pour Nicolas Dufourcq « un mystère ». Pour le percer il a interrogé 47 personnalités (politiques, fonctionnaires, chefs d’entreprise, syndicalistes, banquiers, économistes).
Quelques-unes de ces personnalités ont donné des réponses clairesn. « La compétitivité-coût est déterminante » (Jean-Claude Trichet) ; « Les 35 heures ont été un désastre pour l’industrie française ; le taux de prélèvements entraîne une baisse des marges des entreprises et donc de leurs investissements » (Michel Pébereau) ; « On a un jockey (l’Etat) qui est trop lourd, le cheval (l’entreprise) ne peut pas gagner. Les réformes Schroeder ont fait passer la sphère publique de 57 à 44 % du PIB. Nous sommes montés de 50 à 57 % » (Xavier Fontanet, ex-pdg d’Essilor) ; « On a maintenu une dépense publique trop élevée, on a oublié qu’il fallait travailler plus » (Jean-Marc Daniel, économiste) ; « Le manque de formation et d’innovation sont les principales raisons de nos échecs » (Mohammed Oussedik, syndicaliste CGT).
Comme l’a dit Marcel Grignard, syndicaliste CFDT : « Si on ne fait pas un diagnostic sérieux, on prend le risque de gaspiller des milliards ».
Or la plupart des interviewés oublient de nombreuses autres causes de la désindustrialisation: l’ouverture du marché européen en particulier aux pays de l’Est, l’euro trop fort, la financiarisation de l’économie, la Chine, la retraite à 60 ans, les congés, l’augmentation des salaires, l’ISF, les conflits sociaux lancés par des syndicats pratiquant la lutte des classes, l’Inspection du travail, la priorité donnée par l’administration aux grands groupes, l’aversion des universités envers l’industrie, les faiblesses de l’Education nationale, des patrons mal formés, vieillissants et défaitistes, etc.
A la fin du livre, tirant les conclusions des interviews, Louis Gallois rappelle que dans le rapport qu’il avait remis à François Hollande sur ce sujet, il préconisait une « mesure phare », « l’allégement des charges, destiné à augmenter les marges des entreprises pour qu’elles puissent investir et innover… On ne peut clairement pas demander au secteur productif de supporter le coût du modèle social français ». Une analyse nette, pouvant fonder un bon programme de gouvernement.
La conclusion de Nicolas Dufourcq est cependant différente : « La désindustrialisation est en voie d’être stoppée »… grâce à la BPI. Car habilement, il a choisi la majorité des chefs d’entreprises interviewés parmi ceux qui sont financés par la BPI, et ils ont gentiment renvoyé l’ascenseur, louant les « accélérateurs PME » de la BPI (cours de formation pour les patrons), le soutien de la BPI à la lutte contre le réchauffement climatique, les investissements qu’elle a financés, « la renaissance de l’industrie française amorcée par la BPI ».
Nicolas Dufourcq mise sur « le plan start-up industrielles porté par la BPI », qu’il appelle French Fab, mais aussi la French Tech, la French Touch et la French Climat. Pour lui la désindustrialisation est d’abord « le résultat d’une responsabilité générale de la société française », ce qui rend les remèdes peu évidents. Certes il préconise de « continuer à réformer l’Etat, en maîtrisant la dépense publique », mais il n’entre dans aucun détail sur la baisse nécessaire des impôts de production (suppression de la C3S et du CFE par exemple) et encore moins sur celle de la dépense publique. Il semble ignorer que nous avons, à population égale, 3,3 millions de fonctionnaires et de quasi-fonctionnaires de plus que l’Allemagne, que nous dépensons des dizaines de milliards d’euros à soutenir des entreprises publiques comme la SNCF ou EDF, que la fraude sociale coûte 50 milliards. Plutôt que de préconiser des baisses de charges, il préfère financer les « filières du futur ». Il se garde de dénoncer la mauvaise gestion de ses collègues haut fonctionnaires et des responsables politiques.
Il est d’ailleurs loin de montrer l’exemple d’une bonne gestion de la BPI. La Cour des comptes a contesté à deux reprises le désordre des comptes de la BPI, le salaire annuel moyen des vingt-quatre dirigeants de la filiale BPI Investissement (245. 000 euros), les 604 véhicules de fonction (qui n’empêchent pas des notes de taxi de 6.400 euros par an par personne pour dix directeurs). Il a répondu que « l’analyse de la Cour est totalement infondée », que « la croissance des charges est cohérente avec la stratégie de développement de la BPI », car il veut « stocker de la puissance », qu’un « groupe plus important » justifie des salaires plus élevés, que « ces charges sont inférieures au budget » et que « la recommandation de mise en place d’un pilotage budgétaire efficace est sans fondement ».
En 2021 la BPI a reçu de l’Etat 1,2 milliard pour augmenter son capital et perdu 837 millions sur ses participations dans Orange et Worldline. Ses fonds propres sont de 18,5 milliards.
En la privatisant l’Etat pourrait récupérer ces 18,5 milliards et réduire ses subventions, voire les supprimer.
7 commentaires
Visiblement ils ne connaissent pas grand chose, pour l’avoir vécu cela à commencé bien avant au début des années 1970 ou déjà on a débarqué les diplômé parisiens, ceux qui ne savaient rien faire d’autre qu’à virer les gens. Certes à cette époque là il était question de mettre un maximum de gens en « pré-retraite » dès 55 ans voir moins aidé en cela déjà par la bonne classe politique toujours aussi idiote et si on y regarde de près toujours les mêmes et du même âge, toujours par une génération qui n’en a que faire des autres et qui n’a que peu vécue. Leur tour arriva aussi c’est ce qu’ils avaient oublié. Depuis ils se sont arrangé d’être et de devenir des rentiers de la République pour bien conserver un gros revenu sur le dos et avec les économies de ceux qu’ils ont viré. Si cela n’est pas une organisation mafieuse ! mais il ne faut pas le dire ce n’est politiquement pas correct pour tous ceux qui vivent aux d’une manière ou d’une autre aux crochets de la République qui dès lors accumule les dettes et n’a plus de moyens pour subvenir ne serait ce que pour assurer la santé de ceux qui payent. Avons nous atteint les sommets aujourd’hui ? Pas certain ils sont devenu bien trop nombreux et trop gourmands. Mais tout aura une fin, elle sonne déjà à nos portes mais avant il faut tarir les sources tout en préservant l’intégrité de ces profiteurs.
Ce profil n’inspire pas vraiment confiance je trouve : HEC, ENA, inspecteur des finances. Toujours le même moule qui a mené la France là où elle en est.
Monsieur Dufourcq ne manque pas d’air.
Beaucoup de managers ont des trains de vie de courtisans.
La république française est devenue une monarchie avec beaucoup beaucoup de « roi solei »
Jusqu’aux maires de communauté s de communes….
La situation est grave nos dirigeants sont vraiment des pilotes à vue.
Pour masquer leurs incompétences les gabegie on nous bourré le cerveau avec le climat ou bien quand le peuple va montrer les dents ils nous entraîneront dans une guerre…
Plus je lis des articles comme celui ci plus j’ai la rage car je sais que cela va mal finir qu’ils finiront par prendre les économies des gens prudents.
La France n’a plus d’âme c’est un pays qui maintenant essaie de mettre en place des solutions que d’autres pays ont imaginé.
Du après coup.
Une propagande d’état sans fin
Du tout airbus du tout europe du tout local du tout électrique du tout climat du tout bio du tout services tant pire si tout finit en fiasco quelques uns auront empocher des subventions et rien n’aura changer….
Article intéressant dès que vous commencez à gratter la pellicule ! Vous montrez bien comment ce « petit cercle » vit en rond avec beaucoup d’argent public, que la BPI a perdu de l’argent dans Orange qui a été l’employeur de l’auteur, que l’auteur ne fait guère preuve de rigueur et s’abstient de répondre objectivement aux observations de la Cour.
Et vous omettez de rappeler la « loi des 39 heures » qui a tellement réduit les possibilités d’heures supplémentaires qu’elle a détruit des marges et démotivé les salariés qui vont chercher ailleurs (même au noir) les ressources qui manquent au budget familial.
Excellent M. Mathieu, ou comment dépenser l’argent des autres en se servant grassement au passage.
La haute administration dans toute sa suffisance et impunité.
Comment ! réduire nos prérogatives et le train de vie de l’état ! Ça serait mal vu de mes collègues.
L’inflation serait la bienvenue pour réduire le déficit de l’état, mais concilié à une réduction de la charge étatique ce qui ne se fera pas.
L’augmentation des dettes sociales, seuls artifices pour éviter le chaos du même nom sont supérieures à l’inflation.
On va donc cumuler tous les problèmes.
Et ça se fera au mieux, sur le dos des épargnants qui verront leurs actifs dévalorisés et au pire par la captation de l’épargne, au titre du ‘prix à payer pour notre liberté’.
Même les journalistes n’ont pas encore saisi ou doutent dans l’expectative du sens de ses mots.
L’Energie, la lutte écologique, les retraites, etc… oui, mais ce sont les effets secondaires.
Le vrai défi c’est la fin de la redistribution de l’argent, c’est le retour à la réalité.
On ne peut pas durer si on dépense plus que l’on gagne.
Les allemands qui ont la dent longue contre la France, tempéré du temps d’ Angela Merkel, ne vont pas se gêner. Tous les projets Franco-européen sont torpillés.
Tient tout à coup, notre pres se réveille et se dit qu’il serait opportun de montrer ses muscles aussi rachitiques que notre économie et ne pas prolonger le gazoduc Espagnol pour arranger les affaires d’ Olaf Scholz ? lequel prévoit son plan B en passant par l’ Italie.
On va donc se mettre sur le dos en plus des allemands, l’Espagne et l’Italie.
Lesquels d’italien , c’est eux qui ont négocié le gaz Algérien. La Macronie ne nous a jamais enfoncé aussi loin que ces temps-ci.
On est dirigé par des charlots depuis 40 ans, leurs idéologies électorales successives ont torpillé notre force et avance énergétique, notre économie et notre nation, dans l’insouciance générale.
Mais bon je dis toujours, on a ce qu’on mérite, l’économie, la monnaie, le cout social, ça n’intéresse personne, j’en sais quelque chose.
C’est le même effet que d’expliquer l’évolution selon Darwin à une woke comme ROUSSEAU
Le Titanic France coule, ils en sont à sélectionner les mêmes qui vont prendre les radeaux de secours.
Vivement le retour de la place de Grève.
Nous avons voté. Il est normal et juste de profiter des conséquences de nos votes depuis 50 ans. Les responsables sont les Français qu’ils soient électeurs ou non.
Bravo à M. PARIS qui a tout résumé dans son commentaires !
Mais les français vont venir pleurer lorsque le pays sera en faillite et qu’il seront ruinés et cela à cause de leur incommensurable connerie !