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Relations Chine/Taiwan : l’Europe doit s’inspirer des Tchèques

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En juillet 2020, une délégation de 90 personnes menée par le président du Sénat tchèque, Milos Vystrcil, est allée rencontrer les dirigeants de Taiwan. Un événement assez peu commenté par les médias français mais qui est en soi un acte diplomatique important pour l’Europe car cette délégation visait avant tout à renforcer les liens bilatéraux, particulièrement en matière de commerce, entre la République tchèque et Taiwan. Mais elle a aussi provoqué une vive colère de la part de la Chine qui considère que Taiwan fait partie de son territoire. Ce rapprochement entre les Tchèques et Taiwan devrait servir d’exemple pour la politique des pays occidentaux s’ils veulent faire face à la Chine.

Taiwan : le pendant démocratique de la Chine

Si la visite de Milos Vystrcil peut légitimement être considérée comme étant guidée par des intérêts commerciaux (la République tchèque est la quatrième destination d’investissement européenne de Taiwan), elle est aussi un symbole.
En effet, Taiwan, qui se déclare officiellement comme la « République de Chine », se trouve en opposition à la « République populaire de Chine » communiste. Ce sont deux visions chinoises totalement opposées qui s’affrontent. Taiwan est la version démocratique de la Chine : pendant des décennies, Taipei été dirigée par les nationalistes issus de la guerre civile chinoise de 1949 et a été tout entière préoccupée par son opposition aux communistes de Mao Zedong. Mais depuis la fin des années 1980, le pays a réussi à se démocratiser.
Le résultat est que Taiwan est désormais l’un des pays du monde les plus libres économiquement et l’un des plus respectueux en matière de libertés publiques. Selon l’Index de liberté économique 2020 de l’Heritage Foundation, Taiwan se positionne à la 11ème place alors que la Chine est à la 103ème place. En matière de libertés publiques, le pays est 19ème dans l’index 2019 du Cato Institute (la Chine, 126ème) et la Freedom House le classe comme l’un des plus libres avec un score de 93/100 (la Chine, 10/100). Un résultat qui se retrouve dans le bénéfice qu’en retire la population : le PIB par habitant, en 2019 et selon le FMI, était de 25000 dollars à Taiwan, contre 10000 dollars en Chine.
Ces éléments montrent un contraste saisissant entre les deux Chine : le choix de la démocratie par Taiwan lui permet d’être considéré comme l’un des joyaux économiques de l’Asie et un bastion des libertés; alors que le maintien d’une économie dirigée et d’une dictature en Chine populaire en a fait désormais une menace internationale. Il est compréhensible que Milos Vystrcil, issu du parti libéral-conservateur ODS, ait voulu se rapprocher d’un pays occidentalisé, y compris pour des raisons politiques. En déclarant « Je suis taiwanais » devant le Parlement de Taiwan, le président du Sénat tchèque a fait une référence implicite à la position du président américain Kennedy à Berlin en 1963 face aux Soviétiques.

Vers un réveil européen vis-à-vis de la Chine ?

La délégation tchèque a peut-être lancé une nouvelle dynamique politique en Europe, la Chine ayant considéré que la République tchèque avait « franchi une ligne rouge ». Une réaction qui a poussé le ministre des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas, à soutenir la République tchèque en mettant en garde la Chine contre les menaces adressées à l’encontre des pays européens. Un soutien de poids compte tenu du fait que l’Allemagne dirige actuellement l’UE jusqu’à la fin de l’année.
De plus, l’attitude de la Chine sur cette affaire a aussi poussé des élus européens et nationaux à réagir. Les députés européens Miriam M. Lexmann (Mouvement chrétien démocrate slovaque) et Alexandr Vondra (ODS tchèque) sont à l’origine d’une lettre commune de soutien à la délégation tchèque qui a été signée par des dizaines de députés européens et nationaux. C’est modeste eu égard à la masse totale de parlementaires, mais cela révèle peut-être une prise de conscience progressive de la politique chinoise par les Européens. Fait intéressant à signaler, les tendances politiques des signataires sont diverses : à titre d’exemple, les députés français ayant signé sont Sandro Gozi (Renew Europe), Salima Yenbou (Verts), Raphaël Glucksmann (sociaux-démocrates), et le sénateur Olivier Cadic (UDI).

Les pays européens ont tout intérêt à développer leurs relations avec Taiwan et les pays alliés en Asie

Cet épisode diplomatique avec Taiwan doit inciter les pays de l’UE à revoir leur stratégie en Asie. Une nouvelle guerre froide existe désormais avec la Chine. A l’instar de la stratégie de l’endiguement qui fut pratiquée par les Etats-Unis et leurs alliés contre l’URSS, il serait judicieux de soutenir les pays pro-occidentaux voisins de la Chine. Certes, il n’est pas souhaitable de mettre fin aux relations économiques avec la Chine mais il faut contrebalancer celles-ci en se rapprochant des autres pays. Renforcer les liens économiques et militaires avec des pays comme Taiwan, la Corée du Sud et le Japon serait profitable à l’UE.

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1 commenter

Laurent46 24 septembre 2020 - 7:04

Le déclin de l'Europe en Marche
Force est de constater que sauf exception, dès qu'une structure politique est dirigée par une femme seul la sécurité extrême, l'environnement et l'assistanat à outrance est pris en compte, le reste c'est du 0 pointé. Vive l'égalité et les hommes féminisés pour un avenir radieux sous forme de déclin sans lendemain. C'est malheureusement un constat local, national et international.

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