Ces derniers jours, plusieurs articles, reportages et émissions de radio et télévision ont été consacrés à la tragédie du Venezuela sans que l’on insiste sur le fait qu’il s’agit d’un désastre socialiste ! Chavez et Maduro après lui ont bien appliqué à l’économie vénézuélienne les recettes marxistes – nationalisations massives, destruction du secteur privé, création de monnaie, rejet des investisseurs étrangers, suppression des libertés individuelles, etc – qui ont donné les résultats que l’on voit. Ce qu’on « oublie » aussi de dire c’est que le drame était prévisible car, partout où le socialisme est passé, la catastrophe économique a suivi ! Ce trou de mémoire volontaire est souvent colmaté par une condamnation des « crises du capitalisme », qui apparaît comme beaucoup plus porteuse et économiquement correcte qu’une critique du socialisme. Pourquoi ?
L’idéologie communiste, entre toutes les idéologies, bénéficie toujours d’un statut privilégié. Le succès médiatique des personnalités politiques – Mélenchon, Ruffin, Garrido…- se réclamant de cette idéologie, l’exposition récente intitulée Rouge et organisée au Grand Palais prouvent, comme nous l’avons déjà écrit, que le communisme garde un capital de sympathie et d’admiration auprès de très nombreux français. Comme si l’on effaçait tout simplement avec une gomme les dizaines de millions de morts, victimes des dictatures communistes. Thierry Wolton, l’un des meilleurs connaisseurs du sujet, auteur d’une monumentale Histoire mondiale du communisme, analyse dans son dernier essai les ressorts de ce négationnisme de gauche. Avec d’innombrables exemples à l’appui, Wolton démontre que le déni des crimes communistes est là , dès les origines. L’admiration pour la « révolution » russe, qui en réalité fût un coup d’état bolchévique, a balayé tout esprit critique et a fait du totalitarisme communiste un objet de culte pour des intellectuels, des hommes politiques ou des journalistes du monde entier. Un « rideau de fer idéologique » très efficace a été mis en place par les défenseurs du système communiste, on l’a vu par exemple lors du procès Kravchenko en 1949. Kravchenko, qui dénoncait, entre autres, la terreur stalinienne et le génocide des Ukrainiens, ne pouvait être qu’un agent à la solde des Américains. On attaque l’homme pour le déconsidérer. Les témoins qu’il appelle à la barre ont sûrement été payés pour raconter des « bobards » sur ce pays, l’URSS, un vrai paradis marxiste. Ces pratiques sont toujours utilisées par la gauche, nous les avons dénoncées à propos des attaques ignobles contre le juge Kavanaugh aux Etats-Unis.’IREF en est parfois la cible : nous critiquons l’économie socialiste, l’étatisme donc pour certains, cela coule de source, nous sommes « payés par le patronat et les riches » ou par des « lobbyistes à la solde des multinationales ».
Autre technique beaucoup utilisée par les négationnistes de gauche : opposer aux crimes communistes les prétendus « crimes capitalistes ». Lorsque David Rousset tente de mettre en place, quelques mois après Kravchenko, une commission d’enquête sur le travail forcé en Union soviétique, la revue catholique Esprit dirigée par Emmanuel Mounier compare la ville ouvrière de Montreuil, située en banlieue parisienne, au Goulag soviétique ! Les ouvriers ne sont-ils pas des victimes du capitalisme enfermées dans cette ville ? Aujourd’hui, il est un peu plus difficile – et ce serait très ridicule – de prétendre que la banlieue c’est le Goulag, mais la haine de la démocratie, du capitalisme et du libéralisme fait toujours partie de l’arsenal du négationnisme de gauche. Ses représentants sont les héritiers de ceux qui avaient adoré le marxisme, le léninisme, le stalinisme, ensuite le maoïsme ou l’idéologie des khmers rouges. Nombreux ont été les idiots utiles qui ont fermé les yeux face aux crimes de Mao et au génocide cambodgien. Et il en existe encore. Les négationnistes antisémites ont été, à juste titre, condamnés et ostracisés. Ce n’est pas le cas avec les négationistes de gauche. Régis Debray fait régulièrement la Une des médias alors qu’il avait déconsidéré ceux qui dénonçaient les camps soviétiques, qu’il appelait des « imposteurs du Goulag-Circus ». Il a fait de Che Guevara un « saint » et, même après la chute du communisme, il a osé écrire : « Après force décryptages, entrevues, supputations et basses besognes (sic), j’obtiens (à propos du Goulag), une approximation de trois mille « prisonniers politiques » (les guillemets appartiennent à Debray) ». Pour Jean-Luc Mélenchon, « Les communistes n’ont pas de sang jusqu’aux coudes » et Gérard Filoche, ancien du PS, n’hésite pas à crier haut et fort et en toute impunité : « Le communisme c’est le bien ! ». Imaginez quelqu’un qui oserait déclarer : « Le nazisme c’est le bien ! ». Ian Brossat, adjoint au maire de Paris et tête de liste du PCF (oui, il existe encore un parti communiste en France !) aux élections européennes, défend le communisme sans aucun état d’âme. Il n’a même pas hésité à écrire avec fierté que son grand-père avait été un espion du KGB ! Qui oserait se vanter d’un parent ayant été au service de la Gestapo ?
Deux poids, deux mesures, les crimes communistes sont oubliés ou justifiés : ils auraient été commis au nom du Bien ! Ce sont les théories de quelques intellectuels à la mode, comme Alain Badiou et Slavoj Zizek dont les élucubrations négationnistes sont relayées par de nombreux médias. Pour eux, l’idée communiste est inaltérable, le crime est même nécessaire car il faut se débarrasser de la bourgeoisie. Mao est le « seigneur marxiste du désordre », l’extermination des paysans qu’il a ordonnée est considéré comme une « politique rationnelle » car il savait exactement ce qu’il faisait et le disait : « Il se pourrait que la moitié de la Chine doive mourir ». Rappelons aussi les extaxes de Yann Moix, pâmé devant le tyran de la Corée du Nord : « Le Grand Leader Kim Jong-Un apparaît au balcon. Aucun pape ne déclenche cette électricité, car le pape, même pour un chrétien, n’est que le pape : il n’est pas Jésus-Christ. Kim Jong-Un, lui, est bien Kim Jong-Un. Tous crient, tous pleurent… » écrit-il, comme littéralement possédé par l’esprit totalitaire.
Thierry Wolton ne se contente pas de donner tous ces exemples (il faudrait plusieurs livres et il l’a déjà fait dans le troisième tome de son Histoire mondiale du communisme intitulé Les Complices ). Le négationnisme de gauche, au-delà du mépris total à l’égard des victimes, est entretenu par la pathologie de l’égalitarisme et nourrit aussi l’islamisme. Le marxisme-léninisme a de nombreux point commun avec l’islamisme. Le négationnisme de gauche empêche ou retarde la prise de conscience des dégâts que ces idéologies provoquent.
Ce qu’il faut souligner enfin, et peut-être surtout, c’est que le communisme a été rejeté par le peuple. Jamais il n’est arrivé au pouvoir par la voie des élections. Et pourtant il a été cultivé, propagé et protégé au nom du peuple ! Alors qu’il s’est écroulé pratiquement partout dans le monde, laissant derrière lui des champs de ruines, le feu de ses idéaux destructeurs est toujours entretenu par des « consciences » manipulatrices qui n’ont jamais eu à en subir les effets.
2 commentaires
A l'aune de la liberté…
Je voudrais juste faire remarquer que la haine de la démocratie et de la liberté est partagée par les communistes et ceux qui nous gouvernent, tant en France qu'au niveau européen.
Quant au Venezuela, laissons à ce peuple la liberté de décider – même du socialisme – au lieu d'apporter de l'eau au moulin de la géopolitique américaine.
communisme
Parfaitement d'accord. J'ai publié chez l'Harmattan "Communisme. Le centenaire. Séduction et illusion" ou je rappelle et avec des documents soviétiques le bilan dans les différents Etats communistes dans le monde tant avant 1991 qu'après