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Le Comité international olympique, pas très fair play

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Afin de permettre la tenue des Jeux Olympiques en 2024 à Paris, a été adopté un projet de loi par le Sénat, le 6 février. Une commission mixte paritaire achèvera la rédaction du texte courant mars. Il s’agit d’adapter la législation à l’organisation d’un événement international, mais aussi de valider les exigences du Comité international olympiques (CIO) envers le pays d’accueil et la ville hôte. Pour le CIO, l’essentiel, c’est que les autres -Etat, villehôte, comités d’organisation, contribuables- participent, et plutôt financièrement.

Un montage sans risque pour le CIO, très bien couvert

Les JO sont une source de revenus très importante et complètement sécurisée pour le CIO. Le contrat « villehôte » fait reposer tous les risques sur la ville-hôte, le COJO[[Le comité d’organisation de Jeux olympiques est la structure juridique locale organisant les Jeux, sous les ordres du CIO]] ainsi que le CNOSF[[Comité national olympique et sportif français]]. Ces trois organismes sont complètement inféodés au CIO si bien que, selon l’article 37 du contrat, « la Ville hôte, le CNO hôte et le COJO dédommageront, défendront et protégeront tous les Indemnitaires du CIO de tout paiement et autres obligations pour tous les dommages, prétentions, réclamations, actions en justice, pertes (y compris pertes de revenus), coûts, dépenses (en particulier honoraires et frais d’avocats externes) ou responsabilités de toute nature, encourus directement ou indirectement ». Le CIO avancera 1,4 Mds € au COJO pour l’organisation. En 2016, les recettes effectives (diffusion, parrainage, billets, licences) avaient dépassé les 9 Mds €.

Les recettes pour le CIO, les charges pour les contribuables

En fait, toutes les recettes tangibles sont au crédit du CIO ou du COJO, tandis que la ville hôte et le pays organisateur n’ont que l’espoir de voir des revenus touristiques augmenter. Mais dans le cas de Paris, il sera difficile d’accroître sensiblement les recettes touristiques qui sont déjà très élevées. Le CIO a beau jeu de préciser que « L’intégralité des revenus du CIO et des organisations du Mouvement olympique provient de sources privées. » Il ne supporte pas les charges et récolte la quasi-totalité des recettes. L’article 25 précise que le CIO est titulaire de tous les droits et de toutes les données se rapportant à la retransmission des Jeux. Ceux-ci ont représenté 47% des recettes des JO coréens. Le CIO gère également les revenus de parrainage (programme TOP) qui apportent 45% des revenus. Le reste (la billetterie ou les licences) revient au COJO qui doit reverser une partie des recettes brutes au CIO (7,5% pour la billetterie).

Enfin, et si toutefois quelques bénéfices advenaient de cette aventure, ils seraient répartis entre le CNO (20%), le COJO (60%) et le CIO (20%). Ainsi, la ville hôte ne reçoit rien, qu’une notoriété que Paris a déjà largement. Pourtant, la mairie s’est démenée pour faire apparaître le moins de frais possible à supporter au titre de l’organisation des Jeux, de façon à laisser accroire que ces JO-là seront équilibrés. Toutes les dépenses d’infrastructure coûteuses sont cachées dans le Grand Paris, à la charge du contribuable.

La dissimulation des coûts réels est particulièrement manifeste au titre de la sécurité. L’article 17 prévoit bien que « les Autorités du pays hôte seront responsables de toutes les questions de sécurité liées aux Jeux, y compris des aspects financiers, opérationnels et de planification y afférents ». Cela paraît évident, bien sûr, mais moins pour l’aspect financier. A Athènes, en 2004, la sécurité avait coûté 1,2 Mds € ; à Londres, 2012, 1,47 Mds € dont 645 millions pour déployer des effectifs militaires ; autant encore à Sotchi en 2014. Le budget de Paris 2024 accorde 182 millions d’euro à ce poste. Pourquoi un tel écart ? Afin de présenter un budget acceptable aux yeux du CIO et des populations subissant les coûts, le budget de l’événement ne fait pas ressortir toutes les dépenses indirectes. La sécurité, les déploiements militaires et policiers n’apparaissent donc pas dans le budget ; ils seront à la charge du contribuable.

Il en est de même pour les infrastructures de transports. Le projet du Grand Paris (39 Mds € au dernier décompte) et les JO sont étroitement liés quoiqu’en disent les officiels et qu’on puisse lire dans le budget. Le ministre des Transports ne s’en cache plus, demandant d’accélérer les mises en chantier des lignes nouvelles de métropolitain en vue de l’organisation des Jeux. Ce sont encore des dépenses indirectes, si ce n’est cachées.

Adapter les législations et transformer la société ?

Le projet de loi adopté par le Sénat fait référence à pas moins de sept codes différents (Code du sport, Code de l’environnement, Code de l’urbanisme (art 7), Code des transports, Code de l’expropriation, Code civil (art 5), Code général de la propriété des personnes publiques). Il s’agit notamment « d’adapter les règles d’urbanisme, d’aménagement ou de logement, afin de respecter les échéances relatives à la livraison de l’ensemble des équipements et infrastructures nécessaires à l’organisation des Jeux ». Il s’agit aussi d’adapter les règles fiscales aux exigences du CIO, qui demande à ce que les COJO, CNO, partenaires marketing du CIO, diffuseurs, etc. soient exonérés de taxes au plus tard quatre ans avant le commencement prévu des Jeux et jusqu’à un an au moins après la clôture des Jeux. Moins de réglementations et moins de taxes, c’est un beau programme qui gagnerait à être étendu !

Par ailleurs, le communiqué de presse du Conseil des ministres du 16 novembre 2017 indique, dans un pur charabia : « Durant les sept années à venir, les Jeux seront un accélérateur d’investissement et une opportunité de faire du sport et de ses valeurs des éléments structurants de la cohésion sociale territoriale et de nos politiques publiques dans de nombreux domaines ainsi qu’un levier de transformation de la société. »

Que signifie le dernier point ? Les législateurs sont-ils tellement sûrs de ce que doit être la société pour se lancer dans sa transformation ? Il s’agirait notamment de promouvoir l’égalité des sexes. Il est amusant de vouloir défendre l’égalité entre « les femmes et les hommes » (art 1er bis et ter) à travers un événement sportif. Le sport n’est-il pas le dernier lieu, ou le premier, c’est selon, qui justement met en évidence, qui loue et qui consacre -encore- la différence entre homme et femme ? Pire, le sport, dans sa recherche permanente de dépassement des limites, encourage ces différences, les poussent à l’extrême ainsi que l’exprime la devise même des Jeux : altius, citius, fortius.

Les JO nous ont été imposés, il est encore temps d’y renoncer

En 1974, alors que Denver avait reçu le droit d’organiser les Jeux d’hiver, une mobilisation face à l’ampleur des coûts avait fini par décourager le CIO. Paris est l’une des seules villes n’ayant pas pris la peine de demander l’avis de la population par un référendum. Elle s’est contentée de vagues sondages pour affirmer le soutien des Parisiens et des Français. Mais on leur avait caché la vérité des coûts.

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1 commenter

Dominogris 14 mars 2018 - 6:49

Un pur scandale
Qui consiste à ponctionner toute une population au bénéfice de très riches organisations, de multinationales avec les sportifs dans le rôle d'accroches publicitaires.
Ce genre de manifestation est un pur produit du nouvel ordre mondial qui n'a que faire des peuples, sauf pour les formater selon son idéologie.

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