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Un économiste au service de la crise

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Dans une interview accordée au magazine l’Express (22 avril), l’économiste Daniel Cohen a fait plusieurs affirmations étonnantes. En voulant établir une « symétrie entre la situation des Etats-Unis et celle de la France », il affirme que « Les Américains connaissent une reprise sans salaire, alors que nous subissons une reprise sans emploi ».

Tout d’abord, difficile de trouver les traces de la reprise en France. En tout cas, les chefs d’entreprise ne la voient pas. L’indice PMI a baissé à 50 en France au troisième trimestre alors qu’il a augmenté à 55 dans la zone euro. Ensuite, cette phrase rappelle les vieilles rengaines à l’égard de l’économie américaine et des créations d’emplois massives dans ce pays. Oui, disaient les politiques français dans les années 1990, l’Amérique crée plein d’emplois mais ce sont des emplois précaires, des « petits jobs ». Jusqu’à ce que Lionel Jospin ose affirmer, à la suite d’un voyage aux Etats-Unis en 1998, que les Américains créent de « vrais emplois ».

En réalité, que se passe-t-il dans ce pays où le taux de chômage est tombé à 5.5 % en février dernier (deux fois moins élevé qu’en France) ? Il est vrai, la crise a été forte entre 2008 et 2010. Le chômage est monté jusqu’à 10 % (un record !) en octobre 2009. Durant cette période, plus de 8 millions d’emplois (nets) ont été détruits. Depuis, l’économie n’a cessé de se redresser et le chômage de connaître une chute spectaculaire en étant divisé par deux. Les chiffres du premier trimestre 2015 montrent même une croissance du PIB de 4 % aux Etats-Unis, plus forte même que la croissance chinoise sur la même période (3.5 %). En France, on parle de 0.4 % de croissance au premier trimestre et de 1.1 % de croissance en 2015 et, peut-être, 1.5 % en 2016… Aux Etats-Unis, les salaires augmentent aussi depuis 2010 même si ce n’est pas une hausse très forte : 2 % de plus que l’inflation mais avec une accélération sensible depuis 2014. Sur la même période, le salaire de base a augmenté de seulement 0.1 % en France.

France vs Etats-Unis
FRANCE ETATS-UNIS
Taux de chômage (début 2015) 10.4 % 5.5 %
Croissance du PIB (1er trimestre 2015) 0.4 % 4 %
Augmentation du salaire de base par rapport à l’inflation (2010-2014) + 0.1 % 2 %

L’économiste Daniel Cohen soutient – à juste titre – que la perte d’un emploi « doit devenir un non-événement ». Mais il rajoute : « …si elle est suivie d’un accompagnement, d’une formation… ». Non, le licenciement est un non-événement si le chômeur trouve un emploi rapidement. L’ « accompagnement » ou la formation ne doivent être que les choix de celui qui a perdu un emploi. Actuellement, en France, l’ « accompagnement » fait surtout vivre une armée de fonctionnaires et la formation est dans les mains des syndicats.

De même, concernant le logement, l’économiste fait une affirmation très étonnante : « Je crois que la France a pris un virage tragique où nous sommes passés de l’aide à la pierre à l’aide à la personne ». Daniel Cohen est mal informé. Les aides à la pierre existent toujours et ce sont les organismes publics gestionnaires de logements sociaux qui en profitent le plus. Un Rapport réalisé par l’IGAS et l’IGF et publié fin janvier dernier, dénonçait justement la multiplication des acteurs qui profitent des 46 Mds d’euros d’aides au logement par an. Ce rapport confirme justement les conclusions de l’Etude de l’IREF consacrée au logement social dans laquelle nous démontrons l’urgence d’une vraie réforme des aides au logement en favorisant les aides à la personne tout en libéralisant le secteur des HLM.

Il est navrant de constater que des économistes prisés par les médias déforment les réalités économiques. Sont-ils victimes de l’idéologie étatiste ou bien le font-ils en connaissance de cause ? En tout cas, leurs idées enfoncent encore plus la France dans la crise.

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2 commentaires

Chris 27 avril 2015 - 11:40 am

Cmmentaire
On a là un tel ramassis de contrevérités, d’omissions et d’amalgames, qu’on ne sait par où commencer. Que l’auteur d’un tel discours, aussi simpliste et faux, puisse être considéré comme une sommité, une autorité, dans le domaine de l’économie, laisse pantois. En fait encore l’un élevé au biberon du service public qui confirme que les imbéciles sont en pleine expansion car ils prennent le pouvoir. Jamais aucune époque n’aura autant que la nôtre aimé ces idées courtes et les slogans. Un jour, sans doute, le langage articulé disparaîtra. Parmi les idées courtes du moment, il y a bien sûr le « libéralisme », malheur absolu pour certains et cause de tout pour la plupart.

En fait, il faut faire un zoom arrière, et rappeler que les intellectuels en France ont à 80/ 90 % été socialistes tendance PCF; et que si certains critiquaient la politiques des pays socialistes, on a toujours approuvé l'économie socialisée. Depuis il y a eu les révolutions. Et logiquement il y aurait du y avoir introspection, autocritique et même repentance de nos intellectuels: Comment a-t-on pu être aussi aveugles. Ignorer qu'une société étatisée se dégrade forcément, qu'elle a même certains traits de la barbarie. Eh bien voilà: une grande partie de nos profs d'économie ignorent toujours ce qui se passe quand l'état décide de tout, se mêle de tout . Ils ignorent encore les signes de sa déliquescence.

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Tardy 27 avril 2015 - 12:29 pm

USA ce n'est pas l'eldorado.
Dans son analyse de la situation économique aux USA, Monsieur Lecaussin oublie de dire que le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire est passé de 2,9 à 46,5 millions de 1969 à 2014 (lien http://www.fns.usda.gov/pd/supplemental-nutrition-assistance-program-snap) représentant 15% de la population.
Soit une multiplication par 16,17 dont 12,75 sous administration républicaine et 1,27 sous administration démocrate.
Soit une augmentation en nombre de 43,6 millions dont 31 millions sous administration républicaine et 12,6 millions sous administration démocrate.
Les 12,6 millions sont imputables pour 18,3 millions aux suites de la crise de 2008 héritée de la gestion républicaine de Monsieur Bush Junior. Sans la crise de 2008 la gestion démocrate aurait fait reculer l’aide alimentaire pour 5,7 millions de bénéficiaires.
L'augmentation globale de l'aide alimentaire est une preuve supplémentaire que les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent.

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