Pour nombre d’Etats surendettés, c’est le chant du cygne. Les gouvernants veulent sauver la Grèce, l’euro, maintenir des taux d’intérêt bas : ils sont pris au piège. Pour éviter d’être tous en faillite, il n’ont qu’une solution : faire des économies. Analyse de Maître Jean-Philippe Delsol, administrateur de l’IREF.
Encore et encore l’Etat : les Etats se croient tout permis. Les autres peuvent faire faillite, mais pas eux ; ils doivent réguler le monde que les pauvres citoyens sont incapables de faire marcher sans eux ; ils sont les maîtres de la répartition des revenus et des richesses…
Mais ils ne le seront pas longtemps, car à ce rythme, ils épuisent bien vite toute richesse. Ils se retrouveront nus. Il faut craindre que les citoyens le soient aussi.
Faut-il sauver le petit tricheur grec ?
La Grèce a dépensé longtemps plus qu’elle ne gagnait et elle se trouve fort démunie maintenant que la bise est venue. Mais parce que la Grèce (après avoir falsifié ses comptes) est membre de l’Union européenne et de la zone Euro, les autres membres redoutent que sa faillite ne les mettent tous en péril. Les agences de notation préviennent que si les dettes de la Grèce ne sont pas payées à la date de leur échéance, elle sera considérée en défaut et le crédit de tout le système bancaire risquera d’en être atteint.
Car la Grèce doit désormais de l’argent à tout le monde, avec une dette publique de 350 milliards d’euros, soit près de 160% de son PIB, dont 110 milliards d’aide publique octroyée par les autres Etats, directement ou au travers des mécanismes européens. Les banques allemandes et françaises sont parmi les plus exposées : 162 milliards au total fin 2010. Si la Grèce ne paye pas ses dettes, ce sont donc les contribuables et les actionnaires des banques prêteuses qui les supporteront. Mais il y a aussi un risque de cascade aux autres pays faibles, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, et pourquoi pas la France. L’épidémie est susceptible de toucher le monde financier dans son ensemble, le scénario catastrophe de 2008 se reproduirait.
Faut-il se porter encore au secours du petit tricheur grec ? Si la Grèce en est là, c’est qu’elle a triché avec elle même et avec les autres. Elle a joué l’Etat providence. Elle a multiplié les dépenses publiques. Elle a embauché à tour de bras des fonctionnaires : 800 000 sur une population active de 5 millions de personnes. Elle a enflé sans mesure son secteur public qui représente 40% de son PIB. Elle a caché son déficit public. Alors pourquoi faudrait-il aujourd’hui que le contribuable français ou allemand passe à la caisse du farniente grec ?
Argent bon marché : les Etats se protègent d’abord eux-mêmes
En réalité, les Etats veulent d’abord préserver leur souveraineté, voire même la renforcer. La crise du crédit grec, si elle venait à éclater, entrainerait une hausse sensible des taux d’intérêt et par la même des dépenses publiques de tous les Etats hyper-endettés. Ceux-ci ont donc avantage à maintenir artificiellemnet des taux bas pour réduire la charge de leurs emprunts à court terme. Ils avancent un alibi : cette politique des taux d’intérêt réduits serait faite pour favoriser la croissance. Mais c’est d’abord le gonflement sans fin du Léviathan qu’ils perpétuent et encouragent.
Tous les moyens leur sont bons pour financer les déficits. Tantôt ils obligent les banques et établissements financiers à détenir des titres publics au prétexte qu’ils sont plus sûrs. Tantôt ils pillent l’épargne nationale, en utilisant des subterfuges comme la France l’a fait en pompant dans le Fonds de Réserve pour les Retraites en 2010 ou en créant la CADES que l’on charge sans cesse de toujours plus de dettes remboursables à… la Trinité. Tantôt ils exigent des banques centrales qu’elles achètent des bons d’Etat ; c’est ce qu’a fait la FED dont la politique de Quantitative Easiness a permis de financer le Trésor américain à hauteur de 600 milliards de dollars depuis novembre dernier, ou comme la BCE qui a racheté des titres sur la Grèce, le Portugal et l’Irlande pour 75 milliards d’euros.
Cette politique de crédit facile et d’utilisation de la planche à billets continue de faciliter la vie à court terme des Etats, mais c’est au détriment de l’économie qui en paiera un jour prochain les pots cassés. Nos gouvernants ont la mémoire courte, ou peut-être refusent-ils d’avoir de la mémoire, pour ne pas avoir retenu la leçon des subprimes américains, ces financements du logement dont Fanny Mae et Freddy Mac ont inondé le marché grâce à la garantie de l’Etat fédéral jusqu’à ce que la bulle éclate et se répande dans le monde entier en 2008.
Et si les Etats faisaient des économies ?
Les Etats ne retiennent pas les leçons du passé, mais ils sont prompts à en donner aux autres, et d’abord aux banques, leurs boucs émissaires préférés, auxquelles ils veulent imposer des ratios de fonds propres toujours plus drastiques, passant de 7 à 14%. Pourquoi ne s’astreignent-ils pas eux-mêmes à cette rigueur comptable ?
Las, c’est tout le contraire. La France veut continuer à faire gonfler la baudruche étatique en créant de nouveaux fonds publics industriels pour mettre de l’argent public dans l’économie. Pour masquer leur impuissance, les Etats veulent toujours plus régenter la vie des autres comme le prévoient les 2300 pages de la loi Dodd-Frank aux Etats-Unis ou l’appel de M. Sarkozy ce 14 juin à l’Union Européenne en faveur de plus de régulation pour les marchés de matières premières et autres marchandises, tout comme pour les marchés financiers.
Alors peut-être vaudrait-il mieux que certains Etats fassent faillite, que l’Etat-Roi se retrouve nu, au risque de quelques années difficiles. Les créanciers en subiraient les conséquences et le monde entier avec eux, et finalement chacun d’entre nous. Mais n’est-ce pas la seule solution pour qu’enfin les Etats soient obligés de compter, de dépenser seulement ce qu’ils gagnent, sans pouvoir miser impunément sur l’emprunt, c’est-à-dire sur le contribuable de demain ? La seule solution n’est-elle donc pas qu’ils deviennent économes durablement ? Si la Grèce ne paye pas, et si les prêteurs ne sont pas remboursés, en tout ou en partie, ils comprendront qu’il ne faut plus prêter inconsidérément aux Etats, et les Etats qui ne pourront plus emprunter aussi aisément seront forcés de respecter l’équilibre de leurs finances. Les mécanismes de marché veilleront naturellement à ce que les budgets étatiques ne soient plus à l’avenir en déficit, et ce sera sans doute autrement plus efficace que toutes les réformes constitutionnelles que les Etats inventent aujourd’hui pour ne pas avoir à les respecter demain.
6 commentaires
D’accord, mais que peut faire le peuple ?
Bon commentaire, mais que peut faire chacun de nous, quand l’État prolixe nous inonde de belles paroles, que nous savons fausses et contre lesquelles le Vulgum Pecus n’a aucun pouvoir ?
Etat Roi Etat Nu
Le peuple peut virer les fonctionnaires par nature irresponsables) et énarques qui nous gouvernent depuis 1945…..et élire des gens qui ont du bon sens et qui prônent l’effort, le travail (sans qu’ils soient sanctionnés par un impot décourageant) mais aussi la sanction pour ceux qui ne produisent rien et qui ne font qu’exiger des droits sans aucune contrepartie.
Quand à la solidarité, à fin de responsabiliser les bénéficiaires, il faut qu’elle soit limité dans le temps et dans les montants, avec controle efficace (par le secteur privé, car l’état en est incapable) et avec sanction rapide si necessaire.
N.L.
comment rendre responsable le monde politique
Supprimer d’urgence l’ENA. Puis toute personne entrant en politique, et il faut commencer par le’a’ conseillé’e’ municipal’e’, et finir par le président de la république, devra porter à la connaissance de tous son patrimoine, avec contrôle public tous les cinq ans et justification des impôts payés pour l’engraissement de ce patrimoine. Rendre responsable pénalement toute dépense injustifiée et promesse non tenue.
Jacques GLOAGUEN
le 25/06/2011
La gestion des états
Complètement d’accord avec, en particulier, le dernier paragraphe de votre article. Il faut arrêter de créer des dettes perpétuelles avec de l »argent virtuel qui n’existe pas et laisser les états faire faillite….
L’état est le plus mauvais gestionnaire du monde…l’état n’a pas besoin d’inventer, de travailler de se « défoncer » comme le secteur privé, il se contente de mettre en place, tous les jours, de nouvelles règles « imbéciles » destinées à paralyser l’économie, règles qu’il impose à nos compatriotes en leur demandant de toujours payer la note, un peu plus chaque jour….. comble du comble, l’état ne rend jamais aucun compte, comme une entreprise, ou une famille, de l’argent qu’il ponctionne sur le secteur privé.
Il est très facile de faire n’importe quoi avec de l’argent qui ne vous appartient pas avec la certitude de n’avoir jamais à fournir la moindre explication…!
Les agences de notation sont complices.
Il est bien évident que toutes les notes des Pays – à l’exception de quelques uns – devraient afficher non pas trois A mais le défaut de paiement….!
Les contribuables devraient accepter 30 % maximum de prélèvements; or, à ce jour, en FRANCE nous en sommes à 80 %….!
Vive la faillite des états, le plus tôt sera le mieux…!
Thierry FOURGEAUD Consultant à 44100 – NANTES le 24 Juin 2011
L’Etat nu
les Etats sont constitués d’élus qui s’engraissent sur la bête. Les lendemains qui déchanteront ne leur font pas peur, car chaque jours ils gonflent leurs effectifs et leur bas de laine.
Quand auront-ils un discours responsable: Le pays est endetté, comment ,nous, fonctionnaires, pouvons nous faire mieux avec moins de dépenses? Voila une question que l’on aimerait voir sur les lèvres de tous nos Ministres et Députés, après qu’ils aient eux-même abandonné une part significative des avantages qu’ils se sont arrogés, afin de montrer l’exemple et être crédibles dans leur demande.
déficit chronique
On ne devrait confier les manettes d’un état qu’aux gens capables de se faire cuire un œuf au plat,recoudre un bouton à leur culotte et gérer une épicerie de quartier….hors de celà point de salut!