Tous les Français ont en mémoire la célèbre injonction du Président Georges Pompidou à l’un de ses proches : « Cessez d’emmerder les Français« . Même si on déplore son inefficacité actuelle, cette mise en garde est toujours valable aujourd’hui à considérer le flux continu des taxes et des contraintes nouvelles dont ce Gouvernement inonde le pays. Mais insensiblement le problème s’est encore aggravé et les Français ont de plus en plus le sentiment qu’en plus de les « emmerder » (cf. la limitation générale de vitesse à 80 km/h, sans du tout tenir compte de la plus ou moins grande dangerosité de la voie), on les abuse et on leur cache la vérité. À savoir: un pouvoir strictement incapable de maîtriser la dépense publique et qui fait feu de tout bois pour comprimer par tout moyen (dont notamment des prélèvements insensés) le déficit qu’il doit présenter à Bruxelles.
Thierry Benne
Curieusement depuis qu’en septembre 2017, sous la Présidence de J-P. Delevoye, le Haut-Commissariat à la Réforme des Retraites s’est constitué, personne apparemment ne s’est jamais soucié ni de la composition, ni de l’orientation de ce nouvel aréopage. Certes, pour bien poser le problème, il faut commencer par quelques rappels chiffrés (I), mais ensuite l’analyse (II) de ces données révèle de graves problèmes de fond (III), même s’ils ont curieusement échappé aux écrans-radar de la meute des médias et de la plupart des spécialistes des retraites. (Détox Retraites – N°02 )
Le 10 octobre dernier et lors de sa première communication officielle sur le sujet, le Haut-Commissaire à la Réforme des Retraites a publiquement révélé quelles seraient les premières orientations de la prochaine réforme des retraites. On trouvera dans le tableau ci-dessous les premiers éléments d’information qui ont filtré, mais qui ne se rattachent qu’à la partie « la moins sensible » de la réforme et d’ailleurs à constater le relatif consensus qui a prévalu chez les partenaires sociaux, on voit bien qu’on n’a pas encore atteint le noyau dur de la réforme.
À l’approche de la grande réforme des retraites qui nous est promise, on voit les principaux acteurs commencer à avancer leurs pions et à se positionner avantageusement, qui pour tirer le maximum de profit de la mutation à venir, qui pour éviter d’y laisser trop de plumes. Cela fait certes partie du jeu démocratique à la double condition:
Certes cela faisait longtemps qu’on en parlait, mais malgré tous les efforts d’augmentation des anciens impôts par ci, de création de nouvelles taxes par là, d’extension ailleurs de multiples prélèvements et contributions, on s’en rapprochait certes, mais on n’y arrivait pas. Or cette fois-ci c’est bon, car nous venons d’apprendre grâce au rapport Giraud que dès 2017 avec 1 038 milliards d’euros (soit une progression en euros courants de 55% depuis 2002!) nous avions pour la première fois victorieusement franchi le cap de mauvaise espérance des 1 000 milliards d’euros de prélèvements publics et que depuis longtemps à la lutte avec le Danemark, nous sommes désormais vraiment les champions avec 45,3% de notre PIB engloutis par la pompe vorace de nos finances publiques. Naturellement, comme en France on joue collectif, ce succès est un succès d’équipe. Et là, sans prétendre à une exhaustivité fastidieuse, il faut quand même savoir rendre hommage à tous ceux qui -mieux que d’autres qui n’ont pourtant pas démérité- se sont obstinés sur ces dernières décennies à exiger des Français toujours plus, sans jamais ou presque leur offrir davantage.
On sait que, rompant avec l’ancien monde du mensonge, notre actuel Président s’est fait fort de dire d’abord tout ce qu’il va faire, avant de faire ensuite tout ce qu’il a dit. Cela a pu être le cas dans d’autres domaines, mais certainement pas avec les retraités. En effet et sans doute par manque d’audace, le candidat n’a manifestement pas fait campagne sur le slogan peu porteur: « Je vais casser définitivement vos pensions, en mettant fin d’un coup tout à la fois à la garantie de leur pouvoir d’achat et à la solidarité intergénérationnelle ». S’il avait été franc et sincère, c’est pourtant bien ce thème-là que le candidat Macron aurait dû courageusement emboucher, mais au risque majeur il est vrai de ne jamais être élu. Or, comme tant d’autres avant lui qui pourtant ne se prétendaient pas « en marche », avec succès il a cyniquement préféré l’élection grâce au mensonge.
I – L’obsession fiscale est une maladie française Tout le monde sait ce qu’est une obsession sexuelle. Pour être moins banale, l’obsession fiscale, qui frappe seulement certains de nos milieux…
Voici quelques mois, nous n’étions pas beaucoup à l’annoncer et encore cette alerte ne provoquait-elle chez plusieurs que ricanements et incrédulité. Eh bien maintenant, nous y sommes! Cette fois-ci l’euthanasie financière des retraités est bien en marche. En plus, elle avance vite, elle est massive et brutale comme vient de le révéler le Premier Ministre dans sa déclaration du 26 août dernier au Journal du Dimanche, en faisant d’un coup voler en éclats la solidarité intergénérationnelle sur laquelle depuis la Libération repose l’essentiel de notre démocratie sociale.
Depuis notre étude sur les conflits d’intérêts, tous nos lecteurs savent quelle attention vigilante nous portons à cette question qui gangrène notre fonction publique et plus largement encore une bonne partie de notre secteur public. C’est dans le cadre de cette « veille », renforcée encore par la promesse d’une République irréprochable, que nous tenons à mentionner un « accroc » récemment signalé par le Monde (édition du 19 juillet dernier) en suite d’une révélation du Canard enchaîné et qui, pour être passé probablement inaperçu de la plupart de nos lecteurs, n’en est pas moins révélateur des rapports sinueux et ambigus que la Haute Fonction Publique entretient avec la notion de conflit d’intérêts. Et là, excusez du peu, l’affaire divise rien moins que la Cour de cassation, c’est-à-dire la plus haute juridiction de notre ordre judiciaire.
A peine avions-nous attiré l’attention de nos lecteurs sur l’ambiguïté de la promesse électorale du Président Macron: « Pour chaque euro cotisé, le même droit à pension pour tous », qu’un nouveau tweet présidentiel vient démontrer une fois encore combien, dans son souci de complaire à tous, la parole présidentielle est confuse et ambivalente.