Selon un récent article, l’actuelle montée de Ron DeSantis aux États-Unis confirmerait l’existence d’une deuxième vague « populiste », mieux organisée que le populisme de la première heure incarné par un Donald Trump, un Boris Johnson, un Matteo Salvini, ou un Bolsonaro, et entendant désormais s’inscrire dans la durée. Victor Orban, qui a enregistré son quatrième succès électoral d’affilée lors des législatives d’avril 2022, serait aujourd’hui le principal représentant de ce « populisme de gouvernement », courant auquel appartiendrait aussi Giorgia Meloni. Quelques semaines plus tôt, le journal Les Echos consacrait un article au gouverneur de Floride et rival de Donald Trump dans la course à l’investiture républicaine, intitulé « Ron DeSantis, le populisme 2.0 ».
On regrettera la tendance grandissante depuis quelques années, que l’on trouve y compris chez de fins commentateurs politiques, à diviser le monde contemporain entre les « internationalistes » d’une part, et les « populistes » ou « souverainistes » de l’autre. Déjà, en 2017, après le premier tour des élections présidentielles, l’essayiste Guy Sorman pouvait écrire que la principale ligne de démarcation politique (en France comme à l’étranger) était désormais celle qui séparait les « sociétés ouvertes » (fondées, précise-t-il, sur l’économie de marché, le respect des institutions internationales et des droits de l’homme, et l’acception d’un « État régulateur ») des « sociétés closes », qui en seraient l’exacte antithèse. Or lorsque Karl Popper opposait dans son livre La Société ouverte et ses ennemis (1945) les « sociétés ouvertes » aux « sociétés closes », il fallait entendre par là l’antagonisme fondamental entre démocratie libérale fondée sur la souveraineté de l’individu, et société totalitaire reposant sur le collectivisme. C’est à notre sens Hayek et Popper qui avaient raison : la vraie frontière passe entre le libéralisme et le collectivisme, entre les sociétés qui laissent leur marge de manœuvre aux individus, et les sociétés « constructivistes », assises sur l’ « ingénierie sociale », c’est-à-dire l’idée que l’État est fondé à orienter l’économie et à proposer un cap aux individus à travers la mise en place d’un « projet de société ». Cette dernière distinction nous paraît plus exacte que celle qui oppose « internationalistes » et « populistes , même s’il y a des recoupements entre ces notions. Le libéralisme doit avoir conscience de ses vrais ennemis pour mieux les vaincre.
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Excellent recadrage.