Il devait forcément être le « président des riches ». Une formule largement utilisée en France mais reprise fidèlement et à satiété aussi par les Démocrates américains qui s’opposent à la politique économique du président Trump. Or, presque trois ans après son élection, Trump semble devenir, selon le Wall Street Journal qui publie les données économiques les plus récentes, non pas l’élu des riches mais bien celui des … pauvres. Ce sont les indicateurs et les statistiques économiques qui le montrent. Il y a d’abord le taux de chômage à 3.7 %, le plus bas depuis 50 ans. Le Labor Department vient d’annoncer la création de 225 000 emplois en juin, largement au-dessus des prévisions, ce qui prouve qu’il n’y pas vraiment de ralentissement sur le marché de l’emploi. Les revenus ont augmenté de 3.1 % en moyenne depuis un an.
Emploi et chômage
L’été dernier, le premier ministre Édouard Philippe, saisissait le comité économique, social et environnemental (CESE) pour qu’il s’interroge sur l’avenir du travail à l’occasion du centenaire de l’organisation internationale du travail (OIT).
L’institution de la place d’Iéna a bien sûr obtempéré et a livré son avis il y a quelques semaines. Le document, intitulé « Les jeunes et l’avenir du travail », comprend deux parties. La première livre un état des lieux ; la seconde des préconisations dont l’ambition est de « construire la société de demain ».
Après le « redressement productif » d’Arnaud de Montebourg lors de l’acte I du quinquennat Hollande, du « pacte de responsabilité » lors de l’acte II, de la loi PACTE de Bruno Le Maire, il fallait bien – enfin ! – un « pacte productif » avec pour objectif le plein emploi en 2025 par la « reconquête industrielle » du pays. Le pacte nouveau avait été annoncé fin avril par le président Macron et le 19 juin une réunion s’est tenue à Bercy entre organisations syndicales, patronales et régions pour en dessiner les contours. Enième tentative, depuis plus de quarante ans, de gagner la bataille pour l’emploi, quelles sont ses chances d’atteindre sa cible ?
Toujours en manque d’idées et complètement opaques aux vraies réformes libérales dont la France aurait besoin, certains représentants du parti LR continuent à faire les mêmes propositions que la gauche utopique. Visiblement, ils n’ont tiré aucune leçon des européennes. Guillaume Peltier par exemple, numéro trois de LR, veut augmenter fortement le SMIC. Quel manque de culture économique !
M. Peltier devrait d’abord savoir qu’avec un rapport au salaire médian de 0,62, la France a déjà l’un des SMIC les plus élevés d’Europe. D’autres pays comme la Suisse, le Royaume-Uni, les pays nordiques, les Pays-Bas ou l’Allemagne n’ont pas de SMIC ou ils ont un SMIC très bas par rapport au salaire médian. Cela ne les empêche pas d’être riches et d’avoir un chômage deux à trois fois moins élevé qu’en France.
Malgré le cirque du Brexit, les Anglais créent deux fois plus d’emplois que la France !
Il y a quelques jours, le ministre Bruno Le Maire a fièrement annoncé la création de 93 000 emplois entre janvier et mars. L’an dernier, la France a créé 218 600 emplois. C’est bien, sauf qu’il faudrait comparer avec les autres pays.
General Electric : une entreprise est libre de licencier et de se restructurer !
La France est un curieux pays. La liberté contractuelle est hissée au rang de principe constitutionnel[[Cons. const., 19 déc. 2000, n° 2000-437 DC. Lire en ligne]]. Il en va de même pour la faculté de rompre unilatéralement un contrat à durée indéterminé[[Cons. const., 9 nov. 1999, n° 99-419 DC. Lire en ligne]]. En droit de la famille, le mouvement récent en faveur de la libéralisation du divorce a été accueilli comme un pas de plus vers la justice et le respect des volontés individuelles. Pourtant, en matière commerciale, le recours quelquefois indispensable à la séparation ne cesse d’être dénigré.
C’est le modèle social français qui détruit des emplois, pas les robots, ni l’IA, ni l’Europe, ni la mondialisation !
Parmi les boucs émissaires préférés de nos politiques figurent, on le sait très bien, la mondialisation, l’Europe, l’Amérique, l’ultralibéralisme, la Chine… considérés comme étant à l’origine des malheurs économiques et sociaux français. Depuis quelque temps, d’autres boucs ont fait leur apparition, que nos experts montrent du doigt à chaque occasion. Il s’agit de la robotisation de l’économie et de l’Intelligence artificielle. Beaucoup de ceux qui en parlent se transforment en marchands de peur et brandissent la menace des robots avec autant de conviction et de passion que même un Steven Spielberg ou un George Lucas seraient impressionnés. Les robots et l’IA disent-ils, vont remplacer l’humain et tout le travail sera fait par les machines. A la rigueur, pourquoi pas, si l’on peut trouver des robots pour nous décharger des taches quotidiennes et rendre notre vie plus facile.
Dans la légende antique, les Danaïdes furent condamnées, aux Enfers, à remplir sans fin un tonneau troué. Il en ira de même désormais pour les contribuables avec Ascoval. Cette histoire sans fin est celle de l’obsession idéologique du gouvernement. Décidée par le jugement de la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg ce jeudi 2 mai 2019 en faveur de British Steel, la reprise d’Ascoval représente un financement public français de 47 millions d’euros de fonds publics apportés par l’Etat (25 millions d’euros), la région Hauts-de-France (12 millions d’euros) et Valenciennes Métropole (10 millions d’euros). Mais au surplus, les fonds que doit apporter British Steel, soit 47,5 millions d’euros, risquent bien d’être payés par le contribuable anglais. En effet, aussitôt la décision du tribunal connue, British Steel a fait savoir qu’elle était elle-même au bord de la faillite et attendait une aide de l’ordre de 100 millions d’euros de la part du gouvernement anglais.
Taxer les contrats courts est une obsession d’Emmanuel Macron. L’idée figurait dans son programme présidentiel de 2017. Elle a été traduite dans la loi « Avenir professionnel », adoptée en août 2018, qui prévoit un système de bonus-malus pour les entreprises qui ont recours à ces contrats. La loi charge les partenaires sociaux de définir les modalités de ce bonus-malus.
L’article de Jean-Philippe Delsol est publié par le quotidien l’Opinion dans son édition du 16 mai.