« Taxez nos successions » ! Tel est le titre d’une tribune collective signée par 115 entrepreneurs et publiée dans le journal Les Échos du 9 janvier 2025.
Leur argumentation est simple : la crise écologique fait que les héritages, « quel qu’en soit le montant, ne garantiront pas une vie meilleure à nos enfants ». Le plus bel héritage que nous pouvons leur laisser, ce n’est pas de l’argent « mais une planète qui se régénère, après deux siècles d’exploitation intensive, ainsi qu’une cohésion sociale retrouvée ».
Ces entrepreneurs – comme Marc Batty (Dataiku), à l’initiative de cette tribune, Lucie Basch (Too Good To Go), Jean-Baptiste Rudelle (Criteo), Raphaël Di Meglio (Matera), Bertrand Altmayer (Marcel et Cityscoot), ou encore l’ancien ministre Éric O et Rodolphe Landemaine (des boulangeries éponymes) – pensent que « l’impôt sur les transmissions est actuellement très imparfait, si bien que les plus fortunés – « Top 1% » et a fortiori « Top 0,1% » – y échappent massivement, par des effets d’optimisation – assurance vie, donation du vivant, non-taxation des plus-values latentes, etc. – que certains d’entre nous ont utilisé ou utilisent encore ».
En s’appuyant sur une étude menée par la Fondation Jean Jaurès et le think tank Hémisphère Gauche, ils sont persuadés « qu’en réformant l’impôt sur les transmissions pour les patrimoines les plus élevés – seulement le Top 1% –, nous pourrions dégager en France plus de 400 milliards d’euros de recettes sur la période 2025-2040, afin de mieux répartir les richesses ou d’investir dans la transition écologique, la recherche et l’éducation, et préparer ainsi le monde que nous voulons léguer à nos enfants. Et cela sans rien changer pour 99 % des Français ! ».
Ainsi appellent-ils de leurs vÅ“ux une mise à contribution des grands patrimoines pour rendre « cet argent le plus utile au plus grand nombre », pourquoi pas « au travers d’une dotation universelle à 18 ans pour tous ».
Tout cela peut paraître bien généreux, c’est surtout complètement démagogique et contreproductif.
Observons tout d’abord que ces entrepreneurs ne demandent pas que leurs propres successions soient lourdement taxées, mais celles de tous ceux qui représentent ce qu’ils appellent le « Top 1% ». Si nous comprenons bien, ils acceptent d’être imposés si leurs semblables le sont également.
Soulignons ensuite qu’ils dénoncent les mécanismes d’optimisation fiscale qu’ils reconnaissent utiliser. Pourquoi le font-ils ? Personne ne les a obligés à utiliser l’assurance-vie, ils auraient pu placer leur argent en immobilier lourdement taxé (et en donner l’usufruit à des associations logeant des personnes en situation de précarité, par exemple). Ils pourraient aussi faire de substantiels dons à des associations (sans réclamer la réduction d’impôt qui peut y être associée). Signalons au passage que l’assurance-vie est transmissible à des non-héritiers. Les signataires de la tribune peuvent donc faire leur propre « dotation universelle » à des jeunes de 18 ans sans l’intermédiaire de l’État dont nous savons qu’il en serait un mauvais gestionnaire.
Il aurait été plus judicieux de réclamer la liberté de tester. Ainsi nos généreux entrepreneurs pourraient-ils transmettre leur capital à qui bon leur semble : fondations, associations (existantes ou qu’ils créeraient eux-mêmes), et même parfaits inconnus et être ainsi taxés aux taux actuels (60% entre personnes non parentes).
9 commentaires
Et si l’on ne taxait pas lourdement la succession d’entreprises , il est probable que cela rapporterait beaucoup plus , dans le temps.
Toujours plus à gauche.
Des gugusses en mal de publicité ?
Que de bon sens dans cet article!
Et tout ça “pour la planète”!
Qu’ils copient 100 fois:
-La France n’est que pour 0,85% dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre”.
-La France n’est que pour 0,85% dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre”.
-La France n’est que pour 0,85% dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre”.
…
Ils sont libres de faire des donations à l’Etat si ça les chante, ces andouilles, non ?
Hypocrisie dans l’attitude bien sûr, mais aussi grande naïveté, pour ne pas dire bêtise, dans la démarche : plus de taxe = plus de gaspillage de la fonction publique. Autant donner de l’argent (des autres ?) à un alcoolique pour qu’il se soigne.
Merci de les citer, je vais les boycotter (et tenter de le faire) ! Une telle déclaration -fumiste- de leur part, qui de plus ne les concernerait pas est tout simplement scandaleuse !
Quels crétins et on va les écouter ?
Ils sont libres de faire donation de leurs biens à l’état qui a toujours fait preuve d’une saine gestion, comme nous pouvons le constater tous les jours.
Pas besoin de faire une loi pour ça. Ce sont justes des tartuffes.
Laissez mois libre de juger de ce que je dois faire.