Philippe Nemo s’élève à juste titre contre l’irréflexion fiscale et tente d’y remédier avec talent. A la conception socialiste qui considère l’impôt comme un outil de redistribution de la richesse illégitime des riches, il oppose la conception libérale selon laquelle l’impôt est la contrepartie des services publics offerts par l’Etat dans le cadre d’un contrat implicite. Il fait ainsi reposer la fiscalité sur les principes anciens de la justice fiscale commutative, celle d’un échange égal entre parties libres, voire de la justice distributive, plus adaptée aux communautés restreintes d’autrefois, respectueuse d’une répartition proportionnée aux mérites et qualités de chacun.
Chroniques de livres
Serge Schweitzer et Loïc Floury aux Editons Presses Universitaires d’AIX-MARSEILLE. Préface de Pierre Garello, administrateur de l’IREF
Jean-Marc Daniel, professeur d’économie à l’ESCP Europe et chroniqueur pour BFM Business et les Echos entreprend une revue de la construction du système fiscal français.
Quoique la présentation commence au Moyen-Âge et passe par la révolution, c’est à partir de 1958 que le travail porte. Malgré des précisions techniques nombreuses, l’ouvrage reste agréable à lire, même si assez déprimant.
Mais pourquoi les candidats à la présidentielle n‘ont-ils pas lu cet essai ? Ils auraient compris – la plupart d’entre eux – que le pire ennemi de la société française est bien l’Etat et non pas le libéralisme, le libre-échange ou la mondialisation. L’Etat français est obèse et impotent à la fois. Les politiques l’utilisent à volonté en le sacralisant : point de salut en dehors de l’Etat ! Il est la réponse à tous les problèmes. Le pire c’est qu’on a vraiment habitué les Français à faire appel à lui. Au niveau local, tout candidat – et l’auteur en sait quelque chose – est assailli de demandes personnelles.
« L’individualisme, voilà, vous dis-je, le fléau ! », écrivait en 1995 Jean-François Revel dans un éditorial publié dans Le Point. Depuis, les choses ont-elles changé ? Lors du débat à 11 pour la présidentielle, un seul candidat a prononcé le mot « liberté » et aucun le mot « individu ». Pourtant, ils auraient pu le faire s’ils avaient lu l’excellente anthologie publiée fin 2016 par le philosophe Alain Laurent. De Montaigne à Mario Vargas-Llosa, en passant par Tocqueville, Constant, Kierkegaard, Ibsen, Popper et bien d’autres grands noms de la littérature et de la philosophie, l’ouvrage réhabilite le terme d’individualisme en rappelant qu’il s’agit d’abord d’un refus du conformisme. Etre « individualiste » c’est avoir un esprit révolutionnaire et autonome face à l’idéologie communautariste.
Voici un livre qui devrait inspirer les candidats. Réformes et création d’emplois n’ont rien d’incompatible. C’est ce que démontre brillamment, chiffres et statistiques à l’appui, Nathalie Droal, chargée d’études à l’IRDEME (Institut de recherche pour la démographie des entreprises) créé par l’infatigable Bernard Zimmern. Que pourraient trouver nos politiques dans ce livre ? Tout d’abord le constat que l’ancien Premier ministre David Cameron a supprimé 800 000 postes de fonctionnaires tout en facilitant l’émergence de 2.5 millions d’emplois privés. En France, sous la présidence de François Hollande le solde est un peu différent : 600 000 chômeurs supplémentaires (et beaucoup plus si l’on tient compte de ceux que le découragement pousse à se désinscrire du chômage, du travail à temps partiel, etc…). Aujourd’hui donc, à population égale, le Royaume-Uni a 6 millions d’emplois privé de plus que la France !
« Vade retro, conservator ! », est le mot d’ordre de la gauche bien-pensante mais aussi de la droite frileuse. Pourtant, ceux qu’on désigne comme « conservateurs » avec mépris sont aussi ceux qui ont fait l’Histoire de la France. Le talentueux journaliste et essayiste Guillaume Perrault leur rend hommage et réhabilite avec brio les valeurs du conservatisme. En quoi le respect des traditions ou l’amour pour la famille seraient-ils ringards ? Pourquoi ne cesse-t-on de caricaturer et de diffamer des comportements qui sont pourtant tout à fait sains et naturels ? La génération de mai 1968 a transformé des valeurs en tares et des qualités en défauts incorrigibles.
Thierry Afschrift, avocat fiscaliste à Bruxelles et ancien membre du conseil d’administration de l’IREF, publie aux Belles Lettres un ouvrage dont le titre, La tyrannie de la redistribution, est explicite par lui-même. Il y fustige allègrement « cet Etat fort…omniprésent dans la vie de chacun… qui veut guider notre vie à tous ». Il dénonce la perte en ligne de cette distribution généralisée des Etats modernes, et spécialement de la France, au profit d’une caste qui s’est approprié le pouvoir et des innombrables catégories de contribuables qui, en échange de la promesse éphémère de leur vote, en profitent indument sous forme d’avantages fiscaux, subventions ou autres privilèges de toutes sortes. Le système renforce sans cesse le pouvoir lui-même, indépendamment de ses titulaires, et s’immunise contre toute remise en cause en multipliant ses bénéficiaires et en les contrôlant chaque jour un peu plus pour prévenir toute tentative de libération.
Comment se fait-il que le gaullisme est devenu aujourd’hui la référence suprême de toutes les personnalités politiques ? De Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, en passant par François Bayrou, tous, presque sans exception, se réclament du général. Dans un brillant essai, Eric Brunet explique les dangers de cette vénération injustifiée et ses dangers pour la France.
Karine Charbonnier , Albin Michel, 2016
On devrait instituer une sorte de Légion d’honneur pour les patrons. Diriger une entreprise dans la France d’aujourd’hui relève de l’exploit et ceux qui le font mériteraient d’être récompensés. Entre la fiscalité et les réglementations, les syndicats et les politiques, les salariés malhonnêtes et les clients de mauvaise foi, le chef d’entreprise essaie de s’en sortir. Certains ont la patience de le faire, d’autres choisissent l’exil et les délocalisations, surtout maintenant à l’époque de la mondialisation.