Interview avec Jean-Philippe Delsol sur Atlantico (13 février) à propos de l’impact du COVID-19 sur les inégalités dans le monde. Lire
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Jean-Philippe Delsol
Docteur en droit et licencié ès lettres, Jean-Philippe Delsol est avocat au Barreau de Lyon spécialisé en droit des sociétés et fiscalité internationale. Fondateur du cabinet Delsol Avocats, il est Président de l’IREF. Auteur de plusieurs livres, dont « A quoi servent les riches », il est un interlocuteur privilégié des médias sur les sujets touchant à la fiscalité, au patrimoine et à l’entreprise. Autres ouvrages publiés : Au risque de la Liberté (FX de Guibert, 2007), Pourquoi je vais quitter la France (Tatamis, 2013), Anti-Piketty (libréchange, 2015), L’Injustice fiscale (Desclée de Brouwer, 2016), Eloge de l'inégalité (Manitoba/les belles lettres, 2019), Civilisation et libre arbitre, Desclée de Brouwer, 2022
Un accord commercial de libre échange a été signé entre l’Union européenne et le Vietnam à effet du 1er août 2020. Il prévoit à terme l’élimination de la quasi-totalité des droits de douane entre les deux parties. Il stipule des engagements du Vietnam relatifs au climat, à la protection des forêts, au droit des animaux et des relations au travail, mais rien en matière de droits de l’homme. Hélas, depuis lors, la répression n’a jamais été aussi forte au Vietnam contre les opposants au communisme.
Il y a en France environ 750 000 personnes âgées vivant en Ehpad ou autres maisons de retraite. Par une note en date du 19 janvier 2021 les ARS ont enjoint ces établissements médicaux-sociaux de renforcer les mesures de sécurité en leur sein. Ils ont en particulier prescrit que dans tous les établissements, les sorties dans les familles et pour des activités extérieures soient suspendues jusqu’à nouvel ordre. Ce sont donc 750 000 prisonniers assignés à résidence par diktat technocratique.
Une simple décision administrative pourrait donc décider de la liberté des personnes âgées, et pourquoi pas demain des enfants, des handicapés et bientôt de nous tous. C’est le début du despotisme. Les Ehpad sont transformés en maison d’arrêt pour innocents. C’est la prison Saint Lazare sous la Terreur. Le prétexte est que le virus évolue, mais comme il évolue sans cesse, il se pourrait que tous les résidents meurent avant d’avoir été libérés de ces mesures de coercition. Est-ce acceptable ?
A dire vrai, les Ehpad sont complices de cet enfermement auquel ils consentent sans se poser de questions. Car s’ils s’en posaient, ils remettraient de telles décisions en cause.
C’est un peu moins mauvais que prévu dans la 4ème loi de finances rectificative, mais c’est néanmoins cauchemardesque. Le déficit du budget de l’Etat français en 2020 représentera environ 178 Md€. Il faudra y ajouter le déficit de la Sécurité sociale, y compris des caisses de retraite et de chômage, et les conséquences sur les collectivités locales, qui ne sont pas encore connues. Sachant que selon un rapport de la Cour des comptes d’octobre 2020 le déficit cumulé du régime général de la Sécurité sociale et du fonds de solidarité vieillesse devrait atteindre 44,4 Md€ en 2020 (contre 1,9 Md€ en 2019 et 28 Md€ en 2010, à la suite de la crise financière), et que les régimes de retraite et d’assurance chômage devraient cumuler près de 45 Md€ supplémentaires de déficit, le déficit global des finances publiques devrait en 2020 représenter plus de 100% des recettes fiscales de l’Etat. Bien sûr il faut s’endetter toujours plus pour y faire face.
Loi Séparatisme et Charte de l’islam de France : l’islam peut-il vivre à l’écart de la politique ?
Le projet de loi contre les séparatismes en cours d’examen depuis ce 18 janvier à l’Assemblée nationale a un objectif ambitieux et bienvenu. Son préambule observe à juste titre qu’« Un entrisme communautariste, insidieux mais puissant, gangrène lentement les fondements de notre société dans certains territoires. Cet entrisme est pour l’essentiel d’inspiration islamiste. Il est la manifestation d’un projet politique conscient, théorisé, politico religieux, dont l’ambition est de faire prévaloir des normes religieuses sur la loi commune que nous nous sommes librement donnée. Il enclenche une dynamique séparatiste qui vise à la division ». Fort de ce constat, il se propose de renforcer l’arsenal juridique nécessaire pour agir à l’encontre de ceux qui veulent déstabiliser notre pays par un travail de sape qui « concerne de multiples sphères : les quartiers, les services publics et notamment l’école, le tissu associatif, les structures d’exercice du culte. Il s’invite dans le débat public en détournant le sens des mots, des choses, des valeurs et de la mesure ». Le propos est courageux.
Les révolutionnaires ne désarment jamais parce qu’ils vivent de leurs combats et de leurs fantasmes. Quand ils ne peuvent pas se porter sur le terrain politique, ils investissent d’autres champs d’action. Depuis le marxiste italien Gramsci, ils ont compris que la conquête du pouvoir exigeait d’y préparer les esprits, notamment au travers d’une nouvelle emprise culturelle. Et c’est sans doute ce qui anime la fureur dévastatrice de toutes cultures qui sévit à travers le monde.
Le Digital Markets Act (DMA) défendu par Thierry Breton a pour objectif d’assurer une concurrence loyale entre les acteurs du numérique. Mais, paradoxalement, il pourrait freiner la diversité des offres proposée aux clients et obliger les géants du numérique à rendre payant certains de leurs services, estime Jean-Philippe Delsol.
La Commission européenne a publié, le 15 décembre, les projets de deux règlements, le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA), qui doivent permettre la mise en œuvre d’un nouveau cadre de régulation des grandes entreprises numériques, les GAFA notamment. L’objectif est de parvenir à l’adoption de ces projets début 2022.
Il faut prendre conscience que ce foisonnement réglementaire que nous inventons sans compter pour nous protéger risque aussi de nous pénaliser.
Le pouvoir de la destruction créatrice, par Philippe Aghion, Céline Antonin et Simon Bunel, Odile Jacob, 2020
La destruction créatrice fait référence bien sûr à Schumpeter qui, à regret d’ailleurs, ne croyait plus à l’avenir du libéralisme. Pourtant, 70 ans après la mort de Joseph Schumpeter, Philippe Aghion et ses acolytes actualisent avec talent le principe de destruction créatrice selon lequel l’innovation assure un renouvellement incessant des technologies, des entreprises et des emplois qui est le moteur efficace du capitalisme. Certes, les auteurs de cet ouvrage, avec Schumpeter, se trompent, de mon point de vue, sur la nature même de toute dynamique économique humaine. En effet, alors que Schumpeter considérait que le capitalisme allait mourir parce que les petites et moyennes entreprises seraient remplacées par des monstres bureaucratiques, ce nouvel ouvrage a la prétention de surmonter l’obstacle en demandant à l’Etat de « protéger le capitalisme contre le capitalisme ». Les auteurs sont indûment pessimistes à l’excès sur la capacité des hommes à s’autoréguler dans un marché libre. Ils ne voient pas suffisamment que c’est souvent déjà la bureaucratie étatique qui installe des monopoles et crée des entraves réglementaires à l’innovation et à la régulation naturelle du marché.
Il a été la risée de l’Europe, mais finalement Boris Johnson est parvenu à ses fins. Le Royaume-Uni sort de l’Union européenne et y retrouve presque tous les avantages économiques de l’Europe sans les contraintes qui l’ont décidé à en sortir lors de son référendum de 2016.