Dans son discours de politique générale du 1er octobre, l’ex-Premier ministre Michel Barnier avait déclaré qu’il était prêt à ouvrir une « réflexion sans idéologie » sur la représentation proportionnelle. Le 26 novembre, il a annoncé l’ouverture d’un « chantier ». Puis, le 29, il a confirmé la mission donnée au politologue Pascal Perrineau « d’évaluer toutes les options possibles permettant d’introduire la proportionnelle dans le scrutin législatif » afin de permettre le dépôt d’un projet de loi au printemps 2025, tout en ajoutant de manière elliptique que la réforme devrait « respecter l’esprit des institutions de la Ve République ».
Nombre de commentateurs ont vu dans cette annonce un appel du pied au Rassemblement national (RN). Il faut cependant avoir à l’esprit que, d’Emmanuel Macron à François Hollande en passant par François Bayrou, une grande partie de nos hommes politiques soutient l’instauration de la représentation proportionnelle ou, du moins, la précision n’est pas anodine, d’une « dose » de celle-ci aux élections législatives.
Les constitutionnalistes en cours ou médiatiques forment un large tir groupé pour plaider en faveur du changement de mode de scrutin, si bien que l’on peut dire de manière amusée que tout le monde est, a été, ou sera partisan de la proportionnelle…
Aucun mode de scrutin n’est parfait
Les termes du débat sont connus. Le scrutin majoritaire est traditionnellement considéré (à l’image tout aussi classique de la droite…) comme efficace, mais injuste. Si ce n’est que, aujourd’hui, il n’est plus censé remplir la première qualité, les dernières élections n’ayant même pas donné une majorité relative. L’affaire est donc entendue, il faut enfin instaurer une proportionnelle et seul fait encore débat sa nature : intégrale ou pas, avec un seuil ou pas, avec une prime majoritaire ou pas, dans un cadre national ou pas ?
Précisons en liminaire qu’aucun mode de scrutin n’est parfait, car la nature humaine est elle-même imparfaite. Précisons également qu’un mode de scrutin ne fait pas tout. Il interagit notamment avec le système de partis.
Ces précisions étant faites, l’objectif est de rechercher le mode de scrutin, sinon le meilleur, en tout cas le moins mauvais. Et pour cela, quoi qu’en ait dit Michel Barnier, il faut verser dans l’idéologie, au sens non pas d’une pensée totalitaire, mais d’un système de pensée cohérent.
En ce sens, nous n’avons pu réfréner un sourire lorsque nous avons lu sous la plume d’un héraut de la représentation proportionnelle très cathodique que celle-ci aurait été « diabolisée sous la Ve République pour des raisons plus idéologiques que scientifiques », alors que les partisans du scrutin majoritaire auraient une « vision dogmatique et un peu obscurantiste ».
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