Aux multiples exploits français, on peut rajouter l’énorme coût des transports publics. Et parmi ceux-ci, les TER (Transport Express Régional) sont sûrement les champions. C’est ce qui ressort du dernier rapport de la Cour des comptes qui confirme d’ailleurs des travaux sur le même sujet publiés par l’IREF.
SNCF
Encore un rapport qui accable la SNCF. Selon l’Autorité de la qualité de service dans les transports (AQST), un train sur six n’arrive pas à l’heure, les annulations de TGV ont ainsi augmenté de 6,8%, un taux qui se hisse à 13,3% pour la seule ligne Paris Nord-Arras. On peut également constater une hausse importante des retards, dont le taux atteint 17,8%, contre 15,4% en 2017.
Dette de la SNCF : plus d’un SMIC par ménage français !
Le gouvernement a proposé une réforme de la SNCF, nécessaire au vu des comptes déficitaires de cette société publique. Alors qu’elle reçoit plus de 13 Mds € de subventions annuelles, elle a accumulé une dette de 50 Mds € tout confondu (SNCF réseau et SNCF mobilités).
Annoncée en grande pompe, la prétendue « réforme » de la SNCF était déjà très loin de ce qu’avaient fait d’autres pays dans le secteur ferroviaire afin de préparer l’ouverture à la concurrence. Aujourd’hui, cette réformette risque même de faire un très gros pschitt.
Selon plusieurs médias, ça devait être un « bing bang », comme la plupart des réformes annoncées par Emmanuel Macron et le gouvernement d’Edouard Philippe. Mais le « bing bang » n’est, pour le moment, qu’un assez décevant « pschitt ».
Il y a eu beaucoup de bruit autour du rapport Spinetta consacré à la réforme de la SNCF pour son ouverture à la concurrence d’ici 2023. Il n’y avait pourtant pas de quoi. Le rapport confirme en grande partie ce que tout le monde savait, après des dizaines d’autres rapports et des centaines d’articles et de livres. Le gouvernement répond en annonçant la fin des recrutements au statut de cheminot. Sera-t-il suffisant ?
Cumulant une dette supérieure à son chiffre d’affaires malgré un total de subventions 28 000 millions €[[L’État verse à SNCF Réseau des subventions d’exploitation ainsi que des subventions d’investissement dont 26 807 milliards € en 2016 sont inscrites au bilan qui viennent compenser les capitaux propres négatifs, le reste étant des subventions d’exploitation au titre de l’année 2016]], une situation de monopole et des facilités comptables, la SNCF est une société exsangue qui ne trouverait pas beaucoup de soutien si elle était privée. Son chemin boursier ressemblerait alors probablement à celui de THOMSON.
Début octobre, l’Etat et la SNCF (c’est-à-dire les contribuables) ont sauté au secours de l’entreprise Alstom en annonçant un plan d’aide 700 millions d’euros afin de préserver environ 500 emplois. Cela revient à 1 400 000 euros/emploi ! Même en ne prenant que le surplus des commandes normales de trains ordinaires que la SNCF aurait dû commander, cela fait encore beaucoup d’argent.
La SNCF est une entreprise endettée et sous perfusion d’argent public. L’ouverture à la concurrence devrait s’accompagner d’une restructuration en profondeur de l’entreprise publique.
Lucas Léger, chargé d’études à l’IREF, publie « Le chiffre des experts » dans Le Figaro Magazine du 27 février.