Philippe de Villiers semble connaître un grand succès avec son dernier ouvrage, Mémoricide. Malheureusement, il massacre le libéralisme et travestit son histoire.
Il semble que le dernier livre de Philippe de Villiers (Fayard, 2024) se soit vendu à des dizaines de milliers d’exemplaires. Son titre étrange, Mémoricide, renvoie selon ses termes à une France victime de « l’ablation de sa mémoire » et de la « spoliation de ses souvenirs ». On attendrait donc de la part de l’auteur un minimum d’honnêteté intellectuelle et de connaissances en matière de libéralisme aussi. Or, force est de constater que l’ancien homme politique et énarque ne comprend absolument rien au libéralisme et qu’il fait tout particulièrement preuve d’une méconnaissance du XIXe siècle.
En effet, Philippe de Villiers qualifie la mondialisation de « drame humain, car elle a détruit le lien entre le capital et le travail ». Or, « quand le travail a un sens », il faut accepter « la primauté du travail sur le capital ». Ces deux phrases (page 199) témoignent d’une double ignorance : de l’économie en général et des bienfaits de la « mondialisation » de l’autre. Mais le mieux est à venir.
Page suivante, l’ancien homme politique accuse le « capital » d’aller chercher le travail le moins cher du monde par la délocalisation et l’immigration. Il s’auto-congratule pour avoir dénoncé dès 1994 le « libre-échange mondial », retrouvant ainsi « la fibre des dénonciateurs du capitalisme libéral qui avait dénaturé le travail et réinventé un esclavage des plus faibles au XIXe siècle ». Dénonciateur du « capitalisme spéculatif » et d’un « gigantesque système d’exploitation », il éreinte une « mondialisation qui déplace la question de l’esclavage ». « On n’hésite pas à déraciner pour mieux exploiter chez nous ». « Où sont, demande-t-il indigné, les docteurs Villermé de notre temps ? » (page 200).
L’ignorance encyclopédique de Philippe de Villiers sur ces questions est stupéfiante. Il ne suffit malheureusement pas de vagues propos et d’affirmations à l’emporte-pièce pour emporter la conviction. S’il avait un tant soit peu étudié la question, il se serait demandé pour quelle raison les pauvres immigrés viennent aujourd’hui en France se faire « exploiter ». C’est peut-être que leur sort est autrement enviable dans notre pays… De même, en reprenant de manière implicite les élucubrations de Friedrich Engels (La Situation de la classe ouvrière en Angleterre, 1844), ce qui ne manque pas de piquant, il oublie de se demander pourquoi les campagnards au XIXe siècle se ruaient dans les usines des villes sinon parce qu’ils y trouvaient un intérêt. S’il avait étudié le sujet, il saurait que Louis-René Villermé était… libéral et par conséquent libre-échangiste, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, un repaire des conservateurs et des libéraux. S’il avait lu (comme le signataire de ces lignes) l’intégralité du rapport Villermé de 1840, il saurait que celui-ci a depuis longtemps été caricaturé en en extrayant de manière orientée quelques extraits. Mais encore faut-il prendre connaissance des 700 pages dudit rapport plutôt que de disserter sans érudition… Philippe de Villiers saurait aussi que le « paupérisme », puisque c’est de cela qu’il s’agit, est un mythe socialiste et marxiste. A fortiori la « paupérisation ». Nous nous permettons de renvoyer nos lecteurs à notre ouvrage Exception française (Odile Jacob, 2020) dans le quel nous traitons en détail du prétendu « paupérisme » en France et en Angleterre.
Laissons le dernier mot aux libéraux autrichiens qui ont ridiculisé la thèse de Engels. Et plus précisément à Ludwig von Mises dans son maître-ouvrage L’Action humaine, dont sans doute notre Vendéen n’a jamais non plus entendu parler : « L’ouvrier américain ordinaire jouit d’agréments que Crésus, Crassus, les Médicis et Louis XIV lui eussent enviés ». Et d’ajouter de manière politiquement non correcte : « Le capitalisme a déversé une corne d’abondance sur les multitudes de salariés qui fréquemment ont fait leur possible pour saboter l’adoption de ces innovations qui ont rendu leur vie plus agréable ».
17 commentaires
Oui ne vous en déplaise.
Le livre de Philippe de Villiers remporte un FRANC succès.
Plusieurs milliers d’exemplaires ont été écoulés.
De surcroît toujours numéro UN des ventes en librairie.
Preuve de l’intérêt que porte les FRANÇAIS à Philippe de Villiers qui a une stature de Chef d’état et à son discours.
Votre article à charge est pathétique à souhait.
Nous y voyons clairement votre positionnement idéologie.
Bien cordialement
Monsieur,
Le fait de remporter un “franc” succès est une chose, le fait de dire n’importe quoi sur le libéralisme en est une autre.
Me Jean-Philippe Feldman
la mondialisation n’est PAS un drame humain à l’échelle du monde mais pour le souvriers français.. s’y opposer est dire je protege un ouvrier français en lésant un consommateur…et en empêchant des pauvres de faire valoir leurs moindres exigences salariales..
mais bon on tolère les syndicats… qui protège les ouvriers des prétentions des chômeurs..on tolère le salaire minimum etc etc…
bah…
Cher Monsieur,
Il n’y a pas d’approximation chez Philippe de Villiers. Les ruraux ont dû rejoindre les villes parce qu’ils ont cédé aux sirènes de recruteurs venus les chercher jusque dans les campagnes reculées. Aujourd’hui, ces recruteurs vont faire fortune en Afrique après avoir profité des travailleurs asiatiques. Les descendants de ruraux trompés grossissent les rangs de LFI. Aujourd’hui deux salaires ne suffisent plus à mettre à l’abri une famille. Pour compenser, ce sont les impôts de la classe moyenne qui financent les aides déversées, y compris la CMU financée par les mutuelles dont les coûts ont explosé.
Non cher Monsieur, vous ne réussissez pas à salir la parole d’un homme qui a tant fait pour son pays et précisément pour les vendéens. Je vous souhaite d’en faire autant.
Les ruraux sont venus au XIXe siècle dans les villes car ils y voyaient un intérêt. Il ne faut pas prendre les gens, fussent-ils pauvres ou sans instruction, pour des demeurés. Ils étaient pour beaucoup misérables dans les campagnes, ou ils n’avaient aucune perspective tangible d’avenir, sans parler du manque de distractions.
Me Jean-Philippe Feldman
La critique de Philippe de Villiers se base sur la grille idéologique du libéralisme pour conclure qu’il ne l’est pas tout en stigmatisant une ” supposée” ignorance. Ce discours n’est pas convaincant parce qu’il faut partir des faits, certes il faut admettre que la mondialisation a fait sortir certains pays de la misère mais sur des modèles beveridgiens ou bismakiens,généralement centrés sur la nation. Mais le texte ne répond pas à la question fondamentale de la déconnexion du capitalisme financier d’avec le capitalisme d’investissement industriel, classique avec retout lent et modeste sur investissement alors même que la finance mondialisée( avec les effets pervers qui l’accompagnent) est devenue à elle -même sa propre fin. Pire enfin le néocapitalisme entend bien se passer de la démocratie et de l’état nation, et le divorce est consommé entre le marché et la démocratie.
https://politiquemagazine.fr/monde/un-neocapitalisme-pour-le-xxie-siecle
Il y a bien longtemps qu’on sait que M. Philippe de Villiers n’est pas un libéral. C’est un nostalgique de la France d’avant la révolution. Il ignore que la prospérité de l’occident vient de l’économie de marché. Il pense que l’Etat est à l’origine de tout. Bref, ce n’est pas sur lui qu’il faut compter pour faire progresser le libéralisme en France !
C’est assez piquant de lire que Villiers ne serait pas libéral et que pour lui tout procède de l’état car il a crée le Puy du Fou sans aide, sans subvention quasiment sans argent.
le fait d’être nostalgique d’une France du passé ne renvoie pas toujours à Louis XIV, cela dit si on parle rayonnement de la France..il faudra chercher ailleurs en ce moment.
Il explique que la France s’effondre, ce qui est évident….libéralisme ou pas!!
Mr Feldman
Donc, d’après vous Mr De Villiers serait un ignare , n’ayant que des connaissances erronées !
Il est vrai que son CV est bien vide !
Heureusement que vous êtes présent pour remettre les pendules à l’heure
Vous m’avez mal lu. Je dis que Philippe de Villiers n’y connait rien en matière de libéralisme et qu’il ne s’y connaît pas plus dans l’histoire de France du XIXe siècle sur les plans économique et social. Je ne parle pas des autres domaines.
Me Jean-Philippe Feldman
Votre commentaire est totalement ideologique et me fait penser aux commentaires des communistes des années 60, la question n’est pas de savoir si Villiers est libéral mais celle de savoir ce qui est bon pour la France. Soit dit en passant le Puy du Fou est une création de la liberté sans subvention publique et votre aveuglement ideologique vous le fait oublier. On ne sache pas que l’esprit d’entreprise ait été absent de cette fondation, celui-là même qui fut à l’origine du Take off de l’Occident plus que le marché pris comme un paradigme de l’absolu économique.
Le vicomte a d abord une culture nationale militaire qui a fondé la France avec l épée et du point de vue d un militaire qui structure la nation française et est le seul recours en temps de crise et de guerre la nation est prioritaire et l économie même libérale doit être d abord au service de la nation et non d une économie mondiale dite libérale d ailleurs le retour des nations est évident aujourd’hui ainsi que la diplomatie des nations et non des empires comme l Europe prétends l être
Vous résumez son livre à la seule partie économique qui reste un sujet très large avec de grandes oppositions théoriques et pratiques selon les écoles. Dans l’ensemble, un ouvrage plein d’intelligence et d’érudition qui connait une grande diffusion au grand dam de ses détracteurs souvent invisibles et un peu jaloux.
Ma critique ne concerne que l’aspect traité dans ma pendule, pas les autres domaines.
Me Jean-Philippe Feldman
Vous semblez aimer les grands mouvements d’immigration en occultant totalement les effets secondaires nocifs de déstabilisation (y compris au XIXème siècle). A une société sereine stable au développement paisible, sans exploitation capitalistique éhontée des humains, vous semblez préférer un bazar désordonné de la marchandisation humaine.
Je ne comprends pas votre commentaire. Il n’y a pas d’immigration en France jusqu’au milieu du XIXe siècle, sauf de manière résiduelle. Et le taux d’immigrés reste très modéré jusqu’à 1914.
Le “capitalisme” est peut-être une “exploitation éhontée”, mais les gens mourraient de faim encore sous Louis XIV au début du XVIIIe siècle et on vivait globalement très mal jusqu’à la fin du XVIIIe avec un grand retard par rapport à l’Angleterre, “victime” de l’ignoble “capitalisme”.
Me Jean-Philippe Feldman
Me Jean-Philippe Feldman
La plupart des commentaires illustrent combien les fondamentaux du libéralisme et du capitalisme sont encore ignorés, même de ceux qui lisent un site libéral. S’il est parfois difficile de vivre en France avec deux salaires, ce n’est pas la faute du capitalisme, c’est parce que la moitié du salaire réel est amputé de force par des charges délirantes. Autrement dit, le socialisme, même si on dissimule soigneusement son étiquette sous celle de “démocratie sociale”. Système auto-destructeur qui prend pour prétexte nos besoins de sécurité (défaillante), de santé (en ruine), d’instruction (nulle), de retraite (étique), et qui ne sert finalement qu’à faire subventionner les flemmards par ceux qui créent des richesses.