Le secteur de l’aérien est devenu l’un des boucs émissaires préférés de nos politiques. En janvier, la taxe sur les billets d’avion a triplé. Pour Philippe Tabarot, ministre des Transports, le secteur doit « prendre sa part du sacrifice ». Conséquence prévisible : la compagnie Ryanair a déclaré qu’elle allait déserter certains aéroports. Dans un courrier adressé au directeur de celui de Vatry, elle a dénoncé « la décision à courte vue du gouvernement français de plus que doubler les taxes passagers qui étaient déjà excessives » et a annoncé le transfert de ses activités « vers des aéroports concurrents dans des pays moins chers ». Ce n’est pas une surprise : Michael O’Leary, son PDG, s’était déjà plaint du fait que la France agisse « à contre-courant ».
Certains médias, notamment ceux de France Télévisions, parlent de « représailles », mais il s’agit d’une décision tout à fait rationnelle d’un point de vue économique, pour une compagnie dont le modèle repose sur le low-cost. Elle est la conséquence directe de l’idéologie anti-avion qui a très peu d’ancrage dans la réalité. Voici pourquoi.
Un impact écologique marginal
L’aviation ne représente que 2,5 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Certes, la demande a quadruplé entre 1990 et 2019 et elle devrait continuer à croître. Mais pendant cette même période, la technologie ayant considérablement progressé, les aménagements intérieurs et les taux de remplissage aussi, les avions sont devenus deux fois plus économes en énergie. La consommation d’un passager-kilomètre a diminué de plus de moitié, de 2,9 mégajoules (MJ) en 1990 à 1,3 MJ en 2019.
Certes, l’aviation est l’un des secteurs les plus difficiles à décarbonner. Cependant, de nombreuses initiatives voient le jour pour réduire son empreinte. Airbus a lancé l’avion H2 à hydrogène, des entreprises comme Destinus développent des avions hypersoniques « zéro carbone », des carburants « durables » (SAF), fabriqués à partir de ressources non fossiles, sont à l’étude et il est probable que des avions hybrides électriques voleront bientôt. Il faudra encore du temps pour que toutes ces innovations soient déployées à grande échelle, mais elles sont prometteuses. En attendant, le nombre de passagers devrait atteindre un record de 5 milliards en 2025 et c’est heureux : c’est aussi le signe d’un enrichissement des populations.
Des politiques schizophrènes
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les coûts de touchée en France (ensemble des coûts liés à l’atterrissage d’un aéronef) sont relativement faibles par rapport à ceux des autres pays européens : 33,5 € en moyenne par passager vs. 67,8 € aux Pays-Bas, 57 € en Autriche ou 50,1 € en Allemagne en 2023. Le surcoût français tient moins aux frais techniques qu’à l’importance des taxes qui en représentent la plus grosse part – jusqu’à 58 % des coûts de touchées. Cela inclut, notamment, la taxe de carburants durables, la taxe de solidarité, la taxe d’aéroport, les redevances aéroport/passagers, la taxe d’aviation civile, la TVA sur les taxes et surcharges… Il en existe d’autres qui n’apparaissent pas sur le billet comme la TVA, les redevances aéroport/avion, les redevances de route ou encore la taxe sur les nuisances sonores. Certains écologistes demandent, au nom d’un « juste prix » lié aux émissions de CO2 et à la pollution, d’augmenter ces taxes, mais il n’y a pas de « juste prix », si ce n’est celui que le consommateur est prêt à payer.
Au-delà des taxes, les politiques visant le secteur de l’aviation témoignent d’une forme de schizophrénie. Au sein de l’UE, la réglementation ReFuelEU Aviation impose une part minimale de carburant durable d’aviation (CDA) à partir de 2025 et de carburants de synthèse en 2030, ce qui pousse les compagnies aériennes à réclamer des subventions européennes. En France, des compagnies comme Corsair, spécialisée dans les liaisons vers l’outre-mer, ont bénéficié de plusieurs millions d’aides et de crédits d’impôt pour éponger leurs dettes. Les politiques s’attaquent donc volontiers à ces entreprises et se plaisent à culpabiliser les consommateurs, tout en subventionnant et en maintenant en vie artificiellement celles qui auraient dû faire faillite depuis longtemps. Le niveau d’inconscience est tel que François Bayrou, Premier ministre, a milité pour relancer la liaison aérienne Orly-Pau, suspendue en octobre par Transavia faute de rentabilité – ce qu’il avait jugé « inacceptable ». En 2020, il avait déjà octroyé une subvention de 195 000 € à une autre compagnie pour maintenir cette liaison… à perte.
Les conséquences de l’idéologie anti-avion
La décision de Ryanair illustre à merveille les incohérences de l’idéologie anti-avion : impact écologique quasi nul, destruction de plusieurs milliers d’emplois, réduction de l’offre (Bordeaux, Vatry, Limoges, Carcassonne, Perpignan), perte d’attractivité touristique, baisse de l’activité économique des communes concernées… Sans parler de la compétitivité des aéroports français : ils n’ont toujours pas retrouvé leur niveau d’avant Covid en 2024 (– 3,2 % par rapport à 2020, contre + 11,6 % en Espagne) et la situation ne risque pas de s’améliorer.
Nous ne pourrons pas dire que nous n’avons pas été prévenus. Thomas Juin, président de l’Union des aéroports français (UAF), avait affirmé lors du congrès de l’UAF en décembre : « Les compagnies aériennes n’ont que l’embarras du choix pour aller positionner leurs avions ailleurs ». Dont acte.
15 commentaires
Le prétexte écologiste rouge, qui justifie la sur-taxation française et la restriction des libertés, nous affaiblit de jour en jour face à nos concurrents agressifs, comme la Chine et maintenant les USA. Notre pays est en passe d’être dominé économiquement de l’extérieur comme il se laisse envahir politiquement de l’intérieur. Et ce ne sont pas des technocrates bavards qui proposent de faire en même temps une chose et son contraire qui agiront : au mieux ce principe n’aboutit à rien, au pire il casse les services publics, le budget de la France et les entreprises, qui cessent ou partent à l’étranger.
Notre pays sera bientôt exsangue, mais dans un air tellement pur !
“L’aviation ne représente que 2,5 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde”
Pourquoi toujours ramener l’argumentation sur les prétendus “gaz à effet de serre”? Un gaz est un gaz, avec des caractères physiques connus et précis, l’effet de serre n’existe que…. dans une serre. Point.
Aucune expérimentation en vraie grandeur ( c’est-à -dire à l’échelle de l’atmosphère terrestre) n’a pu être menée, faute de connaître tous les paramètres qui interagissent à l’échelle mondiale pour réguler les conditions de la vie sur terre. Et 2,5% de quelque chose qui n’existe pas, comme dirait Devos, c’est pas grand chose!
ceux de France Télévisions, parlent de « représailles » quand Ryanair parle de quitter la France, normal ce sont des adeptes du high cost. Là aussi il y aurait quelques économies à faire
La vision apportée ici est partielle “2,9 % des émissions de CO2 mondiales, cela peut paraître peu. Mais c’est en réalité davantage que la plupart des pays. D’après un rapport du réseau citoyen Rester sur Terre, si l’aviation était un pays elle serait le 6e plus gros émetteur, entre le Japon et l’Allemagne. Et bien avant la France, dont la contribution ne s’élève qu’à 1 %.
Des impacts hors CO2 Ã prendre en compte
Et, surtout, l’impact du secteur aérien sur le réchauffement climatique ne se limite pas aux émissions de CO2 : celles-ci ne comptent en réalité que pour un tiers. D’autres paramètres sont à prendre en compte, comme les rejets en haute altitude des oxydes d’azote (NOx), mais aussi de la vapeur d’eau : les fameuses traînées de condensation qui dessinent des lignes blanches dans le ciel. “En tenant compte de ces impacts hors CO2, la responsabilité du secteur de l’aviation dans le réchauffement climatique est environ trois fois plus élevée que les seules émissions de CO2″, explique le rapport. Au total, en 2018, l’aviation aurait contribué au réchauffement climatique à hauteur de 5,9 %.” source https://www.linfodurable.fr/environnement/idee-recue-laviation-represente-moins-de-3-des-emissions-de-gaz-effet-de-serre-47829
De même, en effet si le tourisme local en pâtit , quid de la pollution engendrée par ce tourisme de masse, qui finit par amener les autorités locales à mettre des quotas de visiteurs dans les sites “envahis” (Venise, Lisbonne et croisiéristes, Cinque Terre etc)? …
La vapeur d’eau contribue au réchauffement climatique ?
Vatry, Limoges et Carcassonne souffrent d’un tourisme de masse ? Encore une fois, quel rapport avec le réchauffement climatique ?
En effet les nuages sont principal gaz à effet de serre et je me suis toujours demandé comment les écolos avaient l’intention de lutter contre eux. Cet effet est facilement observable : en hive il fait il fait plus chaud quand le temps est couvert.
Votre propagande écolo est partisane et inexacte car elle ne tient pas compte des récentes analyses sur le passé climatique de la terre qui infirme les spéculations du GIEC. Je vous rappelle également que le CO2 est indispensable à la vie sur terre, sans lui elle meurt. En le synthétisant les plantes relachent l’oxygène qui nous permet de respirer. Faut il toujours rappeler ces vérités essentielles que l’on apprend à l’école?
Tu a raison mais tu oublie un point important, pour pouvoir convertir plus de CO2 en O2, il faut du temps.
La quantité de molécule de CO2 dans l’air augmente trop vite et les plante ne suivent pas.
Après les écologistes on aussi une part de responsabilité, puisqu’il ne veulent pas couper les vieux arbres qui on un ratio CO2 produit et O2 produit équivalent…
L’aérien rejoint les secteurs détruits en tout ou en partie par les délires écologistes comme tous les secteurs de l’énergie (sauf les prétendus “renouvelables” non-rentables sans subventions massives), l’automobile, l’agriculture et l’agroalimentaire, la chimie, la plasturgie, la mécanique, le bâtiment et le logement, etc.
Au profit de “bullshit jobs” plus ou moins étatisés comme les diagnostiqueurs énergétiques “Reconnus Garants de l’Environnement” et tous les branleurs qui calculent des “empreintes carbone” sans aucun fondement scientifique.
Allons-nous enfin nous réveiller ou laisserons-nous Poutine le faire de manière plutôt brutale ?
Cette politique anti-avion ne concerne que les gueux qui essaient de partir une fois par an en vacances. Pour les politiques (et en particuliers pour les escrologistes), cela ne changera rien, vu qu’ils ne paient pas leur billet (30 vols internes gratuit par an si je ne me trompe pour les députés). Encore une fois ils s’acharnent sur les petits.
Les seuls à ne faire aucun sacrifice ce sont ces politiciens corrompus qui volent les citoyens qui travaillent !
Ryanair a du toupet de se plaindre de ces nouvelles taxes (supportées par toutes les companies) alors qu’elle est le champion de la subvention reçue pour désservir les aéroports métropolitain (plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année versées par les CCI, les régions, etc… parfois en distorsion de concurrence à ce que Bruxelles a déjà établi) et que les personnels dans ces aéroports au service de la companie sont à 85% payés par.. l’aéroport lui-même.; c’est donc le contribuable français qui aide Ryanair à faire ses profits sur l’exploitation en France des lignes. Alors Ryanair va faire un peu moins de profit…, peut décider que ce moins l’empêche de continuer à assurer des déssertes… libres à eux mais il faudra alors arrêter les subventions. Ne se tirent-ils pas une balle dans le pied ? Libre à eux pour autant qu’ils assument et arrêtent de se plaindre. Trop facile d’autant plus qu’ils se moquent régulièrement du client transporté (pas ou peu de considération quand ce n’est pas des fautes commises en infraction des règlementations commerciales régissant le transport de passager).
Quand les taxes diverses et variées dépassent le prix du billet d’avion, il me semble qu’i y a un problème
Prendre sa part du sacrifice ? Mais de qui se moque-t-on ? Nous devons nous sacrifier pour payer les conséquences de ces incapables qui ont créé cette dette abyssale . Et pour eux , aucune sanction bien sûr.
Monsieur Tabarot devrait surveiller son langage , cela lui éviterait de dire de telles bêtises ! Mais il est vrai que n’est pas Bayrourien qui veut.
C’est une compagnie qui use et abuse de la générosité de l’état et du peuple depuis longtemps, leur service est très mauvais comparé au autre low Cost au point qu’il m’a fallut près de deux ans pour comprendre qu’il était irlandais (je les penssait être au quatar, avec un nom pareil ça aide pas).
Il s’agit de la seul compagnie qui va bloquer la valise pour 1 cm ou pour 1 kilo, ce sont les seul qui font tout le temps parlez d’eux pour toute sorte de bêtises.
Honnêtement avec tout ce qu’il font pour faire des économies il est difficile à croire que les autre compagnies ne ce plaigne pas plus que cela.