L’Association pour l’emploi des cadres (Apec) a publié le 3 mars ses prévisions de recrutement pour l’année 2025. Elles ne sont pas bonnes : le marché repasserait sous la barre des 300 000 recrutements annuels. Ce qui n’était pas arrivé depuis 2021.
En 2024, les entreprises françaises ont recruté 303 400 cadres, soit 27 300 de moins qu’en 2023 (-8%). Pour l’Apec, « ce repli s’explique en grande partie par la chute de l’investissement des entreprises, durement affecté par le climat d’incertitude, provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 et l’instabilité géopolitique internationale. Face à ce contexte anxiogène, de nombreux projets d’investissement ont été suspendus ou annulés, entraînant mécaniquement un gel des embauches de cadres qui devaient les accompagner. Ainsi, après une croissance de 2,5 % en 2023, l’investissement des entreprises s’est contracté de 1,2 % en 2024 ».
Incertitude et instabilité restent les maîtres-mots qualifiant la situation économique actuelle. Même si « les bouleversements géopolitiques et la guerre commerciale qui se profilent à l’horizon rendent difficile tout exercice de prévisions », l’Apec s’est lancée : 292 600 cadres devraient être embauchés en 2025. Ce sera quand même 4% de moins que l’année dernière.
Cependant, comme le souligne l’Apec, la conjoncture internationale n’explique pas tout. Les entreprises seront, en effet, mises à contribution pour réduire le déficit public. « La baisse des allègements de cotisations sociales, la réduction des aides à l’emploi et à l’apprentissage, la surcote d’impôts pour les grandes entreprises ou encore les ajustements à la baisse portés sur le crédit impôt recherche pourraient affecter la situation financière des entreprises et leurs décisions d’investissements ».
Alors que l’environnement international complique la vie des entreprises, il faudrait alléger les contraintes qui pèsent sur elles en France. Or, le gouvernement fait exactement le contraire. Ceux qui pâtissent le plus de cette politique sont les jeunes. L’Apec prévoit une chute de 16% des recrutements de cadres débutants (moins d’un an d’expérience) en 2025, après une baisse de 19% en 2024.
Ceux-ci sont les principales victimes de la réglementation du marché du travail. Ainsi, le bonus-malus sur les contrats de courte durée n’incite pas les entreprises à embaucher, tout comme le coût excessif d’un licenciement économique. Il peut être jusqu’à dix fois plus élevé en France qu’aux Etats-Unis et demander dix fois plus de temps, comme l’a montré Olivier Coste, ancien conseiller de Lionel Jospin à Matignon.
En ces temps difficiles pour les entreprises, le gouvernement ne devrait pas tergiverser : il faut alléger le droit du travail. C’est une mesure qui ne coûte rien en termes budgétaires. Elle peut même rapporter beaucoup.