Le Premier ministre a organisé, hier mardi 15 avril 2025, un « comité d’alerte » sur les finances publiques. Représentants des collectivités locales, dirigeants des organismes de sécurité sociale, syndicats, patronat, parlementaires (rapporteurs des commissions des finances et des commissions des affaires sociales notamment), journalistes…, ils étaient tous venus écouter François Bayrou et ses ministres (Lombard, Montchalin, Vautrin, Panosyan-Bouvet, Rebsamen) évoquer « les pathologies » budgétaires du pays.
Tous ? Non, il en manquait au moins un : David Lisnard, le président de l’Association des maires de France (AMF). Pour lui et ses collègues maires, ce « comité d’alerte » apparaît surtout comme une séquence de communication destinée à exposer les analyses du ministère de l’Économie et des Finances et reproduire une méthode qui exclut toute concertation ou négociation avec les collectivités. Après le « Conseil national de la refondation », « les Assises des finances publiques » ou encore le « Haut Conseil des finances publiques locales », dit le communiqué de l’AMF, « les maires ne souhaitent plus être les figurants d’une énième séquence de communication ».
Il est vrai qu’on est en droit de se demander à quoi sert réellement cette réunion. Ce n’est pas comme si le problème venait d’être découvert ou comme si les solutions n’étaient pas déjà sur la table.
D’ailleurs l’AMF rappelle qu’elle « alerte depuis longtemps sur la dérive des comptes publics », qu’elle « n’a de cesse de dénoncer ses causes : un centralisme qui conduit l’État à s’occuper de tout et être de moins en moins efficace sur ses missions fondamentales, et un excès de normes et de bureaucratie qui complique et renchérit toute action publique comme privée », et qu’elle « a déjà formulé de nombreuses propositions pour changer radicalement d’approche ».
Amateur de courses hippiques, François Bayrou multiplie les refus d’obstacles depuis qu’il est à Matignon. La réduction des déficits publics prendra-t-elle le même chemin tortueux que la simplification administrative qui, de la création d’un « fonds spécial entièrement dédié à la réforme de l’État » à celle de contrôleurs des normes, n’en finit pas de voir le jour ?
Les pupitres des orateurs affichaient le « slogan » du « comité d’alerte » : « La vérité permet d’agir ». Agir, ce n’est pas organiser des comités M. Bayrou !
6 commentaires
Rien de nouveau sous le soleil. Rien de nouveau dans les actions et engagements du gouvernement et des politiciens.
A croire que la situations leurs convient. Ils n’en seraient ni coupables ni responsables.
Ceux sont nous qui les avons élus !! Mais nous pouvons régler leur compte.
Certes mais dès qu un gouvernement songe à agir , tous les opposants hurlent au manque de concertation et à la brutalité. Alors on concerte. Mais c est du spectacle. Chacun sait que : A, le gouvernement n agira qu à la marge, que les opposants hurleront pour s opposer “à la casse du public” et suite à la retraite en rase campagne du gouvernement, clameront leur victoire “pour la préservation du service public”. Scénario B : le gouvernement tient. Les opposants hurlent “au manque de concertation” “au passage en force” “au mépris du dialogue social” . Suivent des manifs et des grèves des habitués (SNCF , enseignants) . Le gouvernement cède à “la pression populaire” . Le gouvernement donne une augmentation à tous les opposants. Retour au calme et à l immobilisme habituel. Je suis las las las (la serpe d or , Astérix)
Les maires de France devraient arrêter de dépenser sans compter !
J’apprécie le positionnement libéral de David Lisnard, un des rares personnages politiques à le défendre avec clarté et conviction. Toutefois, la gabegie n’est pas le seul fait de la politique et de l’administration nationale, loin de là. Les collectivités territoriales, et singulièrement le secteur communal, ont leur part dans cette gabegie. Les effectifs de fonctionnaires de ce secteur atteignent 1,5 millions et ont doublé en 40 ans tandis que la population et l’emploi global ne progressaient que de 30% et sans que ce secteur soit le plus concerné par les politiques de décentralisation. La suppression de la taxe d’habitation a rendu apparemment indolore l’envollee des dépenses des collectivités territoriales que rien ne semble pouvoir arrêter. Je regrette fortement que la position de David Lisnard soit en la matière assez corporatiste. Pour inciter davantage le secteur communal et les collectivités territoriales en général à une gestion plus soucieuse d’efficience, il faudrait rétablir un lien entre leurs dépenses et les impôts des contribuables qui y résident et y sont électeurs.
Bay-rourie de plus , notre premier ministre est en train de surpasser son maître dans l’art du verbe mais devrait comme lui méditer cette maxime “Facta non Verba” qui en dit plus qu’un discours .
Il ne lui reste plus qu’à créer un Comité Théodule chargé de réfléchir à la manière de construire un budget .
Superbe cette expression idiote entendue hier encore : Ce ne sont pas les dépenses qui manque mais les ressources .
La croyance en la parole performatrice est un cancer de nos politiciens, de même que la logorrhée législative et réglementaire du genre “un problème, une loi” qui sévit depuis trop longtemps dans notre pays qui a contaminé l’Union européenne en la matière. Les Britanniques nous manquent !