L’Union européenne a proposé aux Etats-Unis une exemption de droits de douane totale et réciproque pour les produits industriels, dont les voitures, a indiqué lundi la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, afin de tenter d’éviter une guerre commerciale. « L’Europe est toujours prête à conclure un bon accord” avec les Etats-Unis, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Bruxelles, ajoutant toutefois : « nous sommes également prêts à répondre par des contre-mesures », à l’inverse des pays comme l’Indonésie, la Suisse, ou le Royaume-Uni annonçant qu’ils ne réagiraient pas, ou peu, par des droits de douanes.
Le commissaire européen Maros Sefcovic a précisé avoir évoqué cette proposition de droits de douane nuls dès le 19 février avec ses homologues américains, plusieurs semaines avant les taxes annoncées par les Etats-Unis, proposition qu’ils semblent donc ne pas avoir prise en compte. Le conseiller au commerce de la Maison-Blanche, Peter Navarro, a affirmé lundi que l’Union européenne devra abaisser ses barrières non tarifaires, notamment… la TVA, source d’une bonne partie des recettes fiscales des pays du continent, si elle veut parvenir à un accord pour réduire les droits de douane américains. Il a estimé que la volonté de l’UE de négocier avec Donald Trump était un “bon petit début”. L’un des principaux architectes de la vaste offensive tarifaire de Donald Trump, Peter Navarro a également déclaré que les barrières non tarifaires constituaient un problème pour le commerce des États-Unis.
Donald Trump a imposé un taux universel de 10% de taxe supplémentaire sur tous les produits importés aux États-Unis, entré en vigueur samedi. Ce taux doit être relevé dès mercredi pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l’Union européenne (20%) et la Chine (34%). La Chine a répliqué en annonçant ses propres droits de douane : 34% de taxes sur les importations américaines à compter du 10 avril.
Par ailleurs, la chute des Bourses mondiales a continué lundi, après déjà deux journées de chute libre au lendemain de l’instauration des droits de douanes sans équivalent depuis les années trente décidée par Donald Trump, mercredi. Les Bourses asiatiques ont accusé des chutes vertigineuses. La Bourse de Hong Kong a dégringolé de 13,22%, sa plus forte chute depuis la crise boursière asiatique de 1997. En Chine continentale, la Bourse de Shanghai a lâché 7,34%, signant sa pire séance depuis mars 2020, et Shenzhen a dégringolé de 9,66%, sa plus forte chute depuis 1996. La Bourse de Taïwan a quant à elle clôturé en baisse de 9,7%, sa plus forte chute jamais enregistrée. Séoul a terminé en baisse de 5,57% et Sydney de 4,2%. Tokyo, enfin, n’échappe pas au lundi noir, terminant en déroute de 7,83%.
Les Bourses européennes ont aussi accusé le coup, avec un recul de 4.2 % pour le CAC 40, de 3 % pour Francfort, qui avait perdu jusqu’à 10 % dans les premiers échanges, 3,49% pour Londres, 3.82 % pour Milan dévissait et 3,81% pour la Suisse. En revanche, les indices boursiers américains ont évolué en dents de scie au gré des rumeurs suite à un propos rapporté par la télévision CNBC d’une pause de trois mois dans la mise en place des tarifs douaniers dits réciproques sauf pour la Chine, évoquée par Kevin Hassett, président du Conseil économique national des États-Unis. La Maison-Blanche a démenti, faisant replonger les indices,
“Il n’est pas exagéré de décrire les mouvements de marché (…) comme +historiques+”, estiment les économistes de la Deutsche Bank. Ils évoquent le “plus grand choc pour le système commercial mondial depuis l’effondrement de Bretton Woods” en 1971 à l’instigation d’un autre président américain, Richard Nixon.
Donald Trump, qui accuse les partenaires économiques des États-Unis de les “piller”, a estimé « qu’un déficit commercial est une perte », confirmant sa vision du commerce international, doctrine dite « mercantiliste » dont on sait depuis le XVIIIème siècle qu’elle ne conduit qu’à des désastres y compris pour les pays qui la pratiquent et qu’on pourrait récuser par « vous êtes en déficit vis-à-vis de votre supermarché ; cela implique-t-il que ce dernier abuse de vous ? ».
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Ursula craint pour les ventes aux USA de ses machine outils et de ses automobiles . Nous n’avons rien à craindre en ces matières que nous exportons rarement. En revanche quelques produits de luxe auront des difficultés ainsi que nos vins qui peinent déjà sans ces surtaxes. Trump va-t’il aussi pénaliser la fuite de nos cerveaux en Californie ?