C’est un incident à la fois loufoque et très perturbant sur la désinvolture avec laquelle l’équipe de Donald Trump traite les questions de Défense et qui menace de se transformer en crise politique à Washington. Les élus démocrates ont demandé mardi matin une commission d’enquête après que la Maison Blanche a admis, lundi soir, qu’un journaliste, le rédacteur en chef de la revue The Atlantic, Jeffrey Goldberg, avait été inséré par erreur dans la boucle de conversation Signal de dix-huit très hauts responsables des questions de défense et de diplomatie échangeant sur les raids américains contre les rebelles Houthis soutenus par l’Iran au Yémen. Cette boucle comptait notamment le chef de la CIA, le Secrétaire d’Etat, Marco Rubio, le chef du Pentagone, Pete Hegseth, et le conseiller à la sécurité, Mike Waltz, instigateur de la boucle, notamment. Donald Trump, qui a évoqué un « pépin sans gravité », a pris la défense de Mike Waltz, affirmant que c’était « un bon gars qui a appris la leçon », sous-entendu il ne sera pas viré, tandis que sa porte-parole affirmait, contre toute évidence, qu’aucune information sensible n’avait été évoquée lors des échanges.
Ces derniers donnaient pourtant le lieu, l’heure et les cibles des raids américains avec trois heures d’avance et constitue la brèche de sécurité la plus ample révélée publiquement depuis plusieurs décennies aux Etats-Unis. Elle confirme l’amateurisme vertigineux de l’équipe de Donald Trump, déjà illustrée par son émissaire sur l’Ukraine, Steve Witkoff, évoquant cinq référendums organisés par Moscou dans les régions ukrainienne qu’il a annexées (un seul a été organisé, après une campagne où les opposants disparaissaient) et estimant que du moment que quelqu’un parle russe alors il est Russe.
Au passage, les échanges sur cette boucle transpiraient le mépris et la détestation vis-à-vis d’Européens dans leur ensemble assimilés à des « passagers clandestins » en matière de sécurité collective, qu’il faudrait « faire payer » pour le rétablissement de la sécurité de navigation en mer Rouge. Pour mémoire, des navires des flottes militaires françaises, britanniques et allemandes y sont impliqués, face aux Houthis, et la liberté de navigation profite aussi aux cargos chinois, indiens, etc.
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Comme quoi il faut toujours se méfier des Houtis de communication… (Il fallait bien que quelqu’un la fasse !)