Cessez-le-feu en Ukraine : Trump va-t-il tomber dans le piège de Poutine ?

Un « niet » alambiqué afin d’embrouiller Donald Trump, à moins que ce ne soit un oui piégeux. Vladimir Poutine a dit être “pour” la trêve de trente jours en Ukraine proposée par Washington, mais « avec des nuances » et a aussitôt prévenu qu’il restait des “questions importantes” à régler concernant sa mise en Å“uvre et qu’il faudrait “peut-être” en discuter avec Donald Trump. Il ne l’envisage qu’assortie de moulte clauses et conditions qui empêcherait de facto l’entrée en vigueur de l’accord élaboré par Kiev et Washington.

“Comment garantir qu’une telle situation ne se reproduise pas ? Comment le contrôle sera-t-il organisé ?”, s’est interrogé le président russe, qui a aussi demandé comment ces 30 jours de trêve seraient “utilisés” : “Pour que la mobilisation forcée se poursuive en Ukraine, pour que des armes y soient livrées ?”. « Nous partons du principe que cette trêve doit conduire à une paix durable et s’attaquer aux causes profondes de cette crise”, a encore dit le maître du Kremlin. Plus tôt, son conseiller diplomatique Iouri Ouchakov avait critiqué l’idée d’un cessez-le-feu, qui n’offrirait selon lui qu’un “répit temporaire aux militaires ukrainiens, rien de plus”.

Reste à savoir si le président américain en déduira que le Kremlin ne veut pas la paix, quitte du coup à lui imposer des sanctions financières d’ampleur, ou s’il se dira convaincu de la bonne foi de Vladimir Poutine, qui exerce visiblement une certaine fascination sur lui, et s’il mettra de nouveau la pression pour que l’Ukraine accepte une nouvelle mouture de trêve à la sauce vodka qui ressemblerait à une capitulation. Donald Trump a qualifié la déclaration de son homologue russe de « très prometteuse mais incomplète ».

Par ailleurs, Kiev comprend qu’il n’est pas en mesure de reprendre pour l’heure tous les territoires ukrainiens occupés par la force par la Russie dans le cadre de l’offensive lancée en 2022, a déclaré jeudi un représentant du gouvernement ukrainien s’exprimant sous couvert de l’anonymat, ajoutant que cela devrait s’effectuer avec le temps par voie diplomatique. Il a déclaré que la question des concessions territoriales par Kiev dans le cadre d’un accord de paix avec Moscou n’avait pas été évoquée lors de la réunion de Djeddah. L’Ukraine ne reconnaîtra jamais une quelconque autorité de la Russie sur ces territoires, a-t-il précisé.