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Rémunération des grands dirigeants :
le mérite de la performance

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L’annonce par le JDD de la prime de départ de Michel Combes d’Alcatel-Lucent (13,7 millions d’euros) a créé un vif remous parmi les cadres et les syndicats de l’entreprise, dans la vie politique et les médias français. Pourtant, sous la direction de Michel Combes, la capitalisation boursière d’Alcatel-Lucent a progressé de 12 milliards d’euros, le cours de l’action a été multiplié par 6 et la société s’est relevée d’une manière spectaculaire à la suite d’un redressement et d’une réorientation stratégique sur le marché mobile, le cloud computing et le très haut débit.

En finir avec les polémiques stériles sur la rémunération des grands patrons

La rémunération des patrons du CAC 40 est un sujet récurrent dans la vie politique et médiatique française. On a pris l’habitude de polémiquer sans cesse sur les retraites chapeau, les stock options, les parachutes dorés, les indemnités de départ ou le niveau des salaires des grands dirigeants d’entreprise. Or, la rémunération du PDG d’une société cotée au CAC 40 ou au SBF 120 est soumise à la fois au contrôle par le conseil d’administration et au vote des actionnaires de la société (say on pay). La quasi-totalité des grandes entreprises cotées se conforment d’ailleurs aux règles de transparence, de responsabilité et de contrôle de la rémunération des mandataires sociaux du code de bonne gouvernance AFEP-MEDEF.

Selon nos propres calculs, la rémunération annuelle totale (hors indemnités de départ) de l’ensemble des patrons du CAC 40 est évaluée à 153 millions d’euros, ce qui fait une rémunération moyenne d’environ 3,8 millions d’euros. Cela représente une augmentation moyenne de rémunération de 18 % par rapport à 2013 même si l’augmentation médiane n’est que de 2 % – la moitié des patrons n’ont pas (ou presque pas) eu d’augmentation de revenu. En comparant aux salaires des footballeurs, qui peuvent atteindre 23 millions d’euros (Thiago Silva du PSG), il devient aberrant de polémiquer sur les salaires de nos dirigeants.

La rémunération vient récompenser le mérite et la compétence

La prise de risque, la compétence technique, les qualités de leadership et de gestion, la responsabilité en termes d’image et de représentation de la société, sont autant de facteurs qui justifient une rémunération élevée. La plupart des patrons ont d’ailleurs une rémunération fixe faible voire inexistante (voir le graphique) et sont jugés en fonction des performances de l’entreprise. Seul Henri Proglio, à la tête du groupe EDF dont l’État est l’actionnaire majoritaire, ne disposait que d’une rémunération fixe d’environ 400 000 euros, qui a malgré tout suscité une polémique. Pour une très large majorité, la rémunération varie en fonction de critères définis par le conseil d’administration (par exemple un pourcentage de la rémunération fixe en fonction des résultats opérationnels). Une rémunération supplémentaire est souvent accordée sous forme d’options ou d’actions, de sorte que la plus-value n’est encaissée qu’à la cession des parts de l’entreprise.

Composition de la rémunération des patrons du CAC 40 en 2014

Composition de la rémunération des patrons du CAC 40 en 2014

Par ailleurs, la rémunération des patrons fait de plus en plus l’objet de contestations de la part des actionnaires : le taux d’approbation pour la rémunération du patron de Danone, Franck Riboud, n’a même atteint que 53 % à cause d’un manque de transparence sur la rémunération variable. Les règles internes des sociétés cotées, soumises au regard attentif de l’Autorité des marchés financiers (AMF), permettent donc déjà de corriger les rémunérations qui ne respectent pas les principes de transparence ou de respect des procédures.

Au Royaume-Uni, les primes des grands patrons ne font pas scandale !

Selon une étude d’un think tank focalisé sur les questions d’inégalités salariales, High Pay Centre, le salaire annuel moyen d’un patron d’une entreprise cotée à l’indice FTSE-100 est 183 fois supérieur au salaire moyen des salariés britanniques. Pourtant, la rémunération des grands patrons n’y fait pas scandale. Le gouvernement britannique n’est jamais contraint de légiférer ou d’intervenir pour limiter les écarts de rémunération entre les grands patrons et les salariés, car les Britanniques ont bien conscience qu’une rémunération élevée s’accompagne d’une grande responsabilité et que les instances de direction d’une entreprise privée évoluent dans un espace de règles définies par le conseil d’administration et contrôlées par les actionnaires. En comparaison, la rémunération moyenne d’un patron du CAC 40 n’est « que » 112 fois plus élevée que le salaire moyen d’un Français. Le niveau des inégalités salariales est donc bien moins important en France, et nous avons tout de même des sursauts réguliers et mal placés d’indignation incantatoire– ne citons que les cas récents de Philippe Varin, d’Olivier Brandicourt, de Pierre Gattaz, de Henri Proglio ou de Michel Combes. Il serait temps que les Français arrêtent de s’offusquer des salaires de leurs patrons, et qu’on retrouve la fierté d’avoir des grands patrons compétents, charismatiques et influents.

Composition de la rémunération des patrons du CAC 40 en 2014
Composition de la rémunération des patrons du CAC 40 en 2014

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4 commentaires

gele 8 septembre 2015 - 9:17

salaud de patron
Salaud de patron… source V A Eric Brunet et B V G G

Anne Lauvergeon 15 milliards de pertes…. Mais le scandale du jour c’est le bonus de 14 millions de Michel Combes ex : Alcatel… En fait environ 6 millions d’euros après impôt ! et 8 millions pour l’état, ponction douloureuse, la leçon de morale en plus…

C'est une maladie bien française que celle de ce fiasco engagé par un État inconséquent qui veut tout contrôler et finit par ne rien contrôler du tout. Le terrible échec de hauts fonctionnaires incompétents qui ne devraient jamais se retrouver à la tête de grandes entreprises industrielles, surtout lorsqu'elles sont mondialisées. L'addition finale de toutes les erreurs commises par Anne Lauvergeon chez Areva sera sans doute proche de 15 milliards d'euros, et donc comparable à celle du Crédit lyonnais de Jean-Yves Haberer il y a une vingtaine d'années. Le record est toujours détenu par Michel Bon qui avait réussi, au début des années 2000, à générer un océan de pertes de 68 milliards chez France Télécom.

Immonde, dégueulasse, etc face aux dizaines d ‘épithètes que lui ont servies les médias et les politiques, l’ex patron d’Alcatel a dû sortir du bois (je suis fier du travail accomplis) de fait Michel Combes a accompli un vrais prodige. En deux ans il a multiplié par six la valorisation du groupe. Mieux : il a rendu l’entreprise séduisante pour une reprise par Nokia, des milliers d’emplois ont été pérennisés.

Qu’importe ! Dans les rédactions, on jubile : du fric gagné sur le dos des travailleurs.

Dans les journaux et sur les ondes, les bons vieux clichés refleurissent : ça fait combien de smic 13 millions, c’est facile mais ça marche toujours…

La culture antipatron est un cancer français. Nos compatriotes aiment les patrons qui ne gagnent pas d’argent. ( M Bon, A Lauvergeon, J Y Haberer… et bien d’autres.

Mais le plus étrange est ailleurs. Pendant que nos courageux éditorialistes tapaient en meute sur Michel Combes, tout le monde trouvait normal qu’un footballeur français de 19 ans soit vendu 80 millions d’euros. Quant des artistes gagnent des millions, c’est sympa. Mais quand c’est un patron, non !

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dominogris 8 septembre 2015 - 2:32

deux poids, deux mesures… encore
On aimerait que les médias se penchent également sur la rémunération, la retraite, les cotisations sociales et l'imposition des élus qui font carrière dans la politique en cumulant leurs avantages de fonctionnaires.
L'oligarchie haute administration-élus-médias est une cause majeure de l'embourbement de notre pays

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filotimbro 8 septembre 2015 - 5:57

indécence des retraites parachute
en un mot comme en cent qu'est ce qui justifie des montants pareils ? Ils sont payés pour leur
travail. Leur mission est de bien gérer leur entreprise, soit ! mais qui travaille pour cela ? c'est les petites mains de la base payées largement au salaire minimum. Qui peut vivre aujourd'hui avec 1200 ou 1400 € brut/mois ? Pourquoi certains auraient ils besoin de 500 m2 pour vivre alors que d'autres s'entassent à 4 ou plus dans 75 m2. Celui qui gagne ces 1400€ paiera des impôts qui l’appauvriront encore plus. Celui qui gagne des centaines de milliers d'euros aura accès à des niches fiscales qui l'enrichiront encore plus. Pourquoi ces personnes ont elles besoin d'autant d'argent pour vivre ? Que font ils de cet argent qui tombe tous les mois ? Ils ne vont quand même pas changer de Porsche ou acheter une maison tous les mois ? idem pour nos politiques et énarques ! et je ne parle pas de la vente de personnes humaines "footballeurs" Combien touche le footballeur, le Club et l'Etat ?

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Marie 16 septembre 2015 - 10:40

Il faut savoir raison garder
Bonjour Je pense que si votre raisonnement basé sur le prix du risque était exact, il serait symétrique en cas de perte. Je pense également que dans la mesure où le dirigeant ne possède pas l'entreprise en question, son risque n'est pas supérieur à celui d'une autre employé. Il est même inférieur car son appartenance à un réseau lui assure une porte de sortie et sa rémunération déjà confortable lui aura toujours permis d'assurer ses arrières. Je ne pense pas que le président travaille beaucoup plus que son équipe, car seul il ne peut rien. On parle de sommes ahurissantes pour la majorité des personnes qui travaillent, y compris du point de vue de cadres supérieurs et de chefs d'entreprise ayant réussi. Sur un plan humain, si l'on souhaite que notre société évolue en traquant les vrais problèmes, je pense qu'il faut garder raison pour tous les sujets à traiter. Je pense aussi qu'il est préférable de trouver des solutions pour rééquilibrer les enjeux financiers ( impôt sur le revenu qui ne touche que 50% des personnes et dont 80% est payé par une minorité , avantages des régimes sociaux des salariés et des TNS non alignés, retraites non garanties, aide à la création d'emplois et d'activité insignifiantes,millefeuilles de textes et de normes…) pour tous les acteurs économiques qui travaillent, et votre position sur ce sujet touchant quelques "aristocrates" des affaires ne va pas dans ce sens, en ce qu'elle divise à mon sens inutilement.

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