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Non, l’IA ne va pas remplacer tous les emplois

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Dans une tribune publiée le 5 juin par le Wall Street Journal, l’économiste Robert D. Atkinson s’en prend aux prophètes de malheur qui prédisent une destruction massive d’emplois causée par l’IA. Des dirigeants d’entreprise, comme Dario Amodei, PDG d’Anthropic, pensent que l’IA pourrait éliminer la moitié des emplois de cols blancs de niveau débutant d’ici cinq ans et causer un taux de chômage de 20 %. Robert D. Atkinson rappelle que les craintes liées à une disparition du travail ne datent pas d’hier. L’histoire économique est jalonnée de bouleversements technologiques majeurs de l’automatisation des ascenseurs à la mécanisation de l’agriculture sans qu’ils aient jamais débouché sur une société d’inactifs pour autant.

L’auteur souligne que ces transformations s’accompagnent presque toujours d’un effet de rebond : les gains de productivité permettent une baisse des coûts, qui stimule la demande ailleurs dans l’économie. Les prophètes de malheur tombent dans une erreur classique, à savoir le mythe d’une économie conçue comme un gâteau à partager, qui pousse à croire qu’un emploi supprimé est une activité irrémédiablement perdue. C’est oublier une chose : les économies réalisées grâce à l’IA seront réinjectées dans la consommation, réinvesties et pourront créer de nouveaux emplois comme l’innovation l’a toujours permis.

Atkinson insiste aussi sur le fait qu’un grand nombre d’activités resteront hors de portée des modèles d’IA, pour des raisons proprement humaines : encadrer des enfants dans un bus scolaire, faire respecter l’ordre public, assurer des fonctions religieuses ou politiques… La transition devrait se faire dans un marché du travail déjà habitué à gérer de forts mouvements de personnel : 20 millions de personnes sont licenciées ou mises à pied chaque année aux États-Unis, autant sinon plus sont embauchées. Imaginons que les prévisions catastrophiques de Dario Amodei s’avèrent : la suppression de la moitié des emplois de cols blancs de niveau débutant d’ici cinq ans équivaudrait à une perte d’environ 2,6 millions d’emplois par an soit « six semaines de fluctuations normales » selon Atkinson.

À ses yeux, le véritable risque réside dans l’auto-sabordage du progrès technologique : si les spécialistes continuent d’agiter le spectre d’un prétendu cataclysme social, ils vont alimenter une panique politique qui pourrait freiner l’innovation. Or, les États-Unis ont besoin de relancer la productivité pour s’adapter au vieillissement démographique, à la stagnation des salaires et au creusement des déficits publics. Pour Robert D. Atkinson, l’IA représente avant tout une opportunité de croissance économique à saisir, et non un péril à redouter.

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6 commentaires

Le lys dans la vallée 8 juin 2025 - 6:11 pm

En effet… on nous fait toujours croire à “la fin du travail et la fin du monde”… comme si les outils en pierre-taillée, les sagaies ou les charrues antiques avaient mis fin au travail ! Ca fait des millénaires qu’on nous chante la même chanson. Au contraire, la technique libère de nouveaux espaces d’activité auparavant inimaginables. Et, comme vous le rappelez très justement, l’IA n’est qu’un gros ordinateur qui est loin de remplacer l’homme dans d’innombrables secteurs. La machine remplace l’homme dans les parts les plus répétitives et abrutissantes du travail. Je ne crois pas que les chauffeurs de taxi regrettent le “bon temps” des chaises à porteurs !

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Broussard 9 juin 2025 - 7:54 am

si mes souvenirs scolaires sont encore valables, l’invention du métier Jacquard avait déjà causé des ravages parmi les tricoteuses et autres de l’époque…

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GALIANA-MINGOT 9 juin 2025 - 9:02 am

Discours anesthésiant qui ne favorise pas l’adaptation indispensable que nous devons mener rapidement face au développement explosif de l’IA. Si demain vous rencontrez une personne qui a perdu son emploi comme agent d’un call center, et qui n’a aucune chance d’en trouver un autre, lui direz-vous “Madame ou Monsieur, ce n’est pas grave : la perte de votre emploi est compensée par d’autres emplois” ?
L’impact de l’IA va être majeur et la France sera plus impactée que les autres pays de l’OCDE, car l’entrepreneur français a deux tâches : 1. S’occuper de son entreprise, ses clients, son personnel… 2. Supporter dans sa masse salariale, une énorme charge financière pour financer le système social le plus généreux du monde. Il n’arrive plus à le faire, d’où la désindustrialisation. Nul doute qu’il saisira les opportunités que présente l’IA pour se défaire d’une partie de son fardeau. Certains parlent déjà de taxer l’IA pour financer notre système social…
Ne nous voilons pas la face avec des raisonnements intellectuels. MGM. Chef d’entreprise.

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Élodie Messéant 9 juin 2025 - 1:23 pm

Le but de cet article est d’expliquer les mécanismes propres à l’innovation technologique. Personne ne dit qu’il ne faut pas chercher à s’adapter, surtout pour les métiers les plus impactés.

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GNA46 9 juin 2025 - 10:24 am

Oui, c’est vrai, nous aussi, voici cinquante et quelques années, nous disions la même chose concernant la robotisation des chaînes de travail… Aujourd’hui on peut constater l’effet vase communiquant du monde du travail (robotisé) vers l’ex ANPE, Pôle emploi, etc. …
Alors pour l’I.A., laissez moi rire de cette affirmation chère Elodie…
Mais le bon peuple ne veut plus travailler, alors il pourra profiter de ses temps libres, mais avec quels moyens ?…

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Virgile 9 juin 2025 - 11:51 am

Il a absolument raison. Trop de prédicateurs de malheur sont intellectuellement déficients ou ignorent les mécanismes économiques!

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