La libération des « otages » détenus par Poutine a été un moment de soulagement pour leurs familles, leurs amis et le monde libre. Sauf qu’elle a été faite en échange de la libération de plusieurs espions russes, d’enfants d’espions qui ne savaient même pas qu’ils étaient Russes ( !) et de criminels dont Vadim Krassikov, l’homme de main de Poutine, condamné à vie en Allemagne pour meurtre. Le dictateur russe les a tous serrés dans ses bras lors de leur descente d’avion à Moscou. La mise en scène a été parfaite et le « coup » réalisé par le Kremlin, aussi. Comme au temps de l’URSS, Poutine vient de démontrer que mettre des innocents en prison – des cartes à jouer, en quelque sorte, dans des négociations futures – est une stratégie payante. C’est un avertissement adressé non seulement aux journalistes, mais aussi à tous les Occidentaux présents sur le sol russe. Une façon de leur dire : tenez-vous tranquilles et ne vous mêlez pas de nos affaires ! L’Occident est prêt, pour libérer ses citoyens, à accepter des compromis jusqu’aux pires, c’est-à-dire relâcher des criminels emprisonnés sur son sol. Cela montre aussi aux criminels que, même s’ils se font prendre, ils ont de grandes chances de retourner libres dans leur pays.
La libération et l’expulsion de prisonniers politiques, des Russes opposés à son régime et des Occidentaux littéralement pris en otages, est aussi une victoire pour Poutine. Il se débarrasse des adversaires les plus encombrants (Navalny a été éliminé), ainsi forcés à un exil qu’ils n’ont jamais voulu. En vivant loin de la Russie, à l’Ouest, ils perdront de leur aura et il sera beaucoup plus facile de les discréditer dans leur pays d’origine. Même s’il reste encore 1289 prisonniers politiques derrière les barreaux, Vladimir Kara-Mourza, Ilia Iachine, Oleg Orlov, Sacha Skotchilenko, libérés le 1er août, sont parmi les noms les plus connus en Russie. Poutine les a éloignés pour étouffer toute possible alternance politique crédible.
La Russie et d’autres pays voyous vont continuer à prendre des otages et pratiquer ce genre de marchandage, parce que ça marche. L’Iran l’a déjà fait plusieurs fois avec les Etats-Unis, la Chine avec le Canada. Il y a fort à parier que le nouveau locataire de la Maison-Blanche sera aussi mis à l’épreuve. Pour empêcher cela, il faudrait autre chose que de vertueuses indignations exprimées par de belles paroles. Après l’arrestation du journaliste Evan Gershkovich et des autres Américains, Alsu Kurmasheva et Paul Whelan, l’administration Biden n’a arrêté aucun Russe, ni même expulsé aucun journaliste russe. Une faiblesse dont profitent les dictatures.
2 commentaires
Poutine est gagnant sur tous les tableaux, il en sera de même avec l’Ukraine, puisque nous ne permettons pas à ce pays, attaqué et envahie par la Russie de se défendre et de lui rendre coup pour coup, par peur et couardise.
Leur entrée sur le sol russe démontre le contraire et notamment que poutine, comme tous les dictateurs, est un faible comme l’explique très bien Étienne de la boetie dans son remarquable discours de la servitude volontaire.