En janvier dernier au Canada, les sondages et les médias pronostiquaient un « raz-de-marée conservateur aux élections ». C’était avant l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche (le 20 janvier), avant ses déclarations sur le 51ème Etat américain et la guerre commerciale qu’il a lancée. La suite est connue. Non seulement il n’y a pas eu de raz-de-marée conservateur, mais les Canadiens ont élu Mark Carney, nouveau chef du Parti libéral (parti de gauche), comme Premier ministre  ; Pierre Poilievre, le leader des conservateurs, a même perdu son siège. Les Canadiens ont réagi aux discours et menaces de Trump… en faisant basculer l’élection ! Même scénario en Australie, samedi dernier 3 mai : il y a quelques semaines les sondages laissaient prévoir un changement de majorité en faveur de la droite, mais… le Parti travailliste du Premier ministre Anthony Albanese a remporté l’une des plus larges majorités de son histoire. Et là aussi, le leader du Parti libéral (de centre-droite), Peter Dutton, a perdu le siège qu’il occupait depuis 24 ans dans le Queensland.
Si les relations avec l’Amérique de Trump n’ont pas été les seuls enjeux de la campagne, le choc provoqué par la hausse des droits de douane décrétés depuis le Bureau ovale, même à l’égard d’alliés comme l’Australie, comme l’écrit le Wall Street Journal, a certainement beaucoup compté dans le choix des électeurs. En retard dans les sondages il y a encore peu de temps, M. Albanese a réorienté sa campagne sur une position nationaliste, condamnant la politique de Trump et l’incertitude économique. L’Australie a un accord de libre-échange avec les États-Unis, ce qui n’a pas empêché Trump d’imposer des droits de douane unilatéraux de 10 % sur tous les biens et des taxes à l’importation de 25 % sur l’acier et l’aluminium. Il a également menacé d’instaurer des droits de douane sur le bÅ“uf australien. Les politiques de Trump font peur aux électeurs et remettent en cause la crédibilité de l’Amérique.