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La masse salariale de l’État dérape-t-elle vraiment ?

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Après une première circulaire relative à la gestion budgétaire envoyée à ses ministres le 23 avril 2025, le Premier ministre leur en a adressé une seconde, deux jours plus tard, relative aux orientations en matière de gestion de la masse salariale et des mesures catégorielles.

François Bayrou s’y alarme du fait que, en 2024, « les dépenses de masse salariale ont atteint 107 Md€ (hors contributions au CAS Pensions), soit une hausse de 6,7% par rapport à 2023, alors que l’inflation en 2024 (2%) a nettement reflué par rapport à 2023 ». Il demande donc à ses ministres, « en cohérence avec nos engagements en faveur du redressement des finances publiques », de renforcer impérativement « la maîtrise des dépenses de masse salariale ».

Les médias ont alors titré que Bayrou fustigeait le dérapage de la masse salariale de l’État. Mais s’agit-il vraiment d’un dérapage que l’on peut définir comme un « changement défavorable et incontrôlable d’une situation économique ou monétaire » ?

Ce n’est pas l’avis de Rayan Nezzar, ancien conseiller « Action et comptes publics » de Gabriel Attal à Matignon. Pour le haut fonctionnaire, « la hausse de la masse salariale de l’État est le fruit de choix politiques, pas d’un dérapage budgétaire ». La dépense a, en effet, été conforme à ce que la loi de finances avait prévu. « On constate même, précise Nezzar, que 400 millions d’euros (M€) de crédits de personnel n’ont pas été consommés ». L’État a donc dépensé, sur ce plan, moins que prévu au budget. On ne peut donc pas dire qu’il y a eu dérapage, la dépense correspondant « à des choix politiques voulus au moment de l’adoption de la loi de finances ».

En fait, ce sont des mesures prises, pour la plupart, en 2023 et en 2022 qui expliquent cette hausse de la masse salariale et qui consistaient à revaloriser les rémunérations des professeurs, des magistrats, des policiers, des gendarmes, des militaires et des greffiers. Toutes ces mesures ont produit leur plein effet budgétaire en 2024. Par ailleurs, d’autres hausses ont eu lieu l’année dernière qui concernaient notamment les médecins inspecteurs du travail, les infirmiers de l’Éducation nationale, les enquêteurs de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. A cela s’ajoutent les mesures individuelles et générales (augmentation selon l’ancienneté et l’avancement dans la grille), ainsi que les créations nettes de postes (+ 6 729 équivalents temps plein).

Bref, l’augmentation importante de la masse salariale de l’État en 2024 n’a rien d’un dérapage. Tout était dans les budgets 2022, 2023 et 2024. Cela ne peut donc être une surprise pour François Bayrou et ses ministres, sauf à s’être désintéressés des lois de finances précédentes. Par conséquent, sachant les conséquences à retardement de ces budgets, François Bayrou aurait dû prévoir dans sa loi de finances 2025, une baisse des effectifs de l’État pour compenser cette hausse programmée de la masse salariale.

Il n’en a rien fait. Bien au contraire, il a inscrit 2 264 fonctionnaires supplémentaires au budget qu’il faudra payer pendant au moins 60 ans (vie active + retraite). Comme le dit Rayan Nezzar, « Les décisions d’aujourd’hui engagent les budgets de demain ».

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4 commentaires

lemen,t b ons à rien tout comme lui. 7 mai 2025 - 9:48 am

Bayrou à virer

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Jojo 7 mai 2025 - 10:46 am

François Bayrou s’alarme, fustige, constate, propose des changements et un référendum, se déplace, prend la parole, exprime ses intentions, recadre ses opposants, etc…Résultat concret, tangible et mesurable après environ 150 jours : Nada, rien, pas le moindre changement utile. On ne peut pas lui reprocher de mauvaises décisions, il n’en prend aucune d’importante. C’est un anti Trump. Mais pas sûr que Trump soit le plus néfaste des deux. Ce qui me paraît certain, c’est qu’il prépare le lit d’un changement brutal en France, révolte, révolution, guerre civile, faites votre choix. La température monte, au premier bouillon le couvercle saute.

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LYBD 7 mai 2025 - 5:33 pm

L’état et son gouvernement ne maitrise pas ses coûts; QU’ CELA NE TIENNE LES PÉCINS PAIERONT.

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Yves Heulenote- Poh 7 mai 2025 - 6:29 pm

Une fois de plus , le gouvernement ne prend pas le problème par le bon bout . Il traite médiocrement des conséquences , pas des causes . Nous avons environ deux millions de fonctionnaires de plus que l’Allemagne qui compte près de 20 millions d’habitants de plus que nous . Nos fonctionnaires sont trop nombreux .
Diminuons leur nombre ( non remplacement des départs) et affectons partie de l’économie salariale réalisée à l’augmentation des fonctionnaires au mérite et non à l’ancienneté.
On commencera a y voir plus clair et peut être même que cela donnera envie de devenir prof.

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