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La fin de l’ère « progressiste » ?

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Dans un commentaire publié le 14 mai dans le Wall Street Journal, Eric Kaufmann, universitaire canadien et professeur de science politique, affirme que nous sommes entrés dans une ère post-progressiste qui signe la fin de soixante années de domination culturelle de la gauche aux États-Unis.

Pour Kaufmann, le « wokisme » est une idéologie qui cherche à imposer l’égalité des résultats et à protéger les minorités de toute forme de préjudice émotionnel. Cette idéologie s’est traduite par l’émergence de la cancel culture, la présence d’hommes dans des espaces réservés aux femmes au nom de l’inclusivité, la destruction de statues ou encore la mise en place de politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI). Mais aujourd’hui, ces pratiques reculent. L’administration Trump a mis fin à des décrets sur la discrimination positive qui dataient de plus de 50 ans. Les universités ne sont plus autorisées à appliquer des politiques identitaires, dont la plupart ont vu le jour il y a près de quarante ans. Elles ont adopté des politiques de neutralité institutionnelle et ont mis fin aux déclarations obligatoires sur la diversité. Des entreprises aussi ont abandonné les politiques DEI.

Kaufmann décrit un véritable tournant. Les élites culturelles, qui ont largement influencé l’opinion publique depuis les années 1960, semblent désormais dépassées. Le culturalisme de gauche, qui avait triomphé sur tous les fronts – divorce, sexualité, famille, mariage gay – s’est essoufflé en voulant aller trop loin, trop vite. La ségrégation dans les cérémonies de remise de diplômes, les hommes dans les compétitions féminines ou encore l’enseignement de la théorie du genre ont fini par provoquer un vif rejet. Même les jeunes, pourtant plus à gauche que leurs aînés, ont amorcé un virage à droite entre 2021 et 2024, d’après plusieurs études américaines et britanniques.

Signe d’un basculement plus large : les opposants au mouvement woke ne se limitent plus aux médias situés à droite du spectre politique. L’opinion publique, les réseaux sociaux, les élus locaux et même certains journalistes classés à gauche critiquent ouvertement les dérives identitaires. L’énergie militante du camp « progressiste » s’est clairement affaiblie, comme en témoigne sa réaction bien plus timide à la réélection de Trump en 2024, comparée à celle de 2016.

Enfin, Kaufmann souligne que les problèmes sociétaux actuels – déclin démographique, santé mentale des jeunes, déliquescence des classes populaires – échappent à la grille de lecture progressiste. Pire : la gauche culturelle semble faire davantage partie du problème que de la solution. Aujourd’hui, elle est à bout de souffle. Et lorsqu’un mouvement quasi religieux, qui prétend incarner le sens de l’Histoire, cesse d’avancer, les résultats sont cataclysmiques. Pour l’auteur, nous sommes à la fin d’une ère. Reste à savoir ce qui la remplacera – et combien de temps durera la transition.

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4 commentaires

Orilou 19 mai 2025 - 2:44 pm

comme si le nivellement par le bas, la discrimination dite “positive”, les DROITS non assortis de DEVOIRS pouvaient être considérées comme des progrès pour nos sociétés.

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Mathieu Réau 19 mai 2025 - 4:14 pm

La fin du progressisme, j’y croirai quand je la verrai.
Pour l’instant, je vois surtout son emprise se raidir sur les milieux dont elle s’est emparé (la culture, notamment) et, ce tout particulièrement en Europe qui a décidé de s’ériger en rempart contre “l’internationale réactionnaire” si bien incarnée par Donald Trump (et si salutaire quoique trop, bien trop tardive).
Et quand bien même le progressisme s’essoufflerait enfin qu’il aura laissé des marques profondes et sans doute indélébiles, malheureusement. Comme sur notre belle langue française abîmée par cette “féminisation” à outrance du langage qui, à force de matraquage, hélas, a fini par pénétrer le langage courant…
Le mal que ces gens nous ont fait et continuent de faire est immense.

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Fabre Roland 19 mai 2025 - 4:25 pm

Bien vrai et bien écrit.

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Mmn jb 25 mai 2025 - 8:54 am

Ouf on commence à mieux respirer! Que l’on en finisse avec ce wokisme des dépressifs chroniques et maladifs qui nous à causé tant de désastres.

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