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Grève des contrôleurs aériens : un symptôme d’un mal bien français

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Chaque été, le même schéma se reproduit. À la veille des grands départs en vacances, un syndicat de contrôleurs aériens dépose un préavis de grève. Cette année, c’est l’UNSA-ICNA, deuxième syndicat de la profession, qui menace de paralyser le trafic les 3 et 4 juillet. La stratégie est bien rodée : en choisissant ces dates, l’UNSA-ICNA maximise sa capacité de nuisance et, espère-t-il, son pouvoir de négociation. Il dénonce un « management autoritaire », un « climat de pression constant », ou encore des « pannes majeures à répétition » imputables à un problème de modernisation des outils.

La rhétorique habituelle sur les conditions de travail est peut-être séduisante dans un pays imprégné de culture marxiste. Quand bien même elle serait en partie fondée, les différents rapports parlementaires sur l’état du contrôle aérien français permettent d’y voir plus clair. Il est vrai qu’il souffre d’un retard technologique par rapport à d’autres pays européens, au point d’être décrit comme « l’homme malade de l’Europe ». En 2018, la direction des services de la navigation aérienne (DSNA), l’organisation chargée du contrôle aérien, avait déjà des performances insuffisantes. Pour le rapporteur M. Vincent Capo-Canellas, cela s’explique par la productivité trop faible des contrôleurs et par leur organisation de travail qui n’est pas adaptée aux exigences du trafic aérien. Exemple notable : de bandelettes de papier pour recevoir et donner des instructions de vol, alors que des centres de contrôle, comme celui de Maastricht, sont passés au tout électronique depuis 1992 . En 2024, rien ne semble avoir changé : le Sénat constate que le contrôle aérien est sous-performant (bien que la productivité horaire se soit améliorée) et que l’organisation du travail est excessivement rigide.

Mais ce n’est pas le seul problème. Pour la période 2004-2016, les aiguilleurs du ciel français étaient à eux seuls responsables de 67 % des jours de grève du contrôle aérien en Europe. Ces derniers jouissent du statut de fonctionnaire, qui alimente une culture de l’irresponsabilité, du corporatisme et des grèves à répétition. Même si leur niveau de rémunération s’explique par l’exigence du métier et par les compétences rares qu’il implique, rien ne justifie ce privilège statutaire. D’autant plus que les contrôleurs aériens bénéficient de primes très nombreuses et élevées (en augmentation de 10 % entre 2013 et 2018). Comme la Cour des comptes le relève elle-même : « à la différence de la quasi intégralité de leurs homologues, il est rappelé que les contrôleurs aériens français sont fonctionnaires et bénéficient à ce titre d’un statut particulièrement protecteur ». Il serait peut-être temps de s’aligner sur nos voisins et de l’abroger.

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11 commentaires

Jean-Aymar de Sékonla 25 juin 2025 - 7:58 am

Et à quel age partent ils à la retraite par répartition? (Qu’ils aient ou pas élevé des enfants, bien sur)
Allez, ne chechez pas, 52 à 54 ans!

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Baeten 25 juin 2025 - 8:13 am

Il aurait aussi fallu mentionner l’opposition des contrôleurs français à l’initiative “ciel unique européen”, destiné à optimiser les trajets des avions, qui est supposé générer près de 10% d’économie de carburant

Mais il est plus facile pour l’état Français d’imposer des taxes “écologiques” que d’agir sur ses fonctionnaires pour réduire les émissions de CO2

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Oncpicsou 25 juin 2025 - 8:23 am

Ils travaillent environ 155 jours par an aux quels il faut retirer 21 jours de grève (moyenne sur les 10 dernières années) ce qui fait: 134 jours par an d’un horaire moyen de 32 heures. (L’IA c’est super pratique pour avoir les informations!)
Alors voilà un bon plan:
Soyez contrôleur aérien, et n’ayezpas d’enfant, vous aurez du temps libre et de l’argent pour profiter de la vie et partirez jeune et en pleine forme à la retraite, payée par les enfants des smicards! Étant fonctionnaire votre épouse aura droit à la reversion, toujours payée par des femmes du privé qui elles n’y auront pas droit, même ayant élevé des enfants.
C’est pas beau la France !

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Jojo 25 juin 2025 - 8:30 am

Ce que vous proposez s’appelle toucher aux avantages acquis d’un groupe de privilégiés en situation de monopole. C’est la solution logique et efficace, mais bon courage pour la mettre en oeuvre ! Il faut se rappeler la solution du Président Reagan devant une situation similaire aux US, il avait fait virer une grande partie des contrôleurs, sans salaire, pour les remplacer par des militaires, jusqu’à l’issue des négociations Pour faire cela en France, il faudrait un courage totalement inconnu de nos politiciens et des citoyens.

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Shammy 25 juin 2025 - 3:10 pm

Comble du comble les contrôleurs américains 🇺🇸 ont aujourd’hui un statut des plus enviés avec un salaire à faire pâlir les européens! Ça valait bien la peine de les virer. Et je vous rappelle que la dernière fois que la France a fait appel à l’armée…..les militaires ont mis 2 avions l’un dans l’autre au dessus de Nantes.

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Poivre 25 juin 2025 - 8:52 am

Abroger, effectivement et les mettre au statut des militaires, comme agents indispensables de la sécurité nationale.

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philevr 25 juin 2025 - 11:20 am

Petite remarque annexe !
Il me semble que après “bien que” (comme après “quoique”, “afin que”, …) , le verbe se conjugue au subjonctif…

Donc : “bien que la productivité horaire se soit améliorée” !
Et, heureusement, “bien que leur niveau de rémunération s’explique…” s’écrit aussi comme cela au subjonctif.

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Élodie Messéant 25 juin 2025 - 1:35 pm

En effet, c’est une erreur de ma part. Merci.

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Thibaut 25 juin 2025 - 4:48 pm

Ça se recoupe avec l’article écrit plus haut : on travaille moins que la majorité et en plus il y a ce culte de la grève qui n’arrange rien…

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AlainD 28 juin 2025 - 3:04 pm

Très bien madame Messéant, vous avez bien décrit le problème : nos contrôleurs sont fonctionnaires et par conséquent fortement syndiqués. Ce genre de corporation est un modèle d’insatisfaction et quoique vous fassiez, ce ne sera jamais suffisant. Rien ne justifie qu’ils soient fonctionnaires, hélas nous sommes en France et la capacité de nuisance de ces privilégiés est incommensurable.

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Élodie Messéant 30 juin 2025 - 8:34 am

Merci Monsieur pour votre commentaire

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