Le jeudi 3 et vendredi 4 juillet 2025, le trafic aérien français a été largement paralysé en raison d’une grève des contrôleurs aériens (ICNA) réclamant « l’amélioration des conditions de travail et des effectifs plus importants ». Une situation qui suscite l’exaspération de Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports, invité vendredi matin sur Cnews : « Il faut se rendre compte qu’hier et aujourd’hui, 272 personnes dans notre pays vont impacter le bien-être de plus de 500 000 personnes », souligne-t-il, dénonçant « une minorité qui bloque tout le reste de la population », au moment même où des milliers de familles espéraient partir en vacances. Le ministre mentionne également le risque pour la sécurité : « Il y a une auto-gestion dans les tours de contrôle particulièrement dangereuse pour la sécurité de nos concitoyens ».
Selon un rapport du Sénat du 2 octobre 2024, « les relevés réalisés par la Direction des services de la Navigation Aérienne (DSNA) lors de contrôles inopinés dans les centres de contrôle français montrent qu’au moins 15 % des contrôleurs devant être présents sur site d’après le tableau de service sont absents sur la durée complète de la vacation ».
Toujours selon ce rapport, le salaire brut moyen annuel d’un contrôleur aérien s’élève à 96 000 euros, soit environ 8 000 euros par mois. À cela s’ajoutent de très nombreuses primes : en 2018, la Cour des comptes recensait 137 primes différentes contre 126 en 2010 pour l’ensemble de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC). Entre 2013 et 2018, le montant total de ces primes a progressé de 10 %, atteignant 412 millions d’euros, représentant en moyenne 35 % du coût salarial brut, et plus de 50 % pour les seuls contrôleurs aériens.
Les trois derniers protocoles sociaux ont, par ailleurs, entraîné une augmentation d’environ 80 millions d’euros des charges de personnel de la DGAC. Le nouveau protocole 2023‑2027 est lui estimé à un coût d’environ 100 millions d’euros par an. Ces mesures s’accompagnent d’avantages financiers avec une nouvelle prime mensuelle allant de 80 à 450 euros pour reconnaître les sujétions liées à l’encadrement hiérarchique opérationnel, une prime de fidélisation de 300 euros par mois après 4 ans d’affectation dans des centres moins attractifs, complétée d’une prime annuelle comprise entre 1 200 et 40 000 euros après 10 ans d’ancienneté. En cas de fermeture de service entrainant une mobilité géographique, une prime spécifique variant de 2 500 à 30 000 euros sera distribuée. Enfin, une prime d’intéressement collective pouvant atteindre 1 000 euros par an, qui a coûté 7 millions d’euros en 2023, accordées aux seuls ICNA dans un premier temps. Le protocole 2023-2027 prévoit 696 recrutements de contrôleurs aériens entre 2023 et 2027.
Ces privilèges s’accompagnent d’un régime horaire favorable : en pratique, le temps de travail effectif des contrôleurs aériens serait d’environ 24 heures hebdomadaires, bien en deçà du plafond légal fixé à 32 heures (plafonnés à 1420h contre 1607h pour le régime de droit commun). Autre fait inquiétant relevé par ce rapport : la DGAC ne dispose d’aucune évaluation complète des coûts ou de l’efficacité de ces protocoles, pourtant renouvelés et étendus à chaque cycle.
Philippe Tabarot rappelle par ailleurs qu’« une augmentation de 7 % a déjà été accordée l’année dernière ». Tout en reconnaissant que le métier est stressant, il souligne que « d’autres professions en France le sont tout autant, voire davantage, sans bénéficier du même niveau de rémunération et avec des horaires plus contraignants ». Depuis des années, l’IREF met en lumière les privilèges exorbitants des contrôleurs aériens, illustrant qu’en France quelques centaines de privilégiés peuvent encore prendre en otage la liberté et le quotidien de centaines de milliers de citoyens.
12 commentaires
“Une situation qui suscite l’exaspération de Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports…..”
Et que fait donc notre ministre exaspéré pour remédier à la situation ? Il semble me souvenir que Donald Reagan, voici longtemps avait trouvé une solution radicale dans une situation identique…
La grève de ces contrôleurs, ultra privilégiés jusqu’à l’absurde, prouve au moins une chose : ce n’est pas en multipliant les avantages qu’on rend les fonctionnaires heureux puisqu’ils en réclament toujours plus. Les avantages ne font que les déconnecter toujours plus de la réalité économique, car qui paie ?
La preuve de l’échec du socialisme, c’est-à -dire des avantages versés aux frais des con-tribuables. Dans le privé la réalité économique est toujours là .
Stressant LOL!
Personnellement ce qui était stressant lorsque j’étais encore en activité, c’était d’être transféré par un centre de contrôle aérien étranger à un centre de contrôle aérien français (le non respect du temps de présence minimum en poste de contrôleur en fonction – seuil critique pour le maintien d’un savoir faire en toute SECURITE – me faisait douter de leur capacité à gérer un conflit entre deux aéronefs)
Jamais aussi peu « d’ayants droits » n’ont coûté aussi cher à autant d’usagers. Une honte absolue!
Ils feront moins les malins le jour où leur rôle sera juste de surveiller le bon fonctionnement de l’IA en train de gérer les mouvements des avions
greve des contrôleurs.. pourquoi le socalld premier ministre n’a pas eu le courage d’utiliser les controleurs &ériens militaires où ceux de CEV….
J’ai entendu affirmer qu’ils prenaient leur retraite à 59 an… sans préciser quil s’agit de l’âge de depart limite OBLIGATOIRE mais qu’ils peuvent la prendre à partir de 52 ans !
Notre société est devenue celle de l’enfumage et de la fourberie. Mais ce qui est grave c’est que l’état et certains medias montre l’exemple.
Les maîtres chanteurs , on les vire !!!
Et notre pravda diversifiée de tenter de justifier ces grèves en plein départ de vacances mais leur dilemme est grand car de nombreux Français d’origine immigrée retournent en vacances au pays ! Kafkaïen pour un journaliste bien pensant !!!
Il me semble que j’avais lu il y a quelques années que les contrôleurs aériens européens étaient rassemblés sous une autorité européenne avec un contrat type pour tout le monde mais que sous la pression des contrôleurs nationaux la France avait refusé cette organisation.
Remplacer au pied levé 272 personnes, cela ne devrait pas être la mer à boire. Il faut suivre l’exemple des américains qui les avaient tous virés du jour au lendemain et remplacés par des contrôleurs militaires. Formons en douce ces militaires et faisons un coup d’état en virant les plus virulents. Les autres réfléchirons sans doute s’ils perçoivent une détermination.
J’ai entendu un syndicaliste représentant les contrôleurs en grève dire qu’une pointeuse serait une source de stress, préjudiciable à la sécurité aérienne!!!!! Si ces pôoooov contrôleurs sont stressés par le contrôle de leur temps de travail et de leur présence effective à leur poste, qu’ils changent vite de travail car nous avons du souci à nous faire, nous les passagers!!! Par ailleurs, quand on n’a rien à se reprocher, on se moque pas mal de pointer.
Je suis scandalisée que des gens qui ont de tels avantages, dont certains clairement exagérés et indus, se permettent de bloquer le trafic aérien! Un peu de respect pour ceux qui vous payent, c’est à dire les contribuables. Tout un système à revoir et des économies à faire, encore faut-il en avoir le cran.