À peine reconduite à la tête de France Télévisions, Delphine Ernotte affiche une détermination intacte. Derrière les grandes ambitions, les projets de partenariats et les discours sur la responsabilité démocratique du groupe, la réalité financière peut difficilement être ignorée : pour la première fois depuis 9 ans, France Télévisions est en déficit (70 millions d’euros en 2025).
Interrogée sur les critiques qui ciblent l’audiovisuel public, la dirigeante évoque une « chasse au service public » dont elle se dit la cible : « Je n’ai pas l’intention de me laisser faire. Je ne laisserai plus rien passer, ni sur nos antennes, ni face aux critiques totalement abusives qui nous visent. » Faut-il vraiment y voir une « chasse » ou la remise en cause d’une entreprise au modèle dépassé, en plus d’être mal gérée ? À l’heure des arbitrages budgétaires, la légitimité du financement d’un mastodonte audiovisuel par l’impôt doit être posée. Pour quelle raison mystérieuse faudrait-il prendre chaque année 2,567 milliards d’euros aux Français pour un service qu’ils n’ont jamais demandé à financer, qu’ils n’utilisent pas nécessairement ou qu’ils estiment biaisé dans son traitement de l’information ?
En théorie, le « service public » audiovisuel repose sur l’idée de garantir à tous un accès à une information de qualité, indépendante et pluraliste. En pratique, France Télévisions, à l’instar d’autres médias subventionnés, donne surtout l’impression d’évoluer dans un entre-soi culturel et éditorial (écologisme, IVG, concours de drag-queens). Les points de vue qui s’écartent du consensus parisien dominant sont régulièrement caricaturés, quand ils ne sont pas qualifiés de « populistes ». On peut se poser la question : le pluralisme ne se porte-t-il pas mieux dans le foisonnement des offres privées, des chaînes Youtube et des médias indépendants, plutôt que dans les rédactions centralisées de l’audiovisuel public ? Internet a rebattu les cartes ; la justification du label « service public » au nom de l’objectivité et de la neutralité ne tient plus depuis longtemps. D’autant plus que les procès en pluralisme par l’Arcom visent principalement les émissions classées à droite (CNews, TPMP…).
L’écosystème médiatique a profondément changé. Une privatisation de France Télévisions aurait l’avantage de lui offrir une réelle indépendance, sans alourdir les comptes publics, et de donner aux contribuables la liberté de choisir les médias qu’ils veulent financer (reste à savoir si ceux de France Télévisions seront jugés dignes de survivre). Le moment est venu de tourner la page d’un modèle hérité du siècle dernier.
8 commentaires
Affirmer que la privatisation d’un service public le rende indépendant me laisse dubitatif
Je comprends votre point de vue, ceci dit, je préfère mille fois un média dépendant du grand capital et que je ne suis pas obligée de financer, qu’un média subventionné qui se prétend garant de la neutralité… avec mes impôts.
Si Sarkosy n’avait pas offert le Service Public de l’Information à la Gauche, on n’en serait pas là .
hyper-pertinent, excellent, merci !!
Réflexe corporatiste d’une femme qui vit bien de la propagande d’État.
Pour prolonger votre commentaire, Media Part toujours si prompt à attaquer le Privé ,pourrait nous informer du salaire de cette charmante dame ???
Ces milliards d’euros seraient bien plus utiles ailleurs que dans ce service public soit disant indépendant ! Tu parles !
Même le Président Macron a une piètre idée du “service public” de la télévison puisque dernièrement pour les 2 H de “débat” qu’il nous a asséné, il est allé sur une chaine privée.