Seulement deux jours avant le premier tour de la présidentielle, le vice-président de la Commission électorale fédérale américaine, le républicain James E. Trainor, envoyé spécial de Trump en Roumanie, a déclaré que les documents de défense et de sécurité « démontrent très clairement l’existence d’une ingérence extérieure dans le processus électoral roumain ». Il a félicité Bucarest pour l’annulation du scrutin initial (le 24 novembre) et a confirmé l’ingérence étrangère dans le processus, citant en particulier la Russie. C’est dans ce contexte que s’est tenu ce nouveau premier tour.  Environ 40 % des électeurs ont voté pour un candidat très controversé, George Simion. Le deuxième, Nicusor Dan, a obtenu 20.9 %. Contrairement à Calin Georgescu, Simion n’est pas un inconnu. Ses premières actions de militant remontent au début des années 2010,  il réclamait alors la réunification de la Bessarabie et de la Roumanie. Il n’a obtenu que 1.21% aux élections européennes de 2019 mais la pandémie lui a fourni l’occasion de se révéler au grand public. Surfant sur la crise sanitaire, avec un discours nationaliste, souverainiste (lorsqu’il s’agit de l’Occident, pas de la Russie), complotiste et antivaccins, il réussit à faire entrer son parti AUR (Alliance pour l’unité des Roumains) au Parlement. Il ne s’agit pas d’un homme politique classique avec un programme de gouvernement. C’est un individu sans parcours professionnel (on sait juste qu’il a été à la tête d’un groupe de supporters de foot et que sur sa page Facebook il se dit « écrivain » alors qu’il n’y a trace d’aucune publication !) qui aime se mettre en scène (sur Tiktok bien entendu) et planifier des « coups ». Un jour, il insulte en direct ses collègues au Parlement et il fait la une des médias, un autre il annonce des appartements et des maisons à 35 000 euros pour tous les Roumains et il est à nouveau sous les projecteurs. Il ne cache pas sa nostalgie pour les mouvements fascistes roumains de l’entre-deux guerres. Juste avant les élections, il a envoyé une lettre personnalisée et pleine de promesses aux retraités sans que l’on sache comment il a obtenu leurs noms et adresses. Sûrement pas de manière légale.
Simion a évité les débats et les sujets sérieux durant la campagne. Ses promesses utopiques, les nationalisations qu’il envisage et son attitude anti-occidentale ont eu un écho chez beaucoup de Roumains. A cela s’ajoutent la frustration politique de nombreux électeurs, le triste spectacle de cirque qu’ont offert les partis « historiques », la corruption, etc. Le plus insensé dans l’affaire, c’est que le discours de Simion a séduit une partie de la diaspora roumaine qui a voté à 59 % en sa faveur. Cette même diaspora qui gagne sa vie grâce au marché du travail européen et profite bien des systèmes sociaux occidentaux. Etonnant aussi, que ce vote de rejet se soit manifesté dans un pays qui s’est énormément développé économiquement ces dernières années. Le PIB/hab (PPA) a été multiplié par 5 depuis l’adhésion de la Roumanie à l’UE en 2005 et il a dépassé aujourd’hui celui de la Grèce ou de la Hongrie.
Tout n’est pas joué. D’abord, environ 50 % des électeurs ne se sont pas déplacés pour voter. Ensuite, il est déjà arrivé (deux fois) qu’un candidat obtienne 40 % au premier tour et perde au second. Tout dépend de la mobilisation de l’électorat (et des alliances politiques) en faveur de Nicusor Dan, le candidat « normal » de centre-droite, le mathématicien qui a abandonné une brillante carrière en France pour rentrer en Roumanie où il a été élu maire de Bucarest.
5 commentaires
On a ouvert les bras et surtout le portefeuille bien trop vite et sans aucun contrôle punitif à ces pays sous le joug socialiste…ils ne sont dans l’UE que pour nous sucer la moelle. Dehors Orban et cie si vous n’acceptez pas les règles et remboursez ce que vous avez pillé. Retournez sous Poutine , là vous saurez vite pourquoi la clouer.
Quoiqu’on pense de ce vainqueur du premier tour, c’est évidemment un effet boomerang contre la décision des juges d’invalider une élection démocratique, d’interdire à des candidats de se présenter, procédés dignes de pays fascistes ou dignes de la Turquie d’ERDOGAN. La démocratie c’est d’abord la liberté d’expression et le débat et non les interdits, les ostracisations qui ne sont que le reflet de la faiblesse de la “bien pensance” européenne. C’est sur le fond des idées que l’on combat ses adversaires, non en décidant ce que les électeurs sont autorisés à voir ou à entendre et encore moins pour qui ils sont autorisés à voter !
Décidément… Un acteur de cinéma en Ukraine et aux USA… Un supporter de foot en Roumanie… !!!
acteur c’est un métier…Supporter, pas vraiment…
Ben voyons, rien ne vaut la continuité. On prend les mêmes et on continue. Jusqu’où ?
Comme en France, après 15 ans de hollando-macronisme, certains pensent à E. Philippe pour 2027.
E. Philippe pour sa gestion de la crise des gilets jaunes en 2018 ? E. Philippe pour avoir prétendu, en janvier 2022, que les masques contre la Covid ne servaient à rien. Ah si E. Philippe pour avoir inventé les ZFE en 2019.
Certains n’aiment vraiment pas la France !!!