C’est une spectaculaire escalade à laquelle se livre la Maison-Blanche depuis dimanche sur un sujet au demeurant sensible et légitime, l’expulsion d’immigrés clandestins. Donald Trump a ordonné le déploiement à Los Angeles, dans la nuit de lundi à mardi, de 700 Marines, une troupe d’élite de l’armée américaine, pour épauler les 2.000 membres de la Garde nationale, armée de réservistes utilisée dimanche matin. C’est la première fois depuis 1965 que la Garde nationale est déployée sans feu vert du gouverneur de l’Etat concerné, en l’occurrence la Californie dirigée par le démocrate Gavin Newsom. Ce dernier a qualifié de « provocation » la décision du président américain, lequel a laissé entendre qu’il devrait être arrêté, ce qui déclencherait assurément une crise institutionnelle gravissime.
Le déploiement de Marines constitue, lui aussi une première depuis des décennies : ces soldats utilisés surtout en situation de guerre face à des armées régulières lourdement armées, donc formés, entraînés et équipés pour éliminer des ennemis avaient été déployés pour la dernière fois sur le sol américain en 1992 lors d’émeutes meurtrières, déjà , à Los Angeles. Et encore, à l’époque, ce déploiement avait-il été très bref, au vu des risques et le président Georges Bush avait été sollicité par le gouverneur de l’Etat, et avait invoqué l’Insurrection Act, ce que n’a pas fait Donald Trump… Il faut sinon remonter à 1957 pour trouver un autre exemple de déploiement de troupes fédérales sur le sol américain, lors de la crise de la déségrégation scolaire dans les Etats sudistes, ou, plus en arrière, quasiment au début du XXème siècle.
La nuit a ramené un calme précaire dans le centre de la mégalopole, dont certaines rues chargées de gaz lacrymogènes témoignent des affrontements de ces derniers jours. D’un côté des protestataires, parfois gantés ou masqués, drapés dans un drapeau mexicain. Certains hurlent des slogans anti-Trump, jettent des projectiles, brandissent des pancartes dénonçant le “fascisme” ou les raids visant les sans-papiers. De l’autre des policiers en tenue anti-émeute, visière rabattue sur le visage, tenant fermement leur matraque ou leur fusil à balles en caoutchouc. Le déploiement de forces armées fait suite à trois jours de manifestations contre les détentions par les autorités d’immigration. Les responsables locaux ont déclaré que cela n’était pas nécessaire et que les soldats ne feraient que gêner. La Maison-Blanche a estimé que les manifestants étaient en fait des professionnels de l’insurrection.
« J’ai vu Minneapolis brûler », a déclaré Trump lundi en référence aux manifestations qui ont secoué la ville en 2020 après le meurtre de George Floyd par un policier. « Il y a tellement d’endroits différents où nous avons laissé brûler, nous voulions être politiquement corrects, nous voulions être gentils. » Cette escalade augmente le risque d’affrontements entre les troupes américaines en service actif et les citoyens américains.
Le procureur général de Californie, Rob Bonta, a déclaré que l’État poursuivait l’administration, arguant que M. Trump avait outrepassé son autorité et déployé illégalement la Garde nationale.
6 commentaires
” Il y a tellement d’endroits différents où nous avons laissé brûler, nous voulions être politiquement corrects, nous voulions être gentils. ”
C’est exactement ce que font chez nous les politiques de tout bord depuis des années. Les USA ont bien de la chance d’avoir enfin un Président capable de maintenir l’ordre et de contrer les émeutiers.
Pas fan de Trump mais là j’approuve
D. TRUMP applique la politique pour laquelle il a été largement élu. Trouvez-vous normal qu’une minorité agissante conteste le verdict des urnes ?
En France le président toxique n’aurait pas envoyé des renforts mais l’IGPN pour sanctionner des policiers qui auraient un peu bousculé ”chochote” ou même qui aurait verbalement ”dérapé”.
A chacun sa morale !!!
Les immigrés clandestins sont illégalement sur le sol américain. Les émeutiers sont donc des hors la loi, il n’y a pas de discussion!
Ainsi donc, ce serait la Maison-Blanche qui se livrerait à une escalade ? Phrase intéressante. C’est ce qu’on entend toujours chez nous, que la présence de la police attise la haine, fait s’aggraver les choses. Il est préférable de laisser les émeutiers faire leur loi, de laisser les rodéos urbains se déchaîner, tout accepter pour que surtout on ne risque pas l’embrasement complet du pays.
Pourtant, la Maison-Blanche ne fait qu’arrêter des illégaux. Elle devrait donc laisser tomber face à des émeutiers ?
Intéressant aussi de noter que les responsables locaux “ont déclaré” etc. tandis que la Maison Blanche “a estimé” etc. ne pourrait-on inverser ces verbes ? Pourquoi ce ne serait pas les responsables locaux qui “estimeraient” et la Maison-Blanche qui déclarerait ? On a la même façon de parler sur nos médias de sévices publics : le “bon” est toujours présenté dans son bon droit (quand bien même il défend des illégaux ou fichés S), tandis que la vraie droite est toujours présentée avec “selon ses dires” par ex.
Bien sûr qu’il y a un risque que l’embrasement dépasse l’entendement, mais laisser les émeutiers bloquer le pouvoir par la violence dans la rue, et donc prendre le pouvoir, dépasse encore plus l’entendement.
La garde nationale suffisait largement…Les marines ne sont d’ailleurs pas du tout formés pour ça !