Personne ne se précipite pour aider l’Iran, même pas les autres membres des BRICS

Après avoir exigé par tweet mercredi une étrange « capitulation sans conditions » de l’Iran, sous on ne sait quel format, Donald Trump a brusquement adouci sa position en donnant encore « jusqu’à deux semaines » à la diplomatie. Pas de menaces immédiates, donc, de raid sur les sites nucléaires iraniens. Mais cet assouplissement a été accueilli froidement, du moins en apparence, vendredi matin par Téhéran, qui a prétendu ne pas avoir été saisie par Washington d’une proposition de négociation directe, et a exigé préalablement la suspension des raids israéliens, qui n’a aucune chance d’arriver. Pourtant, Téhéran a désormais clairement un revolver chargé sur la tempe sous forme de bombardiers B2 dotés de bombes GBU57 basés à Diego Garcia (territoire britannique, au passage).

D’ici donc la date butoir du président américain, en théorie le 3 juillet, il faudra scruter attentivement les moindres signes de rapprochement des positions de l’Iran, qui tient à conserver le droit d’enrichir de l’uranium pour un usage civil, la production d’électricité, et celle de Donald Trump, qui exige zéro enrichissement. Les ministres des affaires étrangères du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne, David Lammy, Jean-Noël Barrot et Johann Wadephul, ainsi que la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne Kaja Kallas. ont eu l’opportunité de marteler, vendredi après-midi à Genève, auprès de leur homologue iranien, la nécessité de trouver un compromis : ils devaient faire durant cette réunion “une offre de négociation complète” à l’Iran incluant le nucléaire, les activités balistiques et le financement des groupes armés dans la région. Des sujets plus larges que celui des négociations acceptées par Téhéran ces dernières années, qui acceptait de parler du nucléaire mais pas de ses ingérences, ou de son arsenal de missiles balistiques. Il est vrai que l’offensive israélienne, le13 juin, a bouleversé la donne, ne serait-ce qu’en détruisant la moitié des 400 rampes de lancement iraniennes, selon une évaluation de Benhyamin Netanyahou, jeudi soir. Quant aux « proxies » de Téhéran dans la région, Hamas, Hezbollah, milices chiites en Irak, ou Houthis au Yémen, ils sont soit KO debout, à l’exception de ces derniers, ou n’ont plus envie de prendre des risques, dans le cas du Hezbollah, pour leur « patron » qui ne les a pas soutenus quand ils ont été frappés il y a un an par Israël.

L’Iran a tiré vendredi sur Israël une salve d’une dizaine de missiles balistiques, le format désormais habituel, par contraste avec la centaine d’il y a une semaine, signalant des problèmes de stocks et de logistique désormais. Au passage, on peut noter qu’aucun des membres des BRICS + (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud, Iran, Egypte, Emirats arabes unis, Indonésie et Ethiopie) censé constituer un formidable contre-pouvoir aux Occidentaux, n’a volé au secours de Téhéran, au-delà de déclaration convenue. Il est vrai que ce bloc est zébré de rivalités civilisationnelles et que nombre de ses membres n’ont pas envie de se fâcher avec les Occidentaux, importants débouchés commerciaux ou investisseurs pour eux.

Par ailleurs, des milliers de personnes ont manifesté à Téhéran contre Israël, brandissant des banderoles en soutien au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei pour lequel ils se sont dit prêts à sacrifier leur vie. Des milliers, pas des dizaines et encore moins des centaines de milliers….