Le Sénat mexicain a approuvé une réforme constitutionnelle controversée faisant du pays le premier au monde à désigner tous ses juges, y compris ceux de la Cour Suprême, par un vote populaire. Voulue par le président de gauche sortant Andrés Manuel Lopez Obrador, la réforme a été adoptée par 86 voix pour, soit les deux tiers des 127 sénateurs présents à la chambre haute, dominée par le parti au pouvoir Morena et ses alliés, et 41 voix contre de la part des partis d’opposition. Cette réforme génère de fortes tensions avec Washington, où pourtant les juges locaux sont souvent élus et à l’intérieur du Mexique où les manifestations sont quotidiennes depuis plusieurs semaines.
Le chef d’Etat mexicain, qui cédera le pouvoir le 1er octobre à Claudia Sheinbaum, issue du même parti, soutient que la justice mexicaine est corrompue, alors que plus de 90% des crimes restent impunis, selon les ONG. « Ce qui inquiète le plus ceux qui sont contre cette réforme, c’est qu’ils vont perdre leurs privilèges, car le pouvoir judiciaire est au service des puissants (…) et de la criminalité en col blanc », a déclaré mardi le président sortant, dont la popularité avoisine les 70%. Une responsabilisation des juges devant des électeurs au vu de leurs « performances » en matière de relaxe de criminels multirécidivistes se défend, mais les opposants de la réforme estiment que cette réforme fragilisera l’indépendance des juges et les rendra vulnérables aux pressions du crime organisé.
2 commentaires
Quand se decidera t on a élire une assemblée citoyenne anonyme ayant comme fonction de juger les juges?
Là où je reconnais une grande pertinence à cette réforme, c’est que je considère que nul pouvoir, en démocratie, ne devrait être au-dessus de celui du peuple.
Or, c’est très exactement ce dont disposent tous ces pays qui ont une Cour Suprême (et les États-Unis en premier lieu ; la France de plus en plus avec son Conseil Constitutionnel qui s’accapare des pouvoirs qui ne lui étaient pas destinés) : une assemblée de magistrats qui ne doivent rien aux électeurs mais tout à ceux qui les nomment dont le pouvoir dépasse celui du peuple, puisqu’ils ont le pouvoir d’entraver le droit de légiférer : une telle situation est à mes yeux intolérable et je félicite les représentants du peuple mexicain d’y avoir mis fin.
Pour le reste, il est tout-à-fait pertinent de craindre que les Cartels fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour peser sur les décisions des juges. Cela dit, ne le font-ils déjà pas ?…