Le risque de guerre entre l’Inde et le Pakistan est monté à un niveau peut être sans précédent depuis leur dernier conflit d’envergure en 1971 après le raid aérien de New Delhi dans la nuit de mardi à mercredi. Les missiles indiens, en riposte à un attentat qui a tué 26 touristes dans le Cachemire indien mené par des islamistes probablement de mèche avec Islamabad, ont fait une trentaine de morts au Pakistan. Ce dernier affirme avoir abattu cinq avions indiens, dont des Rafales fournis par la France, mais l’Inde n’a reconnu officieusement que la perte de deux Mig soviétiques. Si New Delhi a affirmé qu’il comptait en rester là et se targue d’avoir détruit neuf bases de terroristes dans le Cachemire pakistanais, Islamabad va vraisemblablement se sentir obligé de répliquer pour rétablir une sorte de dissuasion vis-à-vis de l’Inde. La question étant de savoir si cette riposte sera calibrée pour éviter une escalade.
Une situation d’autant plus préoccupante que les deux pays sont des puissances nucléaires, avec un risque, du moins théoriquement, de recours à l’arme ultime si jamais dans une guerre ouverte l’un des deux pays se sentait acculé à une défaite existentielle et utilisait des missiles nucléaires tactiques, donc d’une puissance équivalente à celle d’Hiroshima, pour obliger l’ennemi à lâcher prise.
Si la plupart des analystes jugent ce scénario très improbable, en revanche, une guerre conventionnelle demeure tout à fait plausible. Il existe un précédent entre deux puissances dotées de bombes atomiques, l’URSS et la Chine de Mao en 1969 pour le contrôle d’une île au demeurant inhabitée sur un fleuve d’extrême Orient. Les grandes puissances, Chine, Etats-Unis, Union européenne, Russie, disposent de peu de leviers sur les deux protagonistes, même s’ils en sont des fournisseurs importants d’hydrocarbures et d’équipements militaires ; l’Inde a développé une politique étrangère dite « multifactorielle », qui la rend très insensible à toute pression, tandis que le Pakistan peut jouer du fait qu’il est, de manière singulière, allié à la fois de la Chine et, depuis 1948, des Etats-Unis. Or, en géopolitique, être l’allié de quelqu’un ne signifie pas lui obéir, surtout quand des questions de sécurité sont en jeu.