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Transports sanitaires de patients : un dérapage budgétaire à plus de 6 Mds€

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La Cour des comptes donne l’alerte sur un dérapage inquiétant des finances de la Sécurité sociale, avec un déficit attendu de plus de 22 Mds€ en 2024. En ligne de mire : la branche maladie et les transports sanitaires, dont les coûts explosent. Un signal  ignoré jusqu’ici par l’exécutif et qui devra se traduire par des annonces substantielles d’ici l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, à l’automne.

À la fin du mois de mai, la Cour des comptes et son Premier président Pierre Moscovici, l’ancien ministre des Finances de François Hollande, ont jeté un pavé dans la mare en publiant le traditionnel rapport annuel sur les comptes de la Sécurité sociale. Contrairement aux prévisions, le « trou de la sécu » atteindra 15,3 Mds€ en 2024, soit 4,8 Mds€ de plus de ce qui était attendu. C’est la branche maladie qui concentre l’essentiel du déficit à hauteur de 13,1 Mds€, suivie par celle des retraites (5,6 Mds€). Les autres branches, excédentaires, atténuent quelque peu cette gabegie.

Pire encore, le déficit devrait s’élever à plus de 22 Mds€ cette année, et l’on s’attend à ce qu’il s’aggrave encore, puisqu’il est bâti sur des hypothèses fantaisistes de croissance économique de +0,9 %, alors qu’elle n’a atteint, selon l’INSEE, que 0,1 % au premier trimestre. À l’horizon 2028, les projections sont catastrophiques : le solde cumulé des quatre branches de la sécurité sociale serait déficitaire de 24,1 Mds€, toujours plombé par celui de l’Assurance maladie (-16,8 Mds€) et des retraites (-5 Mds€).

Parmi les dépenses ciblées par le Gouvernement, celles qui ont trait aux transports sanitaires, en pleine flambée, ont fait l’objet d’une attention toute particulière.

Un poste hors de contrôle

En 2023, selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) du ministère de la Santé, le coût des transports sanitaires ambulatoires – c’est-à-dire hors transports d’urgence – a atteint 6,8 Mds€ (dont 6,4 Mds€ d’argent public). Après la fin de la crise sanitaire, il a littéralement explosé : + 17,5 % en 2021, + 8,2 % en 2022, + 10,8 % en 2023. Depuis 2013, la hausse est de 5,2% par an dont à peine plus d’un tiers est lié à l’augmentation des tarifs négociés entre l’État et les professionnels du secteur, le reste étant dû à l’augmentation de la masse des prestations délivrées.

Rappelons que c’est l’Assurance maladie qui finance 93,8 % de la dépense totale des transports sanitaires, la toute petite portion restante-ci étant assumée par les ménages et les mutuelles.

Outre l’émergence d’une population âgée de plus en plus consommatrice de soins, le principal problème est le remboursement à 100 % de toute une catégorie de patients en affection de longue durée (ALD), qui ne sont donc guère incités à modérer leurs demandes. En 2022, les dépenses de cette catégorie se sont élevées à 4,7 Mds€ soit les trois quarts du budget public alloué aux transports sanitaires cette année-là.

Un secteur peu efficient qui fonctionne comme une économie de rente pour les taxis

Selon la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie) elle-même, plus de 5 000 entreprises spécialisées et près de 29 000 taxis conventionnés se sont partagé le transport de 6,4 millions de patients en 2023.

Le secteur se divise en trois types d’acteurs : les taxis (45,8 % de la dépense), les ambulances (37,2%) et les VSL ou véhicules sanitaires légers (14,8 %). Le reste, 2,2 % de la dépense, est assez marginal et concerne les déplacements en avion, bateau, véhicules personnels et transports en commun.

Les taxis constituent le cœur du problème : leurs tarifs sont négociés dans un cadre national mais localement et leur rentabilité (entre 13 et 27 %) est bien supérieure à celle des entreprises de VSL et d’ambulance (entre 2 et 10 %), qui appliquent des tarifs nationaux.

Il s’agit en fait d’une véritable économie de rente, qui bénéficie à une profession réglementée où l’entrée sur le marché n’est pas libre. Selon un rapport de l’Assemblée nationale datant de 2022, hors Île-de-France, 82 % des taxis sont conventionnés, ce type d’activité constituant une source majeure de leurs revenus.

Cette dérive massive des dépenses sociales montre les limites d’un système où la gratuité apparente entraîne des abus et où l’absence de concurrence entretient des rentes.. Il est temps d’instaurer un ticket modérateur significatif, y compris pour les bénéficiaires de l’ALD, et de laisser aux VTC la possibilité d’effectuer des transports sanitaires. D’une manière plus générale, le recours au secteur privé s’impose de toute urgence en lieu et place d’une Sécurité sociale à bout de souffle.

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9 commentaires

henriB 20 juin 2025 - 8:16 am

Ce qui nous ferait : 4.7 milliards divisés par 29000 taxis, 1.600 000 euros par taxi . 4500 euros par jour .

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henriB 20 juin 2025 - 8:27 am

Raté. A un zéro près . Seulement 450 euros par jour et par taxi …

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Jojo 20 juin 2025 - 11:22 am

Les abus ne sont pas tous du fait des patients. Si vous avez une petite opération ambulatoire avec une anesthésie très légère ou locale, voire même une simple sédation, le docteur ne veut prendre aucun risque, comme son assurance l’y contraint suite à des plaintes fantaisistes, et vous interdit de rentrer chez vous en conduisant. Idem s’il vous juge trop vieux ou inapte pour conduire à une consultation. Son secrétariat vous propose immédiatement un taxi gratuit ou presque, aller et retour compris (bien sûr, qui ramènerait votre voiture si vous veniez en conduisant ?). Personne pour contester ou invalider cette décision, son application est automatique. Et le service est en général très bon vu la concurrence entre les taxis. Pourquoi refuser ? Une goutte en plus dans l’océan du déficit de la SS.

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Lhph 21 juin 2025 - 11:21 am

Extraordinaire le gaulois irresponsable exprime sa vantardise

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Hphl 21 juin 2025 - 11:23 am

Extraordinaire le gaulois vantard exprime son irresponsabilité tout en demandant aux autres de faire des économies….🤣🤣🤣🤣🤣

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DUPOND 20 juin 2025 - 12:04 pm

Les multiples organismes qui s’occupent de notre santé szseraient bien inspirés de chercher des dérapages entre eux d’abord ! Les taxis remplissent un rôle majeur pour les personnes ayant de lours traiements dans les hopitaux éloignés de leur domicile. Des abus ? sans doute mais mineurs et l’armada admistrative ne fait pas son travail de contôle , justement. Je ne sais pas comment expliquer tous ces gachis au endroits inutiles.
L’hospitalisation en embulatoire est une bonne chose pour le patient et pour la sécu . Combient de jour dhospitalisin économisées ? Comment aller à l’hopital si ce n’est avec un taxi.
Il faut prendre tous les aspects du problème. Les commantateurs et politiciens sont très mauvais

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Hplh 21 juin 2025 - 11:25 am

Encore un franchouillard irresponsable qui dégage un grand coup en touche c est pas moi c est l autre….😂😂😂😂

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Yves Heulenote- Poh 20 juin 2025 - 4:00 pm

Encore une fois le problème est pris à l’envers , comme trop souvent avec ces huluberlus qui croient nous gouverner.
Cout trop élevé des transports sanitaires et on veut demander aux taxis de faire un effort ? Mais de qui se moque -t-on ? Depuis quand le taxi est à l’initiative du transport sanitaire ? Ne serait-ce pas aux médecins prescripteurs qu’il faudrait s’attaquer ?
Finalement , et quand bien même je serais un ancien élève de l’ENA, je crois ne pas avoir saisi le développé de cet acronyme.

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CS 20 juin 2025 - 4:23 pm

Au Canada, pour un résident c’est l’équivalent de 80 euros de base plus 1,1 euro du km. Pour les non résidents, c’est 250 euros plus 1,1 euro du km. À cause de la faible densité de population, il y a quand même un certain nombre de transports longue distance -plusieurs centaines de km- pour les gens en région éloignée. (Nos salaires et les coûts sont aussi plus élevés d’une manière générale. ) Il y a chez vous un certain nombre de déserts médicaux mais je suppose assez peu de transports de 600km et plus. Rien qui justifie des moyennes de facture à plus de 700 euros. Vous partez de loin pour ramener les dépenses gouvernementales vers une valeur plus raisonnable.

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