Dans notre pays, la réussite est non seulement entravée, mais dévalorisée. Il y a deux ans, l’ancien footballeur de l’équipe de France David Ginola déclarait que les Français avaient « un problème avec la jalousie » et l’ancien joueur de basketball Tony Parker abondait dans son sens (France 2, 22 avril 2023). Tout récemment, c’était au tour de Patrick Moratoglou de dénoncer à plusieurs reprises ce trait de caractère peu reluisant, à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage.
Pour ceux qui ne connaitraient pas ou pas suffisamment Patrick Moratoglou, disons en deux mots qu’il multiplie les activités tennistiques : entraîneur de grands joueurs ou joueuses (notamment l’Américaine Serena Williams par le passé), créateur d’une académie de tennis très renommée et homme d’affaires. Dans un entretien au Figaro (8 mai 2025), ce spécialiste en « préparation mentale » a confirmé qu’il détestait « la mentalité française ». Voici pourquoi : « Tous les gens qui ont des ambitions, on les traite de prétentieux ; tous ceux qui réussissent, ce sont des salauds. Je caricature, mais, quand quelqu’un réussit aux Etats-Unis, tout le monde a envie de l’imiter. Quand quelqu’un réussit en France, on le jalouse. L’état d’esprit français est très étriqué. C’est dommage, parce qu’il y a beaucoup plus de talents dans ce pays qu’ailleurs ».
Patrick Moratoglou ne faisait que reprendre, pour l’essentiel, des propos qu’il avait tenus dans un entretien donné à Eurosport le 12 avril dernier, intitulé : « La mentalité française n’est pas une mentalité de gagnant ». Il déclarait : « J’aime profondément la culture française, mais je déteste la mentalité française », et c’était l’inverse pour les Etats-Unis. Il regrettait la « chape de plomb » qui règne dans notre pays.
Les Français envieux des richesses d’autrui
Sur Le Figaro TV (27 avril 2023), Jean-Philippe Delsol considérait, lui, que les Français ne sont pas jaloux, mais envieux. Ils ne sont pas jaloux parce que la jalousie concerne la personne. Mais ils sont envieux de la richesse des autres, trouvant insupportable que d’autres possèdent plus qu’eux. Jean-Philippe Delsol rappelait cette magnifique phrase d’Alexis de Tocqueville prononcée en 1848 dans son célèbre discours sur le « droit au travail » (ou plutôt contre ce prétendu droit) : « Les Français veulent l’égalité dans la liberté et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans la servitude ».
Une envie qui décuple à mesure que les inégalités se réduisent
Dans le même entretien, Jean-Philippe Delsol rappelait de manière contre-intuitive que les inégalités ont tendance à décroître. Elles sont « modestes, particulièrement après les prélèvements obligatoires », le facteur étant de 1 à 4. Autrement dit, la lourdeur des impôts en France doublée d’une redistribution considérable rabote les inégalités de manière impressionnante. Or, la liberté crée par principe de l’inégalité, si bien que pour supprimer, ou du moins pour réduire drastiquement, les inégalités, il faudrait inévitablement réduire la liberté.
Pourtant, les hommes politiques, organismes divers, associations et autres intellectuels plus ou moins marqués à gauche ne cessent de prétendre que les inégalités s’accroissent. Un accroissement délétère qu’il faudrait bien évidemment juguler par une nouvelle hausse des prélèvements obligatoires sur les « riches ». C’est ce que l’on appelle le paradoxe de Tocqueville, que nous venons de citer : plus les inégalités se réduisent, plus les inégalités restantes apparaissent insupportables, si bien que la triste « passion de l’égalité » est un phénomène insatiable.
L’impôt sur la mort
Ce phénomène explique le caractère nodal de la question des héritages et des donations depuis plusieurs années. La France serait une société de « rentiers » – Emmanuel Macron l’avait même relevé au début de son premier quinquennat –, une société d’héritiers qui, comme tels, n’auraient aucun « mérite », et le phénomène serait d’autant plus grave qu’il s’amplifierait.
Nous n’avons cessé de nous opposer à de telles idées liberticides. Par le plus grand des hasards d’ailleurs, la plupart de nos voisins ont fait exactement le contraire de ce que prône la doxa de gauche en diminuant (par le truchement d’importantes franchises de droits par exemple), voire en supprimant, l’impôt sur les successions.
Nous souhaiterions souligner, pour finir, un paradoxe dans l’argumentation des partisans de l’« impôt sur la mort ». D’un côté, ils se lamentent de la concentration croissante des patrimoines. D’un autre côté, ils applaudissent à la taxation de la réussite et du mérite. Autrement dit, ils empêchent (pour parler comme les marxistes…) l’accumulation du capital par les actifs et ils se plaignent ensuite de la cristallisation des patrimoines existants !
Il est grand temps de libérer les énergies. Les Français seront moins jaloux, pour reprendre les propos de nos sportifs cités plus haut, ils seront moins envieux, pour reprendre les termes de Jean-Philippe Delsol, lorsqu’ils ne seront plus tenus dans leurs langes par un État-nounou. Il ne s’agit pas, comme le font accroire si souvent nos hommes politiques de tous bords, de « protéger » les Français (sauf leur sécurité intérieure et extérieure, ce qui n’est d’ailleurs pas le cas actuellement tant les fonctions régaliennes de l’Etat ont été amoindries), mais de les libérer.
24 commentaires
Punir et stigmatiser ceux qui réussissent : ce pays devient fou, d’autant que payer des impôts sur ce qui a déjà été imposé est anormal
C’est la vieille plaisanterie de ma jeunesse, toujours d’actualité : mon voisin a 2 vaches et je n’en ai qu’une. Si je suis capitaliste, je vais faire un effort pour en acquérir une autre. Si je suis communiste, je vais faire un effort pour qu’on lui en confisque une, voire deux. L’envie et la jalousie sont aussi vieilles que le monde, elles prospèrent en France.
Ne serait ce pas aussi à cause d’une classe politique de littéraires ratés, frustrés et envieux que produit l’éducation nationale et qui s’est incrustée dans les sphères du pouvoir et des médias faute d’être capable de faire mieux… je parle des imbéciles instruits.
@Jean-Aymar
Je vous rapelle que la “classe politique de littéraires ratés” a été élue et réélues !!!
Donc les énarques et les diplômés en sciences sociales NE sont PAS le PROBLEME.
Car en démocratie, s’il y a des PROBLEMES ce sont, avant toute chose, les ELECTEURS qui en sont responsables.
Il faut arrêtez les jérémiades inutiles.
Et les “papy-boomers” (principale force de votants jusqu’à maintenant) en portent la plus grande responsabilité.
Ils ont revoté Macron en 2022 et Van der Leyen en 2024.
Pire! ils ont été nombreux à voter LFI aux 2ème tour lors des dernières législatives
Cette génération « Boomers » (17 M d’électeurs) est décidément lamentable !!
Vous voulez rire les énarques sont des profiteurs et des imbéciles ! La plupart sont incapables de bien faire fonctionner une entreprise. Quand l’un a été Pdg d’une grosse entreprise, elle a eu des problèmes. Ces gens n’ont toujours travaillé qu’avec l’argent des autres pas le leur.
@Derval Gilles
Je partage totalement votre avis.
Mais en démocratie parlementaire, c’est l’électeur qui désigne les dirigeants.
Et force de constater que les français ont revoté Macron en 2022 et Van der Leyen en 2024.
Visiblement les “français moyens” ont une fascination pour les “gens [qui] n’ont toujours travaillé qu’avec l’argent des autres pas le leur”
@Maellys93
Vous oubliez un échelon : qui forme les électeurs ? Qui forme à l’économie ? Qui forme à la politique, à l’histoire de la France ? La gauche et surtout l’extrême-gauche. Le vrai problème ce sont nos politiques incapables de révolutionner l’éducation nationale de manière à ce que chaque citoyen soit instruit correctement et vote donc de manière sensée. Jamais un commentateur sur les chaînes du service public pour reprendre un cégétiste disant une énormité. C’est LFI qui (dé)forme les gens depuis leur plus jeune âge et encore sur le service public. Et PERSONNE (pour reprendre votre façon d’écrire) pour contrer leur discours, leur rappeler les millions de morts du communisme, les échecs des pays soviétiques (en réalité socialistes).
@MIMOSAS
Hallucinant votre compassion pour l’électeur.
Ce ne serait pas sa faute!
Ce serait une personne totalement influençable et victime des médias et des élites “progressistes”.
Permettez moi d’en avoir une autre image.
Les électeurs, notamment les “boomers”, sont dans le déni complet de la réalité.
Pire! ils s’y complaisent par manque de courage et refus du changement.
Toute alternative politique les affole.
D’ailleurs, nombreux ont voté LFI et communiste en 2024 au 2ème tour des législatives avec la bénédiction de leurs leaders soi-disant de “droite”.
Cf Edouard Philippe au Havre et l’opprobre jetée sur des personnalités comme E. Zemmour, Marion Maréchal et E. Ciotti qui ont tenté de renverser la table.
Quelle hargne ! Seriez-voius par hasard jalouse et envieuse?
Les français avancent à reculons . Après la seconde guerre, ils ont tou demandé à l’état nourricier (à l’époque). Et l’état s’est alors gavé de toutes les activités possibles. Par exemple l’instruction publique qui est devenu l’éducation nationale avec le succès qu’on lui connait actuellement . L’ENA a crée une technocratie rampante qui gère, maîtrise et régule tout ou presque des activités. Le clientélisme de la classe politique a facilité la réduction du travail, l’accès à la retraite. Ces deux catégories, les politiques etleshauts fonctionnaires ont étouffé les français et son économie. la machine est à out de souffle. Heureusement le génie français existe toujours et nos richesses sont toujours là.
DU BALAIS MAINTENANT. L’intelligence naturelle reste présente.
Je crois que la France est le seul pays dans le monde à avoir le mot égalité dans sa devise nationale.
Les Français avaient-ils déjà cette mentalité il y a 50 ans? Avant 39-45, bouleversement majeur ? Dans l’entre deux guerres ? Sommes-nous vraiment bloqués, de ce point d vue, depuis l’Ancien Régime ??
La question (ouverte) me semble essentielle, pour envisager un remède, une évolution (si la nation actuelle le souhaite. Je laisse aux idéologues de gauche la volonté de “servir” pour faire le bonheur du peuple malgré lui).
C’est heureusement un pays avec encore des richesses humaines (merci de ce rappel, Patrick Moratoglou !), dont on peut penser que ce ne sont pas elles qui génèrent l’envie, la jalousie, le blocage ?!
Quant à l’évolution actuelle, vers plus de contraintes, mons de liberté (et pas seulement économique et fnancière) me revient toujours à l’esprit ce que le Pr Laborit a mis en évidence il y a 50 ans: accroître les contraintes de ses groupes de rats accroissait leur stress…et augmentaient les réactions dures, négatives. On aurait tant aimé que la “solidarité”, “l’entraide”, au contraire s”y développent spontanément, naturellement… (genre chrétien, mais là, je suis nettement hors sujet, même pour prendre un point de comparaison parmi d’autres. Et il semble d’ailleurs que ça n’at pas autant marché, depuis 2000 ans, qu’on le voudrait ! Hors sujet, disais-je…).
Pour répondre aux questions posées dans votre premier paragraphe, je vous renvoie à mon ouvrage sur le temps long : Exception française. Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron (Odile Jacob, 2020).
Me Jean-Philippe Feldman
La societe est gangrenée par les idées de gauche. Une des racines du mal est l’emprise des idéologies gauchistes dans l’enseignement. On veut ce qu’a le riche car sinon « c’est pas juste ». On veut lui prendre plutot que de travailler et réussir. Mais il n’y a pas que les riches qui transmettent un patrimoine. Certaines personnes modestes ont travaillé toute leur vie et ont aussi le droit de transmettre leur patrimoine, même modeste. Il faut arrêter l’assistanat à tout prix. Tout le monde veut des droits et pas de devoirs.
Entièrement d’accord avec vous, le 1er et principal problème est l’éducation nationale. Et donc les politiques car c’est à eux de modifier le mode de recrutement, d’évolution et les programmes.
Pour justifier l’impôt sur les successions, quelques gauchistes ressortent des discussions sur cet impôt qui ont eu lieu au XIXe siècle, comme si le fait d’en avoir parlé, il y a 150 ou 200 ans pourrait le justifier maintenant. Bien entendu ils oublient de mentionner qu’à l’époque, l’impôt sur le revenu n’existait pas. L’impôt sur les successions fait mettre la clé sous la porte un certain nombre d’entreprises au moment où il faut le payer.
L’impôt redistributif n’est finalement qu’une manière déguisée d’acheter les élections. Il permet aussi d’augmenter le nombre de fonctionnaires qui sont un électorat captif.
Finalement, si on regarde d’un peu près l’impôt est antidémocratique. Si l’État n’est pas capable de gagner correctement sa vie grâce aux activités qu’il a nationalisé il lui faudra lever l’impôt pour faire face a ses dépenses régaliennes, mais rien de plus bien entendu.
Bernard Arnault est un cas particulièrement significatif. Spécialiste du luxe son chiffre d’affaire est réalisé à l’étranger, ce qui veut dire que ses exportations ramènent d’énormes sommes d’argent en France. Pourtant il est accusé et vilipendé par toute la gauche, bien qu’il soit le plus gros contribuable. Les envieux prétendent qu’il ne paye pas d’impôt, comme si l’état français mafieux laissait quelqu’un y échapper !
Eh oui, dans un état où tout ce qui n’est légalement autorisé est interdit, une loi sur le droit à mourir est indispensable; l’ultime liberté en quelque sorte.
Au grand dam de ceux qui voient dans cet acte volontaire la disparition d’une potentielle ressource, et ils sont nombreux. Que l’on ne me fasse pas croire que c’est par idéologie chrétienne que ces opposants laïcards revendiqués s’expriment.
Je trouve que c’est un peu facile, les français, tous les français !!!! Ceci est la France de gauche, pas celle de droite. Une partie importante des français s’est rendu compte que c’est le fonctionnement économique collectiviste qui a fait tomber nos créateurs. Les pouvoirs depuis la fin de Giscard d’ Estaing ressemblent à un pouvoir socialo-communiste. Avec une fonction publique haute qui a beaucoup trop de pouvoir et peut même agir continuellement sur les entreprises, ça ne peut fonctionner.
La France pratique une fiscalité parfois aussi jalouse qu’imbécile. Connaissez-vous un impôt plus bête et plus injuste que l’IFI sur la résidence principale? Plus une famille est grande, plus elle a besoin de place. Donc, plus vous avez d’enfants, plus vous payez d’IFI. Dans certaines villes comme Paris, en tous cas. Il y a beaucoup moins de déclarations d’IFI en province.
Cet impôt est à payer quels que soient vos revenus. Il n’y a pas de quotient familial comme pour l’IR. Que vous soyez célibataire ou que vous ayez un douzaine d’enfants à loger, c’est le même barême, avec éventuellement le même abattement de 30% sur la valeur de votre Résidence principale.
Il est déclarable à partir de 1 300 000€, mais payable à partir de 800 000€!
Pourquoi ne pas le faire déclarer et payer, par tous, à partir de 1 300 000€? Ou le faire déclarer et payer, par tous, à partir de 800 000€ ? Cette inégalité est une invention de hollande…
L’IFI est souvent dû à cause de l’augmentation des coûts de l’immobilier. Or cette plus-value n’est pas imposable en cas de revente de la Résidence principale. L’IFI est un prélèvement annuel sur une plus-value non-imposable.
L’IFI ne tient pas compte de l’utilisation professionnelle de certains espaces de la RP (bureau pour les professeurs, salle de musique pour les musiciens etc). En principe, ces locaux professionnels ne sont pas imposables.
Dans la déclaration d’IFI, on ne peut pas tenir compte des travaux d’entretien ou des réparations nécessaires et envisagées par l’AG des copropriétaires. Tout cela serait pourtant pris en compte pour la fixation d’un prix en cas de revente. Chez nous, c’est plus de 100 000€ de travaux nécessaires et prévus, pour chaque copropriétaire, réalisés en ce moment.
Motivé par la haine des propriétaires, et maintenu par des lâches, l’IFI est vraiment un impôt imbécile et injuste inventé pour plaire à des jaloux.
Dans le pays de mes ancêtres il y a un très beau proverbe :” We never envy the mediocre”; les français devraient y réfléchir . Les médiocres qui nous gouvernent aussi , peut être alors que les vrais Bons , créateurs , hommes d’affaires , sportifs et tous les autres ne partiront plus aux Etats-Unis , quand ce n’est pas la Suisse.
il y a deux façons de vouloir utiliser son argent, tout aussi noble l’une que l’autre: le dépenser pour profiter de la vie, le capitaliser pour laisser un héritage à ses proches. Le choix de l’une ou l’autre dépend de son tempérament, de ses affinités, pour quoi vouloir mette une double imposition à ceux qui choisissent de laisser quelque chose après leur mort? Sont ils plus méprisables que celui qui aura profiter de son argent toute sa vie, quitte à dépendre des subsides de l’Etat en cas de coup dur ou au moment de la vieillesse? Choisir de taxer les héritages, c’est de la jalousie morbide. on devrait pousser les gens à s’enrichir, ce serait très bien pour l pays de voir des entrepreneurs développer des richesses, mais pour avoir des personnes qui ont envie de le faire, encore faut il qu’ils aient l’assurance que l’Etat ne leur piquera pas ce qu’ils auront réussi à épargner durant leur vie pour transmettre à leur proches. Quel intérêt de se priver durant sa vie, si c’est pour se faire spolier au moment de la mort. Il faut encourager les créateurs d’emplois et de richesse, en leur garantissant, que si après les nombreux impôts dont ils s’acquitteront toute leurs vie, ce qu’il reste, ne sera pas perdu mais profitera à la personne de leur choix
Ils ne SONT pas, ils sont DEVENUS …! Depuis les “trente glorieuses” et l’arrivée de la gauche au pouvoir : école marxisée, surabondance de fonctionnaires, syndicats subventionnés, presse aux ordres. Résultat : une ignorance généralisée des réalités !
Rien à ajouter tant votre constat est parfaitement juste et clair.