Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

anglais
Accueil » Présidentielle : quel avenir pour les candidats malheureux ?

Présidentielle : quel avenir pour les candidats malheureux ?

par
264 vues
Au soir du dimanche 10 avril, dix candidats ont été renvoyés à l’anonymat de ceux qui ne sont pas président. La plupart d’entre eux sont habitués, et retourneront simplement à leur activité de député ou de syndicaliste. Pour d’autres, le retour à la réalité pourrait être plus dur.

Jean Lassalle, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou & co n’ont vu comme, de coutume, de la présidentielle que le premier tour. Lundi 11 avril, ils sont redevenus les personnalités politiques éphémères qu’ils ont l’habitude d’être. En revanche, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse et Eric Zemmour en sont à leur première candidature dans cette élection si particulière.

L’échec à la présidentielle comme désaveu d’une politique locale ?

Anne Hidalgo est sans doute la candidate qui a le plus de souci à se faire pour son avenir. Maire de Paris, elle a tenté de faire valoir son bilan dans la capitale comme un exemple alléchant de ce qu’elle pourrait faire comme présidente de la France. Un choix étrange alors que la plupart des Français savent que Paris est sale, dangereux, dépensier et à la merci des toxicomanes. Anne Hidalgo a rassemblé moins 2% des voix, y compris à Paris même, score terriblement bas qui pourrait sonner la fin d’un parti qui aurait peut-être dû mettre la clé sous la porte dès 2017. Après un échec si attendu qu’il n’en sera même pas retentissant, le retour d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris pourrait être délicat. Sa politique, si massivement rejetée par un pays, ne pourra que difficilement s’appliquer à une capitale, qui semble également le rejeter.

Avec 4,8% des voix, Valérie Pécresse a obtenu un score insignifiant pour un parti aussi important que Les Républicains, et sa campagne ne pourra même pas être remboursée par l’Etat. Elle devra en tirer des leçons et identifier ce qui n’a pas plu dans sa candidature, pour ajuster son rôle de présidente de la région Île-de-France. Il est possible que la forme, tant dans sa posture que dans son élocution, n’ait pas convaincu. C’est sans doute sans importance à la Région, mais il faut du charisme à la présidentielle. Sans doute appliquée, mais pas enthousiasmante, elle n’a pas su être adoptée par les Français à cause d’un programme trop moyen, attrape tout, pas franchement libéral, modéré au point de présenter de la médiocrité.

Quant à Eric Zemmour, son score de seulement 7,1% peut être lu de différentes façons, qui ne sont pas forcément exclusives. Il peut s’agir d’un bon score pour un parti aussi neuf, mais il peut aussi amener à reconsidérer l’importance que les Français accordent réellement à ses thèmes de prédilection. Son parti devra tenir compte de ces résultats s’il veut conquérir une bonne place dans les législatives et, à plus long terme, dans la vie politique française.

Quelle légitimité politique pour les perdants ?

Au-delà de la compassion pour les perdants d’une élection importante, on doit se demander pourquoi une personne politique qui délaisse sa fonction de député ou d’élu local pendant plusieurs semaines, et plutôt plusieurs mois, peut revenir ensuite si elle échoue à cette élection. Les Parisiens qui ont élu Anne Hidalgo n’auraient-ils pas dû lui demander de céder définitivement sa place si elle souhaitait s’engager dans une nouvelle campagne ? Le système de castes qui permet à nos politiques d’exercer en permanence un mandat empêche de poser réellement cette question, mais c’est l’un de ses effets pervers. Non seulement des candidats qui ne parviennent pas à rassembler les Français peuvent occuper un bon espace dans le débat public alors qu’à l’évidence, leurs idées ne sont pas partagées, mais en plus ils peuvent le retrouver année après année, avec toujours les mêmes résultats médiocres. C’est d’autant plus discutable que les candidats réunissant plus de 5% des voix peuvent, aussi, prétendre à un remboursement partiel de leur campagne. C’est ainsi que les écologistes, virtuoses lorsqu’il s’agit de démontrer leur incapacité à gouverner, n’en inondent pas moins la France de leurs thèses – aux frais du contribuable. Une situation qui pourrait bien changer, attendu que le parti est contraint à une campagne de dons après son score de 4,6%. Encore ne compte-t-on pas les coûts des multiples émissions médiatiques du service public destinées à promouvoir les candidats, dont les idées sont si marginales qu’elles ne rassemblent même pas ces fameux 5%.

Pourtant, les Français ont, d’une certaine manière, besoin de ces élections pour débattre, faire un grand déballage, presque festif. Ainsi, à l’exception des Républicains et du Parti socialiste qui, suffisamment ancrés dans le paysage politique, présentent régulièrement un visage différent, d’autres partis dont le candidat était peu connu ont patiné. Fabien Roussel ou Yannick Jadot, qui en étaient tous les deux à leur première candidature, ne sont pas parvenus à obtenir ce fameux score à deux chiffres dans les sondages qui leur aurait permis d’entrevoir le second tour. La place était réservée à Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, tous deux à leur troisième candidature. Au milieu de cette valse d’habitués de la politique, Eric Zemmour tenait en quelque sorte le rôle d’Emmanuel Macron cinq ans plus tôt : un inconnu dans ce monde-là, ou du moins présenté comme tel, qui fonde un nouveau parti pour en siphonner un ancien. Emmanuel Macron a inhumé le Parti socialiste, Eric Zemmour s’occupait des Républicains, et là s’arrêtait peut-être la comparaison.

Après une campagne marquée par l’absence des deux candidats qui accèdent finalement au second tour, le paysage politique continue sa mutation. Il ne s’agit plus d’arbitrer entre deux grands partis plus ou moins modérés et d’autres moins importants et plus extrêmes. Les premières places sont désormais occupées par le président sortant, l’extrême-droite et l’extrême-gauche. Cette élection pourrait bien être le dernier signal d’une France de plus en plus morcelée qui ne sait plus s’unir.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

9 commentaires

Philippe Cailliau 12 avril 2022 - 6:10

Valérie Pecresse n’a pas besoin de dons pour régler les frais de campagne: elle peut faire appel à Alstom ou vendre les actions qu’elle détiendrait dans cette société .

Répondre
JR 12 avril 2022 - 8:37

Bonjour, il y a quand une justice électorale. Le triste score de Jadot et de son concept de la grande supercherie climatique, conduisant à une grande escroquerie en bande organisée, envahissant nos émissions est rassurant. Nous en concluons que les médias manque d’objectivité et donne trop la parole a une infime minorité activiste et subventionnée par des puissances étrangères. Quant à Pécresse et Hidalgo, soit la parité montre ses limites, soit ces partis sont en déclins , soit les deux, dans les deux cas, on ne regrette pas la disparition de ces deux prédicatrices climatiques. Imaginez qu’un femme de droite, osait annoncer qu’elle voulait régler le climat…rien que ça ! Concernant la droite, le cordon sanitaire imposé par une pseudo pensance avec le RN et Reconquête démontre que ce parti n’a plus de place car plus de consistence. Voter LR c’était bien souvent voter pour une pochette surprise en terme de politique. Un vrai parti Gaulliste, réunissant le RN, Reconquête, les LR et certain LREM doit voir le jour. Avec pour mot d’ordre « arrêter d’emmerder les Français ». Merci. Bien à vous

Répondre
Andy Vaujambon 12 avril 2022 - 1:28

Il est évident que la capacité de lobbying des écolos dans les médias et les établissements scolaires, est sans commune mesure avec le nombre de ceux qui pensent que le « sauvetage de la planète » est notre plus ardente obligation…

Répondre
Didier MOREL 12 avril 2022 - 9:10

Quand on est nulle on assume et on ne fait pas la quête comme une miséreuse.

Répondre
JR 12 avril 2022 - 8:38

Bonjour Didier, mais comment les LR ont-ils pu tomber dans un traquenard pareil. Fondamentalement, je suis contre le système de primaire, voila ce qui cela donne. Cela étant dit, le véritable problème des LR (j’en étais) est le manque de programme lisible, mais tous les meetings habituels tournaient autour de « faites-nous confiance ». Combien de fois j’ai été en désaccord avec cette auto congratulation. Quand je leur ai annoncé leur mort il y a deux ans, il ont rit… Merci. Bien à vous

Répondre
JR 12 avril 2022 - 8:50

Bonjour, certes, mais avec un bon candidat et un vrai programme, les LR n’auraient malgré tout pas fait plus de 10 % . La confiance est perdue depuis un moment (Sarkozy qui contourne les urnes…), et quoi de plus important que la confiance en politique, comme en affaire! Personnellement, c’est terminé, après avoir voté pendant 40 ans pour les LR, le constat est sans appel, ce sont des menteurs à la solde de Klaus Schwab, dont beaucoup ont été sacrés Young Global Leader, dont Pécresse et Macron d’ailleurs. Philippe De Villiers, sollicité, lui, a décliné ce simulacre de couronnement, De Gaulle en aurait fait de même. J’en viens à la conclusion que les LR, sont des pseudos-gaullistes, mais sont de vrais peigne-culs. D’ailleurs ils vont vraisemblablement se diviser en deux parties. Les petits Macronistes à 80 km/h d’un côté et les Gaullistes libres de l’autre. Merci. Bien à vous

Répondre
Obeguyx 12 avril 2022 - 9:42

Pécresse, Hidalgo et leurs partis se sont gavés du « pognon » des Français pendant 50 ans. Aujourd’hui ils pleurent. Juste retour des choses. Ils peuvent néanmoins demander à leurs anciens « Présidents » de mettre la main à la poche puisqu’ils touchent des fonds d’Etat que le peuple de France n’a jamais votés. Madame Hidalgo peut aussi demander des fonds à la fille de son ancien « mentor » qui vit sous les « ors » de la « République » aux frais du contribuable. Et ne comptez pas sur Macron pour instruire tous ces scandales (sans parler du mobilier et des oeuvres d’arts qui disparaissent chaque année).

Répondre
JR 12 avril 2022 - 2:14

Bonjour, son mari (PDG de GE Renewable ), vendra un peu plus d’éolienne subventionnées par les citoyens-contribuables Français, pour produire encore moins d’électricité, quatre fois plus chère que le nucléaire. Cela pour renflouer les dépenses de Madame. Nul doute que Macron en achètera beaucoup pour renvoyer l’ascenseur. Merci. Bien à vous

Répondre
en fait 12 avril 2022 - 2:32

OUI, il y a aussi, le temps qui fait pas à pas son oeuvre, les citoyens finissent toujours par comprendre.
La trahison de Chirac en 1981 se traduit par la disparition des deux  » ripoux  » ?
C’est une loi éternelle. Mais, la France trinque, la situation est Dantesque, . .. …., encore, merci qui !.

Répondre