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Mettre en pratique les principes du libéralisme économique : Gustave de Molinari

Article extrait du Journal des libertés n°17 (été 2022)

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L’œuvre de Gustave de Molinari est fondamentalement individualiste et anti-étatiste. Véritable champion du libéralisme, il est l’un des leaders de l’École libérale française du XIXème siècle. Bien que largement reconnu par ses contemporains, Molinari sombre rapidement, et de manière surprenante, dans une forme d’oubli historiographique (exception faite des cercles de spécialistes de la doctrine libérale). Son œuvre est, pour l’essentiel, réduite à deux contributions : « De la production de la sécurité », article qu’il publie en 1849 dans le Journal des Économistes et Les Soirées de la Rue Saint-Lazare, son premier ouvrage important paraissant aux éditions Guillaumin la même année. Ces deux essais sont, certes, majeurs, mais offrent une vision restrictive du travail de Molinari en le réduisant à ses propositions les plus radicales de privatisation des fonctions régaliennes de l’État[1]. Force est, ainsi, de constater que l’œuvre foisonnante de Molinari[2] est limitée à une connaissance de sa conception absolue de la libre concurrence. Pourtant, loin d’être un simple théoricien d’une doctrine que l’on pourrait amplement qualifier de radicale, Molinari en est également un promoteur ardent, travaillant activement à sa mise en œuvre. Nous voudrions ici dépasser le simple cadre théorique pour présenter Molinari comme un intellectuel fermement engagé dans la réalisation concrète des principes du libéralisme, comme une force de proposition active visant à une mise en œuvre matérielle de ce dernier.

Il convient de donner quelques repères biographiques afin de montrer la richesse du parcours de Molinari. Né en 1819 dans la province de Liège, Molinari vit une enfance privilégiée dans une famille de la haute bourgeoisie liégeoise. Attiré par l’effervescence intellectuelle de la capitale française, il se rend à Paris au tournant des années 1840 et entame une carrière de journaliste. D’abord rédacteur au Courrier français, organe du parti libéral sous la Monarchie de Juillet, il rejoint rapidement le Journal des Économistes et le cercle de spécialistes constitué par la « Société d’économie politique ». La rencontre avec Frédéric Bastiat, en 1846, constitue une véritable rupture. À ses côtés, il s’engage dans la lutte en faveur du libre-échange dans les rangs de l’ « Association française pour la liberté des échanges », combat le socialisme pendant la Révolution de 1848 et défend un programme résolument libéral[3]. Opposé au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, Molinari regagne la Belgique dès la fin de l’année 1851. Son engagement ne faiblit pas pour autant. Depuis Bruxelles, il participe à la construction d’un réseau d’économistes à travers la constitution d’associations et de sociétés savantes. La revue qu’il fonde et dirige, L’Économiste belge, devient la principale tribune des économistes libéraux en Belgique. Il rentre en France en 1867 à la faveur du tournant libéral du Second Empire et fait son entrée au Journal des Débats. Depuis Paris, il assiste au plus près à la chute du régime impérial, vit le siège de la capitale par les armées prussiennes et les événements de la Commune. Ferme soutien d’Adolphe Thiers, il prend, aux côtés de Léon Say, la direction du prestigieux Journal des Débats en 1871 dont il fait un pilier du républicanisme modéré. Véritable globe-trotter, Molinari entreprend une série de voyage qui le conduit en Russie, aux Etats-Unis, au Canada, dans les Antilles. S’y révélant un homme d’affaires avisé, Molinari soutient activement les initiatives visant à appuyer l’accroissement des échanges commerciaux internationaux. En 1881, il devient rédacteur en chef du Journal des Économistes, poste qu’il occupera jusqu’en 1909, confirmant ainsi son statut de leader de l’École libérale française.

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1 commenter

Obeguyx 18 août 2022 - 9:10

Merci Alexia, encore un bel extrait du Journal des Libertés. Molinari a pu, fin du XIX° siècle, avoir une influence sur le monde politique. Aujourd’hui un « Molinari » n’a aucune chance de se voir écouté, il serait plutôt écarté. On change 2 lettres d’un mot et on change de monde (en rajoutant 3 lettres au « mot » et en supprimant le « t »). Par ailleurs il est surprenant que Molinari ne soit pas plus cité aujourd’hui dans les médias pour les avancées qu’il a réussies à mettre en oeuvre. Décidément le libéralisme (le vrai) est systématiquement mis à l’écart.

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